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Grèce : renvois forcés illégaux et violences systématiques contre les migrants et les réfugiés, dénonce une ONG

Amnesty International interpelle l’agence européenne Frontex, qui ne peut « prétendre ignorer les violences » infligées par les autorités grecques aux migrants et demandeurs d’asile
Un migrant attend près de la rivière Evros, près d’Edirne, dans le nord-ouest de la Turquie, pour prendre un bateau vers la Grèce, le 3 mars 2020 (AFP/Ozan Kose)
Un migrant attend près de la rivière Evros, près d’Edirne, dans le nord-ouest de la Turquie, pour prendre un bateau vers la Grèce, le 3 mars 2020 (AFP/Ozan Kose)
Par MEE

Amnesty International (AI) a appelé, ce mercredi 23 juin, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex, à suspendre ou cesser ses opérations en Grèce.

Selon AI, Frontex ne peut « prétendre ignorer les violences » infligées par les autorités grecques aux migrants et demandeurs d’asile. Dans un rapport intitulé « Greece: Violence, lies and pushbacks », l’ONG a recueilli seize témoignages de victimes de « renvois forcés illégaux » et « soumises à des violences perpétrées par des personnes qu’elles ont décrites comme des représentants de l’État grec en uniforme et des hommes en civil ».  

Sur la base des témoignages recueillis, ces opérations illégales auraient concerné environ un millier de personnes.

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Les victimes ont déclaré « avoir reçu des coups de bâton ou de matraque, des coups de pied et des gifles et avoir été poussées, ce qui a parfois entraîné des blessures graves. Les hommes ont souvent été contraints à se dénuder pour se soumettre à des fouilles humiliantes et agressives, parfois sous les yeux de femmes et d’enfants », énumère l’ONG.

« Toutes les personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenues avaient été renvoyées de zones où Frontex disposait d’effectifs importants. Cette agence ne peut donc pas prétendre ignorer les violences au sujet desquelles nous, comme bien d’autres, avons recueilli des informations. Frontex a l’obligation de prévenir les violations des droits humains. Si elle ne peut le faire efficacement, elle doit suspendre ou cesser ses activités en Grèce », a déclaré à AI Adriana Tidona, spécialiste des migrations en Europe.

Actions coordonnées des autorités grecques 

« De toute évidence, de nombreuses branches de l’appareil d’État grec se coordonnent étroitement pour arrêter avec brutalité et placer en détention des personnes qui sont venues chercher la sécurité en Grèce, en leur infligeant de nombreuses violences puis en les transférant sur les rives de l’Evros [région frontalière entre la Grèce et la Turquie] avant de les renvoyer sommairement en Turquie », a indiqué Adriana Tidona.

« Nos recherches montrent que les renvois forcés illégaux opérés dans la violence constituent désormais, de fait, la politique grecque de contrôle des frontières dans la région de l’Evros », atteste le rapport d’Amnesty International.

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« Le degré d’organisation nécessaire pour procéder à ces renvois, qui ont concerné jusqu’à un millier de personnes dans le contexte que nous avons étudié, qui se sont déroulés à de nombreuses reprises et dont les victimes ont parfois transité par des centres de détention officieux, indique jusqu’où va la Grèce pour renvoyer illégalement des personnes et couvrir ses agissements. »

L’ONG rappelle que « Human Rights Watch publie également un rapport de recherche connexe sur l’obligation de rendre des comptes qui incombe à Frontex pour les violations des droits humains commises aux frontières extérieures de l’UE, notamment en Grèce ».

« Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, est tenue de prendre des mesures raisonnables pour protéger les personnes des violations des droits humains et de suspendre ou cesser ses activités lorsque de tels actes sont perpétrés », précise, enfin, Amnesty International.

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