Sur Netflix, la série à succès Paranormal projette l’Égypte dans une autre dimension
« Il y a 25 ans, j’étais ce gamin caché sous sa couverture pour lire un livre et j’avais si peur de voir Chiraz surgir en face de moi si je sortais la tête. Vingt-cinq ans plus tard, je projette mon imaginaire sur l’écran… »
Amr Salama, le réalisateur égyptien du très remarqué Sheikh Jackson, n’est pas peu fier de parler de son dernier travail : la série Paranormal, (Ma warae al-tabiaa), diffusée depuis le 5 novembre sur Netflix, et traduite en 32 langues.
Traduction : « D’Égypte vers le monde entier, Paranormal doublée en neuf langues et traduite en 32 autres. »
En six épisodes bien rythmés, Paranormal recrée l’univers angoissant et horrifique imaginé par l’auteur égyptien Ahmed Khaled Tawfik, décédé en 2018.
Avec 81 romans vendus à quinze millions d’exemplaires, il est l’un des écrivains les plus lus de la jeune génération du monde arabe.
Ahmed Khaled Tawfik doit son succès à sa série de romans populaires, mais il est aussi considéré comme un pionnier en Égypte grâce à ses romans d’horreur, de science-fiction et ses thrillers médicaux, écrits depuis le début des années 1990.
Dans la série, nous suivons un des personnages clés d’Ahmed Khaled Tawfik : le docteur Refaât Ismaïl, interprété par Ahmed Amin, hématologue, antihéros sceptique grillant cigarette sur cigarette, empêtré dans son propre triangle des Bermudes amoureux, commentant avec une voix off désabusée les événements et les ressentis qui l’assaillent de toutes parts et réinterprétant, à sa guise morfondue, la fameuse loi de Murphy : « Tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal ».
Traduction : « Marche vers tes peurs, Refaât. »
Tout ira mal dans ce Caire vintage de la fin des années 1960, où des phénomènes paranormaux secouent la vie bien morne du docteur Refaât, qui ne lit dans les journaux que les avis de décès « pour s’assurer que l’humanité s’efface peu à peu ».
De la malédiction de la momie d’un pharaon colérique aux succubes et aux nouvelles plaies d’Égypte, en passant par le mythe des naïades et un manoir hanté par une âme en peine… le scénario fait vivre au docteur Refaât et à la belle Maggie, son ex-grand amour venue d’Écosse (tiens, un autre pays de fantômes et de châteaux hantés), des aventures où l’esprit scientifique voire extrêmement sceptique du héros est confronté à l’au-delà, au paranormal.
Inutile d’en dévoiler plus, mais l’arche narrative bien charpentée des personnages épouse pertinemment l’errance du héros principal entre les deux mondes, celui des morts et celui des vivants, empruntant aux grands classiques du cinéma d’horreur références et clins d’œil.
Pour rappel, Paranormal, dont une seconde saison est annoncée, est la troisième production arabe chez Netflix après les deux séries jordaniennes Jinn et Al Rawabi School for Girls.
« Notre plan, c’est investir dans les auteurs arabes, dans la production arabe, dans le contenu arabe. Nous avons annoncé quatre projets, en plus de Paranormal », a expliqué à Reuters Ahmed Sharkawi, responsable des séries originales arabes et africaines de Netflix.
« Dans la lignée de The Haunting, l’anthologie de Mike Lanagan, Paranormal pourrait en effet rencontrer un joli succès à l’international avec l’immense audience que représentent les abonnés Netflix », estime le magazine spécialisé Première.
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