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Guerre à Gaza : les drones israéliens leurrent les Palestiniens à l’aide d’enregistrements d’enfants en pleurs pour leur tirer dessus

Des Palestiniens de Gaza rapportent que des quadricoptères israéliens cherchent à attirer les gens hors de chez eux en diffusant des appels de femmes et d’enfants en détresse
Un quadricoptère israélien aperçu au-dessus de Gaza en 2018 (Said Khatib/AFP)
Par Maha Hussaini à GAZA, Palestine occupée

Les quadricoptères israéliens emploient une nouvelle tactique « bizarre » consistant à diffuser des enregistrements audio d’enfants et de femmes en pleurs afin d’attirer les Palestiniens vers des endroits où ils peuvent être pris pour cible.

Dimanche et lundi soir, les habitants des quartiers nord du camp de réfugiés de Nuseirat à Gaza se sont réveillés au son de bébés en pleurs et de femmes appelant à l’aide.

Lorsqu’ils sont sortis pour localiser la source des cris et apporter leur aide, des quadricoptères israéliens ont ouvert le feu directement sur eux, selon des témoignages.

Samira Abu al-Leil, qui habite le camp de réfugiés, raconte à Middle East Eye avoir entendu des quadricoptères israéliens ouvrir le feu pendant et peu de temps après la diffusion des enregistrements, qui ont duré quelques minutes et se sont répétés plusieurs fois lundi soir.

« J’ai entendu une femme pleurer et crier à l’aide en disant : ‘‘Aidez-moi, mon fils est tombé en martyr.’’ Les sons venaient de la rue et ils étaient bizarres », décrit la femme de 49 ans.

« Les blessures étaient graves : certains ont été touchés directement à la tête »

– Un habitant du camp de réfugiés de Nuseirat

« Certains hommes se sont précipités dehors pour leur porter secours, mais les quadricoptères qui rôdaient toute la nuit leur ont tiré dessus. »

Selon des témoins oculaires, au moins sept à dix personnes ont été blessées par le quadricoptère pendant la nuit.

Les habitants du quartier n’ont pas pu aider les victimes, car « les quadricoptères tiraient sur tout ce qui bougeait ». Une ambulance a néanmoins réussi à atteindre les lieux et à transporter les blessés à l’hôpital.

« La nuit, les rues sont généralement vides et les hommes sont chez eux », ajoute Samira Abu al-Leil. « Quand les quadricoptères ouvrent le feu, ils touchent seulement les toits et les rues, ils ne trouvent personne sur qui tirer. Alors ils ont diffusé ces sons parce qu’ils connaissent la nature de notre société : ils savent que les hommes allaient essayer de porter secours. Ils voulaient qu’ils sortent pour pouvoir leur tirer dessus », affirme-t-elle.

« Hier et la nuit précédente, des balles de quadricoptère ont touché notre toit, notre porte et la rue devant chez nous. Mais hier matin, ils ont tiré des sortes de bombes explosives avec des éclats d’obus qui se sont répandus partout dans notre quartier, faisant de nombreux blessés. »

Hausse des attaques de quadricoptères

Les quadricoptères sont des drones télécommandés amplement utilisés par l’armée israélienne contre les combattants et civils palestiniens dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.

Cette technologie remplace progressivement les troupes au sol, facilitant l’identification des cibles, le ciblage individuel et la sécurisation des zones où sont stationnés les soldats israéliens.

Les quadricoptères peuvent en outre repérer des positions avancées, cibler des individus dans les habitations et disperser les foules dans les espaces publics.

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Un événement tragique impliquant l’utilisation de quadricoptères s’est produit le 11 janvier dernier rue al-Rasheed, dans la ville de Gaza, près du littoral, lorsque des quadricoptères ont tiré sur des centaines de personnes qui attendaient l’arrivée des camions humanitaires, selon de nombreux témoignages.

Muhammed Abu Youssef, 19 ans, indique à MEE que lundi vers 2 heures du matin, il a entendu des cris de nourrisson. Mais comme les gens postaient des messages sur les réseaux sociaux pour faire prendre conscience de l’origine de ces bruits, il a choisi de ne pas s’aventurer dehors.

« Il y avait différents sons provenant des quadricoptères. Ils faisaient du bruit ; certains enregistrements étaient compréhensibles et d’autres non. Ils ont duré de 30 à 60 minutes environ, puis les quadricoptères ont commencé à ouvrir le feu et à larguer des bombes dans le quartier », raconte-t-il.

« Nous ne sommes pas sortis, car nous savions qu’il s’agissait uniquement d’enregistrements diffusés par les quadricoptères pour nous inciter à sortir. »

Dans une vidéo enregistrée par un habitant du camp de réfugiés de Nuseirat et circulant sur les réseaux sociaux, on peut entendre des cris de nourrisson, tandis que la personne qui filme explique qu’il s’agit de sons préenregistrés diffusés par des quadricoptères israéliens.

« Nous ne sommes pas sortis, car nous savions qu’il s’agissait uniquement d’enregistrements diffusés par les quadricoptères pour nous inciter à sortir »

- Muhammed Abu Youssef, habitant du camp

« Au cours des trois derniers jours, douze personnes au moins ont été blessées par des tirs de quadricoptères. Rien que ce matin, nous avons secouru six blessés dans le quartier. Les blessures étaient graves : certains ont été touchés directement à la tête. »

Selon les habitants, les enregistrements audio comprenaient également des chansons en hébreu et en arabe, notamment des chansons d’enfants, des bruits d’affrontements et de chars en mouvement, des voix d’hommes armés palestiniens et des voix de vendeurs itinérants de produits de nettoyage familiers aux habitants de Gaza.

Depuis plus d’une semaine, l’armée israélienne mène une intense campagne militaire dans la partie nord-ouest de Nuseirat, à l’aide de tirs d’artillerie, aériens, navals et de quadricoptères ciblant les personnes, les habitations et les quartiers.

Traduit de l’anglais (original).

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