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EN IMAGES : Vivre et survivre dans les camps sahraouis

Des stades de foot improvisés, des carcasses de voitures et des conteneurs vides d’aide alimentaire : dans les zones dites « libérées » du Sahara occidental, le désert est tout sauf monotone
Il n’y a pas de lignes au sol parce que c’est de la terre battue. Les ballons et les maillots sont fournis par les ONG. Mais cela suffit à organiser des tournois de foot entre les camps, la seule distraction pour les enfants. Chaque camp est organisé sur le modèle de la wilaya (préfecture) algérienne, découpée en daïras (sous-préfectures). Ce jour-là, le match oppose des enfants de deux daïras différentes du camp de Boujdour où, selon le HCR, vit 10 % de la population sahraouie (MEE)
Par MEE

Alors que le Conseil de sécurité débat du nouveau mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), le Sahara occidental reste le seul territoire du continent africain dont le statut post-colonial n'a pas été réglé. Le Maroc en contrôle 80 %, le Front Polisario 20 %.

Soutenu par l'Algérie, le Front Polisario réclame un référendum d'autodétermination pouvant conduire à l'indépendance mais le Maroc rejette toute autre solution que l'autonomie sous sa souveraineté.

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 173 600 réfugiés sahraouis ont été recensés dans les camps d’Aousserd, Boujdour, Dakhla, Laâyoune, Smara et Tindouf au 31 décembre 2017. Middle East Eye s’est rendu sur place et raconte en images à quoi ressemble le quotidien dans ce vaste territoire désertique de 266 000 kilomètres carrés. 

Adala est venue rendre visite à ses filles mais elle vit dans le Sahara occidental, côté marocain – les Sahraouis disent « territoires occupés » à la différence des « zones libérées » de l’autre côté du mur. Passer d'un côté à l'autre prend en général deux jours : il faut prendre un avion Casablanca-Alger et descendre dans le Sahara. Mais pour de nombreux Saharouis, cette option est trop chère. Adala, par exemple, passe par la Mauritanie. Elle dépense moins d’argent mais met cinq jours pour arriver.

Cet endroit ne ressemble pas à un hôpital mais pourtant c’en est un, celui de Rabouni. Dans les camps, la médecine est gratuite. On y trouve de très bons médecins, essentiellement formés par des Cubains – Cuba s’est engagée à former les élites sahraouies – mais les médicaments sont rares. Au milieu du parking, on voit un patient qui vient de sortir d’une consultation et le drapeau sahraoui. 

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Toute la journée et tous les jours, le cordonnier du camp de Boujdour est posté au même endroit et déploie des trésors d’imagination avec ses pots de colle et ses ficelles pour réparer de très vieilles chaussures. Il porte un manteau de l’Armée nationale populaire algérienne alors qu’il fait au moins 30 degrés – mais pour eux, il fait presque frais. Les murs des bâtisses ont été peints avec des couleurs vives pour rompre avec la monotonie du décor, le beige du sable et le bleu du ciel. 

Station essence dans le camp de Rabouni : les camps ne disposent pas de station-service, le carburant, qui vient d’Algérie, est distribué dans des bidons. Les Sahraouis l’achètent dans le pays voisin et le revendent un peu plus cher chez eux.  

Une jeune Sahraoui, assis devant l’association des familles et des disparus sahraouis. Comme de nombreux Sahraouis de son âge, il suit des études supérieures, dans son cas à Jijel (à l’est d’Alger), et revient régulièrement au Sahara occidental pour voir sa famille. 

Ces carcasses disposées comme une installation artistique ne sont pas là pour s’abriter de la chaleur mais pour indiquer… une enseigne de mécanicien. Nous sommes dans le camp de Laâyoune. Des carcasses de voitures, il y en a partout car les véhicules sont hors d’usage, ils restent là dans le désert. Comme les Sahraouis vivent dans les camps depuis 42 ans, évidemment ça commence à se voir. Il y a beaucoup de Mercedes ! Les Sahraouis disent que c’est les plus solides dans le désert.

Avec les carcasses de voiture, l’autre composante importante du décor, ce sont les montagnes de conteneurs, qui arrivent remplis d’aide humanitaire mais ne repartent pas. Alors les Sahraouis s’en servent pour délimiter les zones. Cette photo a été prise dans le camp de Rabouni. Dans un rapport rendu public en mars, le HCR a rappelé que la population sahraouie se trouve dans une situation de « grande vulnérabilité ». En mars toujours, le ministère des Affaires étrangères italien a dégagé une enveloppe d’un million d’euros au profit du Programme alimentaire mondiale de l’ONU (PAM) et du Fonds des Nations unies pour l’enfants (UNICEF) pour des actions d’urgence dans les secteurs de la nutrition, de la santé et de l’éducation.

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Une jeune Sahraouie s’est isolée pour passer un coup de fil. À ses pieds : le camp de Boujdour. Elle est obligée de monter sur cette butte pour capter le réseau car dans le camp, quand il y a une coupure d’électricité, comme il n’y a pas de relais, on ne peut plus téléphoner. Pour pallier ces problèmes d’électricité, le camp de Laâyoune dépend à 100 % de l’énergie solaire. Mais la nuit, tous les camps sont plongés dans l’obscurité totale, car l’éclairage public n’existe pas. On voit juste quelques lampes éclairer localement un commerce ou une habitation. Quant au gaz, il est distribué en bouteilles. 

Atmosphère tranquille d’une fin de journée. La lumière commence à tomber. Un vieux se dirige vers la mosquée du camp de Boujdour. La religion ne préoccupe pas beaucoup les Sahraouis, qui préfèrent parler de politique. Les femmes sortent couvertes, avec des gants mais ça n’a rien de religieux, c’est juste pour se protéger du soleil. Les Sahraouis vivent d’ailleurs beaucoup une fois la nuit tombée, quand les températures rafraîchissent. Ils se reçoivent les uns les autres et mangent tard, pas avant 22 h. 

Dans le camp de Laâyoune, des jeunes consacrent une partie de leur temps libre à construire des habitations pour ceux qui ne peuvent pas, pour des raisons physiques ou financières. C’est le cas de cetétudiant en vacances. Les gens habitent tous dans des maisons en briques, à l’exception des femmes qui, lorsqu’elles se marient, s’installent provisoirement dans une kheïma (grande tente des nomades).

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