Les États-Unis qualifient les crimes de l'EI de « génocide »
Les États-Unis ont déclaré jeudi que le groupe État islamique (EI) perpétrait un génocide contre les minorités chrétienne, yazidie et chiite sur son territoire en Irak et en Syrie.
« Daech est génocidaire par autoproclamation, par son idéologie et par ses actions, par ce qu'il dit, ce qu'il croit et ce qu'il fait », a déclaré le secrétaire d'État américain John Kerry, utilisant le terme préconisé par le gouvernement pour désigner le groupe.
« Daech est également coupable de crimes contre l'humanité à l'encontre de ces mêmes groupes », a indiqué John Kerry à Washington.
« Il est important de mettre des mots sur ces crimes, mais ce qui est essentiel, c'est d'y mettre un terme », a-t-il ajouté.
Cette déclaration du diplomate chevronné de Washington intervient après que le Congrès a décidé à l'unanimité lundi de qualifier de génocide les meurtres perpétrés par le groupe contre des minorités religieuses, une décision dont les répercussions juridiques sont internationales.
John Kerry a souligné le fait qu'il n'était « ni juge, ni procureur ou juré quant à ces allégations » et que toutes les accusations criminelles devaient être fondées sur une enquête internationale indépendante. Toutefois, il a précisé que les États-Unis prendraient part à une éventuelle enquête en documentant les violations et en rassemblant des preuves.
Le Congrès a également demandé qu'un tribunal spécial soit mis en place sous l'autorité des Nations unies afin d'enquêter sur les crimes de guerre perpétrés en Syrie.
La Maison-Blanche a par ailleurs indiqué qu'elle était disposée à soutenir une enquête de la Cour pénale internationale sur le génocide présumé mené par l'EI en Syrie et en Irak.
« Les États-Unis coopéreront avec les démarches indépendantes d'investigation sur le génocide », a précisé le porte-parole Josh Earnest, ajoutant que l'administration était prête à soutenir la CPI dans la collecte de preuves.
Avec la déclaration de John Kerry, c'est seulement la deuxième fois que les États-Unis qualifient un conflit en cours de génocidaire. La première fois concernait les atrocités perpétrées dans la région du Darfour au Soudan.
Cette décision avait été prise par Colin Powell, alors secrétaire d'État, seulement après que les avocats du département d'État lui avaient assuré que cette qualification ne contraindrait pas légalement les États-Unis à agir pour mettre un terme aux violations des droits de l'homme.
De la même manière, l'annonce faite jeudi aura probablement un impact limité sur la campagne militaire menée par les États-Unis contre le groupe.
Les États-Unis dirigent actuellement une coalition composée d'alliés occidentaux et arabes visant à frapper des cibles de l'EI par voie aérienne et à soutenir le gouvernement irakien et les milices kurdes et syriennes contre le groupe.
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].