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Moins de kabsa, plus de kale : des Saoudiens se convertissent à la cuisine saine

Si les fastfoods restent omniprésents dans la capitale Riyad, les restaurants se voulant diététiques suscitent de plus en plus d’appétit dans le royaume saoudien
De nouvelles enseignes de restauration proposent des plats plus diététiques dans un pays menacé par la hausse des cas d’obésité (AFP/Fayez Nureldine)
De nouvelles enseignes de restauration proposent des plats plus diététiques dans un pays menacé par la hausse des cas d’obésité (AFP/Fayez Nureldine)
Par AFP à RIYAD, Arabie saoudite

Comme de plus en plus de Saoudiens, Asim al-Shammari a renoncé aux copieux plats traditionnels pour déjeuner dans l’un des restaurants diététiques désormais en vogue en Arabie saoudite, où les autorités cherchent à promouvoir un mode de vie plus sain. 

Près d’un adulte sur cinq souffre d’obésité dans le royaume, selon une étude publiée l’année dernière par la Banque mondiale, qui qualifie la situation d’« alarmante ». 

Le riche pays pétrolier figure à la 17e place dans le classement de l’Observatoire mondial de l’obésité, trois places en dessous des États-Unis et de ses voisins du Golfe, le Qatar et le Koweït

Un membre du personnel d’un restaurant prépare un repas diététique pour un client à Riyad, le 12 février 2023 (AFP/Fayez Nureldine)
Un membre du personnel d’un restaurant prépare un repas diététique pour un client à Riyad, le 12 février 2023 (AFP/Fayez Nureldine)

Les autorités se sont engagées à réduire la prévalence de l’obésité et du diabète parmi la population d’ici la fin de la décennie, imposant le comptage des calories dans les menus des restaurants en 2019, avant d’interdire cette année les boissons gazeuses dans les cantines scolaires.  

Aux côtés des nombreuses enseignes de restauration rapide, allant du McDonald’s au AlBaik local, de nouvelles venues offrent désormais des alternatives équilibrées aux jeunes actifs comme Asim al-Shammari.  

« Une alimentation saine »

Au travail, « j’avais l’habitude de manger des hamburgers, du shawarma ou de la kabsa », un plat traditionnel de riz et de viande souvent partagé entre collègues, raconte cet analyste financier de 28 ans, en dégustant une assiette de poulet grillé, accompagné de carottes et d’un peu de riz. 

« Cela alimente l’obésité, surtout avec le travail de bureau de huit heures et le manque d’activité », ajoute-t-il. 

« Les Saoudiens ont changé de mode de vie […] Ils fréquentent maintenant des clubs de sport et mangent des aliments sains »

- Basil Chehayeb, patron d’un restaurent

Les centres commerciaux, avec leurs nombreux restaurants, ont longtemps été la principale source de divertissement dans le royaume conservateur, où la chaleur limite les activités extérieures durant une grande partie de l’année. 

Si les fastfoods restent omniprésents dans la capitale Riyad, les restaurants se voulant diététiques suscitent de plus en plus d’appétit.  

Grâce à la multiplication de ces enseignes, Saad al-Hader, un médecin de 25 ans, confie ainsi trouver plus de « facilité à s’en tenir à une alimentation saine ». 

Filet de saumon, salade de chou kale, pommes de terres grillées... certains restaurants proposent même la livraison d’un repas par jour pendant un mois, pour un abonnement de 450 riyals par mois (113 euros). 

Signe du succès de cette formule, le propriétaire de l’une des enseignes à Riyad, le Libanais Basil Chehayeb, affirme avoir ouvert deux nouvelles branches ces dix-huit derniers mois, livrant des repas à près de 500 abonnés tous les jours. 

Un message pour les jeunes 

« Les Saoudiens ont changé de mode de vie », souligne-t-il. « Ils fréquentent maintenant des clubs de sport et mangent des aliments sains ». 

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Pour encourager la pratique du sport, la Fédération saoudienne des sports pour tous organise régulièrement des événements, comme le marathon de Riyad, qui a attiré cette année des milliers de coureurs. 

Les autorités ont également commencé à travailler sur un « boulevard des sports » de 135 kilomètres dans la capitale, avec des voies pour piétons, cyclistes et cavaliers. 

Le message semble passer surtout auprès des plus jeunes. 

« L’obésité est un problème de santé sérieux », souligne Lamia al-Brahim, consultante en santé publique. Mais « il est clair que le degré de sensibilisation aux questions de santé augmente parmi la jeune génération », remarque-t-elle. 

« Les changements de comportement sociétal nécessitent beaucoup de temps, et ces efforts doivent être menées d’abord au sein du foyer, puis par l’école, et enfin par les agences gouvernementales. »  

Par Haitham El-Tabei.

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