Pourquoi certains pensent que le projet de loi américain destiné à interdire TikTok est lié aux contenus pro-palestiniens
Après l’adoption par le Congrès américain, à une écrasante majorité, d’un projet de loi visant à interdire l’application TikTok, les utilisateurs des réseaux sociaux se sont indignés en ligne et ont lié cette décision à des groupes pro-israéliens qui tenteraient de freiner l’essor des contenus pro-palestiniens sur la plateforme.
Le projet de loi, adopté à la Chambre des représentants par 352 voix contre 65, exige que TikTok soit vendu à une entreprise américaine sous peine d’interdiction aux États-Unis.
Pour devenir une loi, il doit encore être adopté par le Sénat, ce que l’administration Biden souhaite voir se produire rapidement.
Le projet de loi est l’aboutissement d’un effort d’un an largement attribué à des législateurs ayant des vues bellicistes sur la Chine. TikTok a été créé par ByteDance, une société fondée par des entrepreneurs chinois. Bien que l’application appartienne à TikTok LLC, une société dont le siège est aux États-Unis, la propriété de TikTok relève de ByteDance.
Alors que l’opposition américaine à la Chine a contribué au lancement du projet de loi, des journalistes, experts des droits humains et utilisateurs des réseaux sociaux ont souligné plusieurs déclarations qui, depuis octobre, montrent selon eux que le contenu pro-palestinien sur la plateforme est en partie à l’origine de la résurgence de la législation.
« La poussée hystérique et dérangée visant à interdire TikTok est motivée par le complexe de propagande sioniste », a déclaré un internaute sur X.
L’un des cas cités par ces derniers est la fuite d’un enregistrement de propos attribués à Jonathan Greenblatt, chef de la Ligue anti-diffamation (qui dit lutter contre l’antisémitisme), dans lequel il déclare : « Nous avons vraiment un problème avec TikTok. »
Un autre argument cité par les internautes est que l’un des principaux donateurs de Mike Gallagher, le membre du Congrès républicain qui a présenté le projet de loi, est le lobby pro-israélien AIPAC (American Israel Public Affairs Committee).
Le Wall Street Journal a également rapporté la semaine dernière « un nouvel élan [en faveur du projet de loi] en partie à cause de la colère suscitée par les vidéos TikTok sur le conflit Israël-Hamas ».
Dans un autre article, le Wall Street Journal cite le député démocrate Raja Krishnamoorthi affirmant que c’est la guerre à Gaza qui l’a amené à soutenir l’interdiction de la plateforme. « Le 7 octobre a vraiment ouvert les yeux des gens sur ce qui se passe sur TikTok », a déclaré Krishnamoorthi.
Le sénateur républicain Josh Hawley a pour sa part envoyé une lettre à l’administration Biden en novembre appelant à l’interdiction de TikTok. Il y cite spécifiquement « l’omniprésence du contenu anti-israélien sur TikTok » comme l’une des principales raisons pour lesquelles il a plaidé en faveur de l’interdiction.
« Tous les articles sérieux sur la manière dont ce projet de loi interdisant TikTok a soudainement pris de l’ampleur – comme par enchantement – mettent l’accent sur le 7 octobre, lorsque [les législateurs] bipartisans ont été furieux qu’un si grand nombre d’Américains soient autorisés à critiquer Israël », a déclaré Glenn Greenwald, journaliste américain de premier plan et co-fondateur du site d’investigation The Intercept.
D’autres ont souligné l’idée que l’objectif des groupes pro-israéliens n’était pas l’interdiction du géant des réseaux sociaux mais son achat par une entité pro-israélienne.
La semaine dernière, l’ancien secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a annoncé qu’il était en train de constituer un groupe d’investisseurs pour tenter d’acheter TikTok.
« Ils n’essaient pas d’interdire #TikTok. Ils essaient d’utiliser le pouvoir du gouvernement pour forcer TikTok à être repris par des propriétaires pro-israéliens afin de faire taire les critiques du #génocide et de l’#apartheid », a déclaré Craig Mokhiber, ancien directeur du Bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme à New York.
Traduit de l’anglais (original).
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