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La Belgique critiquée par HRW pour des « abus policiers » après les attentats

Coups violents, détention solitaire prolongée et examen de relevés téléphoniques des suspects sans approbation judiciaire font partie des abus présumés
Selon HRW, des réponses disproportionnées aux attentats affaiblissent l’État de droit (AFP)

Human Rights Watch (HRW) a accusé la Belgique d’« abus policiers » et de « lois antiterroristes problématiques » depuis les attentats perpétrés en 2015 et 2016.

Plusieurs attaques simultanées à Paris ont tué 130 personnes en novembre 2015. En mars 2016, trois attaques suicides coordonnées ont tué 32 personnes à l’aéroport de Bruxelles. Ces deux attentats ont été revendiqués par le groupe État islamique (EI) et liés à des militants basés en Belgique.

Dans un rapport de 56 pages intitulé « Sources d’inquiétude : Les réponses anti-terroristes de la Belgique suite aux attentats de Paris et Bruxelles », HRW accuse les autorités belges de commettre des abus dans leurs réponses aux attentats.

Le groupe de défense des droits de l’homme a cité des abus incluant des détentions solitaires prolongées, la rétention de passeport et l’examen des relevés téléphoniques et des emails des suspects sans approbation judicaire.

Selon le rapport, la Belgique a également considéré comme criminels des commentaires ne constituant pas véritablement des incitations à la violence.  

« La Belgique a travaillé dur l'année passée à la prévention de nouvelles attaques, mais ses lois et les réponses de la police ont été mises à mal par leur nature trop générale et parfois abusive », écrit la chercheuse Letta Tayler, auteure du rapport et chercheuse en terrorisme.

Elle a ajouté que l’organisation basée aux États-Unis partageait les préoccupations de la France et de la Belgique sur le militantisme violent. « Mais le recours à une force excessive lors de certains raids menés par la police risque d'engendrer un sentiment d'aliénation au sein des communautés dont la coopération pourrait pourtant aider à faire face à la menace. »

Dans une déclaration destinée au groupe de défense des droits de l’homme, le gouvernement belge a déclaré être « fermement résolu à protéger » les droits de l’homme dans le cadre de sa réponse au terrorisme. Les autorités ont ajouté qu’elles enquêtaient sur des cas d’abus présumés de la police au lendemain des attaques, et que de tels incidents présumés n’étaient « en aucune façon le résultat d’une politique délibérée ».

Dans le rapport, certaines personnes se sont plaintes d’abus physiques et verbaux de la part de la police.

Vingt-six suspects ou leurs avocats interrogés par HRW ont allégué que la police avait utilisé des insultes telles que « sale arabe » et les avait arrêtés et fouillés de façon brutale. Le rapport recense également dix cas de recours à une force excessive, y compris des cas ou des hommes ont été frappés ou jetés contre des voitures.

 Seul un des suspects a été accusé de terrorisme et avec erreur sur la personne.

« On se fait attaquer par l’État islamique qui nous dit que nous sommes des mécréants alors que nous n’avons rien à voir avec eux », a déclaré un suspect qui a accusé la police de l’avoir battu et a désiré ne pas être nommé. « Et on se fait attaquer par l’État qui dit "Vous êtes lié à l'État islamique". »

Il a été libéré sans être inculpé.

« Les gouvernements ont certes le devoir de protéger leurs citoyens contre les attaques et de mettre les auteurs de ces crimes face à leur responsabilité », a déclaré Letta Tayler. « Mais des mesures disproportionnées affaiblissent l’État de droit, alimentent la méfiance des communautés musulmanes envers les autorités et divisent la société alors qu’elle doit rester unie face à des groupes comme l’EI. »

Traduit de l’anglais (original).

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