Les attentats d’Ankara ont été ordonnés par Daech pour troubler les élections, selon le procureur
Une cellule dormante agissant sur les ordres de militants du groupe État islamique (EI) a perpétré les attentats à la bombe lors du rassemblement pour la paix à Ankara ce mois-ci pour tenter de perturber les élections turques, a déclaré le procureur mercredi.
Le bureau du procureur d’Ankara a déclaré que des « preuves solides » montrent que la cellule était également derrière d’autres attaques perpétrées dans le pays, dont un attentat à la frontière syrienne en juillet, et qu’elle planifiait de nouvelles attaques.
« La cellule a reçu du groupe terroriste en Syrie l’autorisation d’attaquer toutes les cibles du PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan] et anti-Daesh [EI] en Turquie», précise le communiqué.
Les attaques du 10 octobre ont visé un rassemblement pour la paix organisé par les militants de gauche et pro-kurdes. Il s’agit du pire attentat commis sur le sol turc, avec 102 victimes, et ces attaques ont exacerbé les tensions avant les élections législatives de ce dimanche.
« Perturber la stabilité politique en sabotant les élections à venir et en compliquant la formation d’un gouvernement [...] qui émergerait après les élections », constituait l’un des motifs, indique le communiqué du procureur.
Le communiqué signale également que la cellule dormante était basée dans la province de Gaziantep, au sud-est, qui borde la Syrie déchirée par la guerre.
Les responsables turcs avaient déjà déclaré auparavant que l’attaque avait été menée par deux kamikazes, dont au moins un Turc, et que le groupe EI en était le suspect numéro un.
Le procureur a déclaré que des informations extraites d’appareils électroniques avaient fourni « des renseignements cruciaux » à propos de l’organisation à l’origine du carnage, y compris le versement de fonds à des cellules en Turquie provenant de bases situées en Syrie.
Descentes de police
Cette semaine, la police a donné l’assaut sur des repaires présumés du groupe EI dans plusieurs régions, menant notamment une opération dans la ville de Diyarbakır qui s’est soldée par la mort de deux policiers turcs et de sept militants de l’EI.
Selon les articles des médias ce week-end, les forces de sécurité étaient à la recherche d’une cellule planifiant une attaque de grande envergure, comme le détournement d’un avion ou d’un navire ou la réalisation d’attentats-suicides dans un endroit bondé.
Le président Recep Tayyip Erdoğan est sous pression depuis l’attentat à la bombe d’Ankara : des figures de l’opposition lui reprochent des manquements à la sécurité et l’accusent de ne pas sévir contre les membres du groupe EI.
La semaine dernière, un des kamikazes d’Ankara a été officiellement identifié comme Yunus Emre Alagöz, frère de l’homme soupçonné d’avoir perpétré l’attentat de Suruç en juillet, lequel a fait 34 morts et est également attribué au groupe EI par le procureur.
L’attentat de Suruç, qui a également ciblé des militants pacifistes pro-kurdes, a déclenché une vague de règlements de comptes entre les forces de sécurité turques et les miliciens du PKK, ce qui a fait voler en éclat le cessez-le-feu conclu en 2013.
Quatre personnes soupçonnées d’avoir joué un rôle dans les attentats d’Ankara ont été arrêtées.
La Turquie a une stratégie complexe concernant le conflit en Syrie, qui a poussé plus de deux millions de Syriens à fuir à travers la frontière pour se réfugier dans des camps et des villes frontalières turques.
Ankara s’oppose farouchement au président Bachar al-Assad et soutient les rebelles combattant son régime.
Suite à l’attaque de Suruç, la Turquie a lancé des frappes aériennes contre des cibles liées au groupe EI, mais aussi contre les repaires du PKK en Irak et les milices kurdes syriennes.
Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l’Union européenne, les États-Unis et d’autres pays, mais le groupe qui lui est affilié en Syrie ne l’est pas et il bénéficie de l’appui des Américains pour combattre le groupe EI.
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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