François Fillon, le candidat de la droite française qui fait frémir les musulmans
La droite française a choisi son candidat pour l’élection présidentielle qui se tiendra en avril : les premiers résultats des primaires ont donné François Fillon gagnant à plus de 60% des voix contre un peu plus de 30% pour son rival Alain Juppé.
Le scrutin, inédit à droite, est marqué par un nouveau record de participation, qui serait légèrement supérieure à la mobilisation sans précédent du premier tour, dimanche dernier (près de 4,3 millions de votants) : elle se situerait entre 4,2 et 4,6 millions, selon un sondage Elabe pour la chaîne BFM TV.
La France qui a voté ce dimanche a aussi choisi un projet de société radical sur les questions de l’immigration et de l’islam, deux sujets sur lesquels François Fillon s’est clairement positionné.
Dans son ouvrage « Vaincre le totalitarisme islamique », publié en octobre dernier, le candidat à la présidentielle avait écrit sans complexe : « Non, il n'y a pas un problème religieux en France. Oui, il y a un problème lié à l'islam ».
Quelques mois plus tôt, en août, il avait également défendu l’idée que la France n’était pas « coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord » en évoquant la colonisation.
« Il y a désormais en France un catholicisme politique, activiste et agressif, qui fait pendant à l’islam politique. Le révérend père Fillon s’en fait le prêcheur mélancolique. D’ici à ce qu’il devienne une sorte de Tariq Ramadan des sacristies, il n’y a qu’un pas », le décrivait Laurent Joffrin dans le quotidien Libération après le premier tour des primaires.
Quelles sont les grandes lignes de son projet politique sur l’immigration ?
« Notre pays doit reprendre le contrôle de l’immigration », explique-t-il dans son programme. Pour cela, il prévoit d’inscrire dans la Constitution le principe selon lequel « l’immigration dépend de la capacité d’accueil et d’intégration de la France ».
Autre projet : l’instauration de quotas définissant entre autres « les régions du monde vers lesquelles nous voulons nous tourner ».
Il prévoit surtout – c’est encore aujourd’hui un tabou – d’autoriser les statistiques selon les origines des personnes.
Pour que « l’immigration ne soit plus une charge », François Fillon prévoit de ne limiter les aides qu'aux étrangers en situation régulière depuis au moins deux ans, et de supprimer l’Aide médicale de l'État (AME, dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d'un accès aux soins) et la remplacer par une « dispense de frais de santé limitée aux urgences et aux maladies graves ».
Il a aussi exprimé son souhait de renforcer le contrôle des frontières Shengen grâce à un corps de garde-frontières et en suspendant la participation à l’accord des États qui « n’assument pas leurs obligations ».
L'ancien Premier ministre souhaite ainsi une nouvelle structure plus efficace que le Conseil français du culte musulman (CFCM) mis en place par Nicolas Sarkozy, « une instance de concertation entre l'État et l'Islam en France », dirigé par des théologiens, des hommes et des femmes qui puissent servir d’intermédiaires.
Selon le sondage Elabe pour BFM TV, 64% des personnes qui on voté dimanche viennent de la droite et du centre, 15% se revendiquent de gauche et 12% se disent sans étiquette. Seuls 9% se présentent comme des sympathisants du Front national.
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