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France : les divergences sur le conflit israélo-palestinien font imploser l’alliance de gauche

Le ministre de l’Intérieur a saisi la justice pour « apologie du terrorisme » à l’encontre d’une députée de La France insoumise (gauche radicale) qui a qualifié le Hamas de « mouvement de résistance »
Pour Danièle Obono, « le Hamas se définit comme groupe politique islamiste, qui a une branche armée et s’inscrit dans les formations politiques palestiniennes pour la libération de la Palestine et résiste à une occupation » (AFP/Stéphane de Sakutin)
Pour Danièle Obono, « le Hamas se définit comme un groupe politique islamiste, qui a une branche armée et s’inscrit dans les formations politiques palestiniennes pour la libération de la Palestine et résiste à une occupation » (AFP/Stéphane de Sakutin)
Par MEE

Ce ne sont pas les divergence autour de la réforme des retraites ni de la guerre en Ukraine qui auront fait imploser l’alliance de gauche, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), mais le conflit israélo-palestinien.

Dans la nuit de mardi à mercredi, le conseil national du Parti socialiste français (PS), réuni pendant six heures, a voté à 54,15 % des voix la suspension de sa participation à la NUPES en raison de divergences avec La France insoumise (LFI, gauche radicale).

Cette décision fait suite au refus de Jean-Luc Mélenchon, chef de file de LFI et ancien candidat à la présidentielle, et de son cercle rapproché de qualifier le Hamas de « terroriste », après l’attaque du 7 octobre contre Israël.

Dans un communiqué, le PS dénonce « la conflictualisation permanente » du leader de La France insoumise « qui interdit tout élargissement ». « Le cadre actuel du rassemblement de la gauche a montré ses limites en matière de fonctionnement démocratique et de méthode de travail collectif », est-il précisé.

« Résistance à une occupation »

Les propos de la députée insoumise Danièle Obono face à Jean-Jacques Bourdin, à l’antenne de Sud Radio, qui a qualifié le Hamas de « mouvement de résistance », puisqu’il « résiste à une occupation » pour « la libération de la Palestine », ont provoqué une ultime crise à la NUPES.

La France considère, au même titre que l’Union européenne, que le Hamas est un « mouvement terroriste ». Mais chez les universitaires, la question fait débat. 

« Le Hamas n’est pas une organisation comme Daech ou al-Qaïda [deux organisations que l’ONU qualifie de ‘’terroristes’’]. Un peu sur le modèle du Hezbollah libanais, c’est une organisation qui a une structure politique avec des maires, des élus, qui a gagné les législatives en 2005, et a également une structure militaire, comme les laïcs du Fatah ou les marxistes du FPLP [Front populaire de libération de la Palestine], censée pouvoir intervenir à tout moment contre l’armée israélienne », explique par exemple Thomas Vescovi, chercheur indépendant en histoire contemporaine, auteur de L’Échec d’une utopie, une histoire des gauches en Israël.

« Depuis le 7 octobre, les voix de La France insoumise manquent à la condamnation unanime de la barbarie terroriste, elle manque à l’unité nationale. Vous avez tenté de justifier vos ambiguïtés mais ce matin, la réalité est apparue au grand jour, la justice est saisie, elle tranchera », a répondu la Première ministre Élisabeth Borne à l’Assemblée nationale. « Pour vous, ce ne sont pas des actes terroristes. Pour moi, vous vous excluez du champ républicain. »

La France insoumise condamne officiellement « de manière totale les crimes commis lors de l’attaque opérée par le Hamas sur le territoire israélien et tous les actes de terreur, crimes de guerre, susceptibles d’être requalifiés en crimes contre l’humanité par la justice internationale, commis dans le cadre de ce conflit, quelqu’en soient les auteurs », a assuré la formation.

« Polémiques intérieures »

Certains membres de LFI se sont d’ailleurs désolidarisés de Danièle Obono. « Pour moi, le Hamas n’est pas un mouvement de résistance, je l’ai déjà dit, le Hamas est le produit de décennies de guerre et le produit conscient, volontaire, d’une certaine politique d’extrême droite israélienne », a argumenté Arnaud Le Gall, député LFI du Val d’Oise.

Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé mardi saisir le procureur de la République « pour apologie du terrorisme » à l’encontre de Danièle Obono.

Lors d’un discours adressé à la communauté juive, il a souligné que le conflit avait permis de révéler « quel était le projet politique d’un certains nombre de responsables qui parlent à des millions de personnes et dont la voix porte », en visant LFI.

Jean-Luc Mélenchon, qui n’a pas officiellement défendu Danièle Obono, a tweeté : « Honte d’un gouvernement français qui invente des polémiques intérieures au lieu d’aller au secours des victimes des crimes de guerre à Gaza », en appelant Emmanuel Macron à « arrêter le soutien inconditionnel au gouvernement israélien ».

Danièle Obono s’est défendue en confirmant ses propos et en dénonçant des manipulations.

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