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Javier Milei : le favori d’extrême droite et pro-Israël de la présidentielle argentine

Ce candidat à la présidentielle argentine veut déménager l’ambassade du pays à Jérusalem et vivre sa vie conformément à la loi religieuse juive
Javier Milei est devenu le favori surprise de la présidentielle argentine (AFP)

L’Argentine est face à un tournant décisif : l’économiste d’extrême droite Javier Milei a remporté le plus de suffrages aux primaires le weekend dernier. 

Le candidat, qui se qualifie d’« anarcho-capitaliste », apparaît comme le favori avant le premier tour de la présidentielle en octobre.

Fréquemment comparé à l’ancien président américain Donald Trump, il est connu pour ses critiques de l’élite politique du pays. 

Certains de ses partisans portent des casquettes « Make Argentina Great Again » tandis que d’autres brandissent le Gadsden Flag (drapeau jaune avec un serpent à sonnette et le slogan « Don’t tread on me » [ne me marche pas dessus]) qui a été popularisé dans les milieux d’extrême droite aux États-Unis

Milei est lui-même un admirateur de Trump et son programme radical pour le pays comprend l’abolition de la Banque centrale ; il qualifie les changements climatiques de mensonge, met en garde contre l’intention de la gauche de détruire la famille et cherche à libéraliser la possession d’armes dans le pays.

Et comme Trump, Milei a lui aussi exprimé son penchant pour un pays du Moyen-Orient : Israël

Le quinquagénaire dit clairement depuis des mois que l’une de ses premières décisions en tant que président serait de revenir sur des décennies de politique étrangère argentine équilibrée vis-à-vis du conflit israélo-palestinien

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Sa première mesure à l’international serait de déplacer l’ambassade argentine en Israël de Tel Aviv à Jérusalem, une décision que n’ont pris que quatre pays jusqu’à présent. 

Milei justifie sa décision avec une référence biblique inhabituelle : « Lorsque le Dieu unique a ordonné à Moïse de briser les premières tables de la loi, le premier mot qu’il a prononcé était Jérusalem, et c’est là où le roi David a établi la capitale ; nous devons donc déplacer l’ambassade de Tel Aviv à Jérusalem. »

S’il remporte l’élection, il suivrait les traces d’un autre pays d’Amérique latine. À la mi-août, le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen a annoncé que le Paraguay allait déplacer son ambassade à Jérusalem d’ici la fin de l’année.

Cet État d’Amérique latine serait alors le cinquième pays à déménager son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem ces cinq dernières années après le Kosovo, le Honduras, le Guatemala et les États-Unis.

Si Milei leur emboîte le pas, cette mesure serait une provocation vis-à-vis des Palestiniens et pourrait mettre en péril la relation du pays avec le reste du monde arabe et musulman. 

Jérusalem-Est est revendiquée par les Palestiniens comme capitale de leur futur État et est occupée par Israël depuis la guerre des Six Jours en 1967. 

En 1980, Israël a annexé Jérusalem-Est, une initiative qui n’est pas reconnue par l’ONU, qui considère la zone comme un territoire occupé. 

En plus du déménagement de l’ambassade, Milei a annoncé lors de la campagne qu’Israël serait la destination de son premier voyage en tant que président. 

La presse israélienne a chaleureusement évoqué le « lien profond avec le judaïsme » de Milei et estime que son style de leadership s’inspire de Moïse, prophète important dans la foi hébraïque ainsi que dans les fois chrétienne et musulmane. 

« Plonger plus profondément dans le judaïsme »

Dans une interview avec Radio Jai, radio juive diffusée en Argentine, Milei a déclaré que ses rapports avec un étudiant juif pratiquant à l’université étaient à l’origine de son intérêt pour le judaïsme.

Si le quinquagénaire n’est pas juif, il explique qu’il étudie régulièrement la Torah avec le rabbin Shimon Axel Wahnish, de l’ACILBA, la communauté marocaine juive en Argentine. 

Milei a également exprimé son désir de « voyager à Jérusalem pour plonger plus profondément dans ses études de la Torah, du Talmud et des autres écritures juives ».

Dans une interview avec le quotidien espagnol El País, il disait « envisager » de se convertir au judaïsme. Mais s’il était élu président, il serait difficile de pratiquer sa foi tout en dirigeant le pays, a-t-il estimé. 

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« Si je suis président et que c’est le chabbat, que dois-je faire ? Dois-je me déconnecter du pays du vendredi au samedi ? Il y a quelques problèmes qui rendraient [la religion] incompatible [avec la fonction de président] », a-t-il déclaré à El País.

Lors de ses meetings, Milei a répudié des partisans néonazis, mais beaucoup affluent à ses rassemblements, où certains portent des uniformes néonazis.

Les Argentins sont aux prises avec une crise du coût de la vie qui a vu l’inflation augmenter de 100 %. Pendant ce temps, la cote de popularité de Milei a grimpé en flèche. 

Une présidence Milei contrasterait vivement avec celle de l’une de ses prédécesseurs – Cristina Fernández de Kirchner, politicienne de centre-gauche qui a dirigé le pays entre 2007 et 2015. 

Celle-ci avait dénoncé l’usage disproportionné de la force par Israël contre les Palestiniens en mai 2021, lorsqu’en l’espace d’onze jours, les forces israéliennes avaient tué 256 Palestiniens, dont 66 enfants.

Depuis lors, cependant, les relations entre les deux pays se sont réchauffées et le ministère argentin des Affaires étrangères a provoqué la controverse en adoptant la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). 

Les détracteurs de cette définition la qualifient d’imparfaite et fustigent son impact disproportionné sur les personnes racisées et les défenseurs juifs de la Palestine. 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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