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ONU : les Yéménites étaient sur le point de parvenir à un accord de paix avant les bombardements saoudiens

Les parties yéménites étaient parvenues à un accord substantiel de partage du pouvoir lorsque l’Arabie saoudite a débuté ses frappes aériennes, selon l’ancien médiateur de l’ONU
L’ancien envoyé de l’ONU au Yémen, Jamal Benomar, lors de la cérémonie d’investiture d’Abd Rabo Mansour Hadi en 2012 (AFP)

NEW YORK – L’ancien envoyé de l’ONU au Yémen, Jamal Benomar, a déclaré au Conseil de sécurité des Nations unies que les groupes yéménites rivaux étaient sur le point de conclure un accord de paix avant que l’Arabie saoudite ne débute ses frappes aériennes le mois dernier et que « les interférences extérieures » ne feraient qu’aggraver le conflit.

Benomar, qui a remis sa démission suite aux vives critiques formulées à son encontre par l’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe, a indiqué que l’ONU avait organisé plus de 200 réunions entre les factions rivales du Yémen et que ces dernières étaient sur le point de conclure un accord lorsque Riyad a lancé, fin mars, une campagne de bombardement contre les rebelles houthis liés à l’Iran

« Les parties yéménites ont continué à négocier sous les auspices de l’ONU et un accord substantiel avait été atteint sur l’élément central d’un partage du pouvoir. La principale pierre d’achoppement était la question de la présidence », a indiqué Jamal Benomar aux journalistes lundi au siège de l’ONU.

« Les Yéménites étaient très proches d’un accord et auraient pu le conclure […] une paix durable au Yémen ne peut être atteinte qu’au travers de négociations pacifiques menées par les Yéménites et durant lesquelles ces derniers pourraient décider de leur futur sans interférence ni coercition de la part de forces extérieures. »

Benomar, un diplomate marocain, a briefé les membres du Conseil de sécurité pour la dernière fois lundi suite à sa démission plus tôt ce mois-ci après avoir perdu le soutien des pays du Golfe dans ses efforts de médiation, alors que les rebelles chiites houthis poursuivaient leur offensive. 

Il sera remplacé par le diplomate mauritanien Ismail Ould Cheikh Ahmed, qui dirigeait jusqu’à présent la mission de l’ONU pour la lutte contre le virus Ebola en Afrique de l’Ouest et a servi de 2012 à 2014 comme coordinateur des affaires humanitaires de l’ONU au Yémen.

Les pourparlers de paix au Yémen se sont effondrés suite à la capture par les Houthis de la capitale Sanaa et à leur avancée vers la ville méridionale d’Aden, qui a forcé le Président Abd Rabo Mansour Hadi à s’exiler à Riyad, la capitale saoudienne. L’ONU espère pouvoir relancer les négociations mais fait face à des difficultés relatives au lieu censé accueillir les négociations, l’Arabie saoudite insistant à ce qu’elles aient lieu à Riyad.

Une coalition dirigée par l’Arabie saoudite a débuté des frappes aériennes le 26 mars afin de repousser l’avance des Houthis et de rétablir l’autorité d’Hadi, mais l’opération militaire a suscité l’inquiétude internationale face à ce que certains considèrent comme une guerre par procuration entre l’Arabie saoudite et l’Iran – ce dernier étant accusé de soutenir les Houthis - et à un nombre de victimes civiles croissant.

L’ambassadeur de l’ONU au Yémen, Khaled Alyemany, a déclaré plus tôt ce mois-ci que Jamal Benomar n’avait pas prêté suffisamment attention au gouvernement d’Hadi, le dirigeant yéménite reconnu par la communauté internationale, et « avait commencé à promouvoir [la cause des] Houthis, ce qui n’est pas acceptable ». 


Traduction de l'anglais (original).

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