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France : l’hommage aux victimes du 7 octobre fait resurgir la polémique avec la gauche radicale

Alors qu’une partie de la classe politique et de la communauté juive françaises ont jugé « indécente » la présence de La France insoumise à la cérémonie, les responsables du parti ont continué à dénoncer un « deux poids, deux mesures » avec la situation à Gaza
La présidente du groupe parlementaire La France insoumise (LFI) Mathilde Panot et le coordinateur du parti Manuel Bompard arrivent à la cérémonie d’hommage aux victimes françaises de l’attaque du 7 octobre, au mémorial des Invalides à Paris, le 7 février 2024 (AFP/Gonzalo Fuentes)
La présidente du groupe parlementaire La France insoumise (LFI) Mathilde Panot et le coordinateur du parti Manuel Bompard arrivent à la cérémonie d’hommage aux victimes françaises de l’attaque du 7 octobre, au mémorial des Invalides à Paris, le 7 février 2024 (AFP/Gonzalo Fuentes)
Par MEE

« Ces provocations n’ont pas leur place dans une cérémonie d’hommage national. » Par un tweet, le groupe parlementaire La France insoumise (LFI, gauche radicale) a dénoncé le comportement de Meyer Habib lors de la cérémonie d’hommage aux victimes françaises des attaques du Hamas en Israël le 7 octobre, organisée dans la cour d’honneur des Invalides à Paris.

Les images vidéo, qui ne permettent pas d’entendre ce que dit le parlementaire franco-israélien, le montrent en train de prendre à partie Manuel Bompard, le coordinateur de LFI, avant d’embrasser le président du Rassemblement national (RN, extrême droite) Jordan Bardella.

La veille, sur le plateau de CNEWS, Meyer Habib – qui avait qualifié la population palestinienne de « cancer » en octobre – s’était toutefois clairement exprimé contre la présence de LFI lors de la cérémonie, la taxant de « provocation ».

Depuis le début de la semaine, de nombreuses voix se sont élevées contre la présence des élus de la gauche radicale, arrivés aux Invalides sous les huées, reprochant essentiellement au parti de ne pas avoir voulu reconnaître le Hamas comme « un mouvement terroriste ». 

Selon un sondage CSA pour CNEWS, Europe 1 et Le Journal du dimanche, publié mardi 6 février, 75 % des Français (59 % des moins de 35 ans, 80 % des 65 ans et plus) estiment que les élus LFI n’avaient pas leur place à cette cérémonie.

Des représentants de la communauté juive se sont aussi insurgés contre leur participation, que le protocole républicain ne peut leur refuser.

« Vous ne pouvez pas dire à la fois que ce qui s’est passé n’est pas un acte de terrorisme, est un acte de résistance, et venir rendre hommage aux victimes, il faut être cohérent », a estimé le grand rabbin de France Haïm Korsia sur TF1. 

« Atterré »

Le président du Consistoire de Paris Joël Mergui a lui vu dans la présence des élus LFI « une insulte aux juifs, à Israël, à la résistance ».

« Quand on a l’indécence de laisser penser que c’est de la résistance, on pourrait avoir la décence de ne pas être présent face aux familles de victimes », a-t-il affirmé sur la chaîne Public Sénat, en faisant référence aux propos de la députée LFI Danièle Obono. 

Celle-ci avait refusé, en octobre 2023, face à Jean-Jacques Bourdin, à l’antenne de Sud Radio, de qualifier le Hamas de « mouvement de résistance », puisqu’il « résiste à une occupation » pour « la libération de la Palestine ».

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Cinq familles de victimes du 7 octobre, du collectif No Silence, qui veut « dénoncer les crimes sexuels commis par le Hamas et le silence qui les entoure », ont envoyé mardi 30 janvier un courrier à Emmanuel Macron pour lui demander d’exclure La France insoumise de l’hommage national, accusant le parti d’« absence de respect, de relativisme et de négationnisme », estimant par ailleurs qu’il porte « une très lourde responsabilité dans l’explosion de la judéophobie dans notre pays ».

Dans l’émission « Télématin » sur France 2, le député LFI du Nord Adrien Quatennens s’est dit « atterré par le traitement médiatique » réservé à son parti, qui porte selon lui « un message de paix ». « Nous avons été les premiers, le 7 octobre, à condamner les actes du Hamas, à dire notre compassion pour les victimes », a-t-il argumenté.

Sur les réseaux sociaux, ont notamment circulé des caricatures de Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, et Manuel Bompard, représentés avec un bandeau du Hamas.

« Il faut rendre hommage à l’ensemble des Français et des Françaises, ou des Franco-Palestiniens/Franco-Israéliens qui sont morts dans crimes de guerre du Hamas comme les crimes de guerre de Netanyahou », a aussi défendu Mathilde Panot.

Les « destins » des victimes du Hamas « ne sont pas les seuls que le déchirement du Moyen-Orient continue de broyer dans cette tornade de souffrance qu’est la guerre », a pour sa part déclaré Emmanuel Macron, expliquant par la suite que « toutes les vies se valent, inestimables aux yeux de la France ».

« Au nom de quoi peut-on me nier le droit à l’émotion et au chagrin ? », a interrogé Manuel Bompard, en dénonçant le « deux poids, deux mesures » avec Gaza, où plus de 27 700 personnes ont été tuées depuis le début de l’offensive israélienne. Il a aussi réclamé un moment d’hommage semblable pour les ressortissants français qui y ont trouvé la mort.

L’Élysée prévoit de consacrer ultérieurement un « hommage » ou un « temps mémoriel » aux victimes françaises des bombardements israéliens à Gaza, mais ni la date ni le format n’ont été fixés.

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