Aller au contenu principal

L’économie iranienne pourrait croître de 2 % si les sanctions sont levées

La Banque centrale iranienne et le FMI s’attendent à une certaine croissance de l’économie iranienne cette année, même sans levée des sanctions
Le bazar de Tabriz, dans la province de l’Azerbaïdjan oriental, au nord-ouest de l’Iran, le 15 octobre 2014 (AFP)

TÉHÉRAN – L’économie iranienne pourrait profiter d’un rebond de la croissance de l’ordre de 2 % en cas d’accord sur le nucléaire et de levée des sanctions, selon de hauts responsables de la Banque centrale d’Iran.

Ce pic n’interviendra pas immédiatement après le 30 juin, date limite fixée par les différentes parties pour la fin des pourparlers nucléaires, préviennent-ils, mais ses conséquences devraient se faire sentir d’ici le quatrième trimestre de l’année en cours (selon le calendrier iranien, soit le premier trimestre de 2016). L’Iran exige la levée de toutes les sanctions dès la signature de l’accord sur le nucléaire avec les pays du groupe 5 + 1.

Des avantages tangibles

Même sans levée des sanctions, la Banque centrale et le FMI s’attendent à une certaine croissance de l’économie iranienne cette année – mais la levée des sanctions aurait un effet significatif, a déclaré à Middle East Eye le vice-gouverneur, Akbar Komijani.

« En admettant que les conditions actuelles et que les sanctions ne changent pas jusqu’en mars 2016, nous attendons un taux de croissance autour de 1 %. Le FMI table sur 0,6 %. Dans les premiers mois suivant la levée des sanctions, il se peut que nous ne constations pas d’avantages tangibles mais, à la fin de l’exercice, le taux de croissance pourrait être de l’ordre de 2,5 à 3 % », a-t-il souligné.

Akbar Komijani fait partie d’un groupe de chercheurs en économie engagés par le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Valiollah Seif, qui a été nommé après la prise de fonction du Président Hassan Rohani en 2013.

Au cours des deux dernières années, la banque et le gouvernement Rohani ont réussi à reprendre en main une économie en récession, à réduire considérablement l’inflation et à stabiliser le taux de change du rial. « La situation du marché des changes est très calme et stable. Nous espérons que cela continuera et nous nous attendons à voir, dans les mois suivant un accord sur le nucléaire, une certaine revalorisation du rial », a déclaré Akbar Komijani.

La banque attend le dégel immédiat de ses avoirs détenus à l’étranger dès la conclusion d’un accord. Elle sera également en mesure de renouer des relations avec des banques étrangères et de rendre à nouveau possible les transactions internationales par cartes de crédit.

L’inflation a fortement diminué passant d’un taux mensuel de 45,1 % en juin 2013, lorsqu’Hassan Rohani a été élu pour succéder à Mahmoud Ahmadinejad, à 15,5 % en avril dernier, le dernier mois pour lequel on dispose de données chiffrées. L’objectif de la banque est de ramener l’inflation à un seul chiffre d’ici mars 2017.

L’Iran espère une forte augmentation des investissements étrangers et de nombreux investisseurs ont déjà tâté le terrain en prévision d’un accord entre l’Iran et les six puissances mondiales sur les changements apportés au programme nucléaire iranien en échange de la levée des sanctions.

La banque espère que sa gestion macro-économique des deux dernières années aura inspiré confiance. « Maîtriser l’inflation était la priorité absolue du nouveau gouvernement », a expliqué Akbar Komijani. « Son action macroéconomique la plus importante était de corriger le budget pour 2013-2014 et la discipline budgétaire en était le pivot. Le budget précédent était très expansionniste. Il a été revu à la baisse, ce qui a envoyé un signal à la Banque centrale. »

Une croissance excessive des liquidités avait été observée les années précédentes, de sorte que la Banque centrale a saisi cette occasion de poursuivre une stricte politique monétaire et en matière de crédit.

Une des tâches de la nouvelle direction de la banque a été de renforcer le financement du projet de logement Mehr qui avait été lancé sous Ahmadinejad et a été conçu en vue de construire 2,3 millions de logements. Au lieu d’obtenir de nouvelles injections de fonds, la Banque de l’Habitat a obtenu un délai de grâce de trois ans pour rembourser ses dettes à la Banque centrale, ce qui a servi à financer une nouvelle série de constructions par le remboursement des prêts de la première vague des occupants de ces maisons.

Ventes de pétrole

Les responsables iraniens se disent prêts à reprendre les ventes de pétrole à l’Europe dès la levée des sanctions. L’UE a interdit les achats de pétrole iranien en 2012. À l’heure actuelle, seuls la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et la Turquie achètent le pétrole iranien. Mohsen Qamsari, directeur des affaires internationales de la National Iranian Oil Company, a déclaré aux médias locaux que près de la moitié de la quantité de pétrole que l’Iran vendait généralement à l’Europe pourrait être immédiatement mise à disposition sur le marché aux cours actuels.

Le reste pourrait être fourni lorsque les contrats en cours des importateurs européens seront échus et qu’ils en chercheront de nouveaux.

L’année dernière, plus de 95 % des exportations de l’Iran concernaient l’Asie, selon les chiffres publiés ce mois-ci, tandis que l’Europe constituait seulement 2,9 % des exportations. La Chine est devenue le principal marché d’exportation de l’Iran. Elle acquiert un peu moins de 30 % des exportations iraniennes, et même si l’Iran importe également beaucoup de Chine, l’Iran dispose d’un excédent commercial avec la Chine.

Bien que la levée des sanctions des États-Unis, de l’UE et de l’ONU devrait donner un coup de pouce à l’économie, il règne une certaine inquiétude chez les industriels locaux qui ont comblé le fossé causé par les sanctions sur les importations. Ils espèrent la protection du gouvernement.

« Le marché iranien sera inondé par les investisseurs et ressources étrangers une fois les sanctions levées et nous faisons tous les efforts nécessaires pour gérer la situation », selon les déclarations attribuées au premier vice-Président du pays, Eshaq Jahangiri, par l’agence de presse IRNA la semaine dernière. « Nous souhaitons que nos partenaires commerciaux occidentaux envisagent de coopérer avec l’Iran plutôt que de se contenter d’exporter des biens de consommation. »

Traduction de l'anglais par VECTranslation

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].