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France : le ministère de l’Intérieur prépare une « liste » des imams à expulser

Le ministère de l’Intérieur prépare une « liste » de « prédicateurs », « de présidents ou agitateurs d’associations » islamiques, pour les faire expulser de France
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a indiqué que « 734 étrangers radicalisés » avaient été expulsés depuis l’élection d’Emmanuel Macron (AFP/Ludovic Marin)
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a indiqué que « 734 étrangers radicalisés » avaient été expulsés depuis l’élection d’Emmanuel Macron (AFP/Ludovic Marin)
Par MEE

Après avoir ciblé l’imam Hassan Iquioussentoujours introuvable depuis la décision du Conseil d’État qui a validé ce 30 août son expulsion de France –, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin semble s’intéresser à d’autres figures de l’islam de l’Hexagone. Ainsi, Mediapart révèle que des imams seraient « concernés par des blocages de titre de séjour », un procédé qui, à terme, pourrait les obliger à quitter le territoire français.

C’est, explique le média, le cas par exemple d’Ahmed Jaballah. « Figure emblématique de [l’ex-UOIF, Union des organisations islamiques de France, actuellement Musulmans de France], l’ancien président de l’organisation islamique, né en Tunisie en 1956, réside sur le territoire français depuis les années 1980. Depuis le 20 septembre 2019, il est dans l’attente du renouvellement de sa carte de résident de dix ans, dont l’instruction est invariablement repoussée », indique Mediapart.

De fait, et depuis trois ans, « les autorités se contentent de lui transmettre des récépissés actant sa demande de renouvellement. Mais ce papier, valable trois mois, place de facto le religieux en position d’être expulsé à chaque échéance. La prochaine est en octobre », poursuit Mediapart.

Un autre imam est ciblé par ce genre de procédure : le responsable de la mosquée de Pessac, Abdourahmane Ridouane.

« Est-ce qu’il y a d’autres imams Iquioussen ? […] La réponse est oui »

« Au printemps, le Conseil d’État avait donné raison au religieux, déjà visé par une visite domiciliaire à l’hiver 2020 et engagé dans un bras de fer avec le ministère de l’Intérieur, qui souhaitait fermer sa mosquée – elle est toujours ouverte », rappelle le site d’information.

Abdourahmane Ridouane, qui « bénéficie pourtant d’un renouvellement de sa carte de résident depuis plusieurs décennies qu’il vit en France, a vu lui aussi, depuis 2019, la reconduction de son titre de séjour perpétuellement repoussée ».

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D’après Mediapart, beaucoup d’autres responsables de l’ex-UOIF redoutent d’être touchés par de telles mesures.

« Amar Lasfar, l’ancien patron de l’UOIF, injoignable depuis le début de l’affaire et dont les proches soufflent qu’il serait resté au Maroc, son pays d’origine. ‘’C’est fini pour lui, il prépare sa retraite là-bas. Il sait que les cadres de l’UOIF ont le gouvernement sur le dos’’, indique l’un de ses anciens bras droits, qui témoigne de la peur majoritairement partagée dans les milieux islamiques », rapporte le site. 

Sur un plateau de télévision installé dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Gérard Darmanin a explicité son « programme » : « Est-ce qu’il y a d’autres imams Iquioussen ? […] La réponse est oui. » Il a précisé que son département s’attelait déjà à rédiger une « liste » de « prédicateurs », « de présidents ou agitateurs d’associations », « moins d’une centaine de personnes ».

« L’arrêt du Conseil d’État qui permet de dire que quelqu’un qui a des enfants, qui est marié en France, qui est né en France, peut quand même – 58 ans après – être expulsé... Ça permettra d’évoquer d’autres cas », a ajouté le ministre de l’Intérieur. Il a également rappelé que « 734 étrangers radicalisés » avaient été expulsés depuis l’élection d’Emmanuel Macron, dont « 72 dans les sept derniers mois ».

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