Guerre à Gaza : des milliers de soldats israéliens blessés et « rendus invalides » lors des combats
Plus de 5 000 soldats israéliens ont été blessés au cours des combats à Gaza depuis le 7 octobre, selon les autorités israéliennes, qui mettent également en garde contre une crise imminente en matière de santé mentale, a rapporté samedi un journal israélien.
Des spécialistes du ministère israélien de la Défense ont déclaré que le département chargé de la réhabilitation recevait chaque jour 60 soldats blessés depuis le début de la guerre à Gaza.
Limor Luria, directeur général adjoint et chef du département de réadaptation du ministère, a indiqué au journal Yedioth Ahronoth qu’au moins 2 000 soldats israéliens avaient été déclarés invalides et que les responsables sanitaires étaient « pressés de libérer les blessés afin de pouvoir admettre de nouveaux patients ».
« Nous n’avons jamais été confrontés à une telle chose », a commenté Limor Luria, qui a ajouté que près de 60 % des blessés souffraient de blessures graves aux mains et aux pieds, dont certaines ayant entraîné des amputations.
Environ 12 % des blessures impliquent la rate, les reins et la rupture d’organes internes, a précisé le responsable.
Limor Luria a également mis en garde contre une crise imminente en matière de santé psychique qui affectera les soldats israéliens de retour de Gaza. Selon lui, les cas de syndrome de stress post-traumatique et d’autres problèmes liés aux traumatismes « monteront en flèche » dans les prochains mois.
Idan Kaliman, qui dirige l’organisation en charge des personnes invalides au sein de l’armée israélienne, a fait écho aux préoccupations de Limor Luria.
« Il y a une énorme quantité de blessés ici, avant même la vague de traumatismes qui nous submergera dans un an environ », a-t-il déclaré à Yedioth Ahronoth.
« Israël n’a pas connu un tel niveau de traumatisme depuis notre guerre d’indépendance. Les premiers intervenants et les soldats ont vu des choses horribles depuis le début de la guerre.
« Les anciens combattants [invalides] des guerres précédentes disent que c’est la première fois qu’ils connaissent quelqu’un qui a vécu quelque chose de plus difficile. En fin de compte, il ne s’agit pas seulement d’une guerre sur le champ de bataille, mais de soldats qui ont combattu à l’intérieur d’Israël, sur la pelouse des kibboutz, dans leurs maisons. »
« Chiffre sous-estimé »
L’armée a indiqué qu’au moins 437 soldats israéliens avaient été tués depuis le 7 octobre.
Cependant, le quotidien israélien Haaretz, qui a contraint le gouvernement à divulguer les données sur le sujet – ce qu’il avait refusé de faire – a constaté d’importantes divergences.
Haaretz a examiné les données publiées par les hôpitaux où les soldats blessés ont été soignés et a constaté un « écart inexpliqué entre les données rapportées par l’armée et celles des hôpitaux ».
Les données des hôpitaux montrent que le nombre de soldats blessés est deux fois plus élevé que celui de l’armée et le journal rapporte qu’il s’agit probablement d’un chiffre sous-estimé.
Au cours de la même période, au moins 18 000 personnes – dont environ 70 % de femmes et d’enfants – ont été tuées à Gaza, selon le ministère local de la Santé, et plusieurs milliers d’autres sont présumées mortes. Environ 46 500 personnes ont été blessées.
En Cisjordanie occupée, les forces israéliennes ont tué au moins 266 Palestiniens et en ont blessé environ 3 365 autres.
Vendredi, lors d’un vote à l’ONU, treize des quinze membres du Conseil de sécurité ont soutenu une résolution appelant à un cessez-le-feu humanitaire immédiat. Elle a été bloquée par le veto de Washington, tandis que la Grande-Bretagne s’est abstenue.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré que la décision des États-Unis d’opposer leur veto à la résolution les rendait complices de « crimes de guerre » contre les Palestiniens.
Les responsables de l’ONU ont averti ce week-end que la moitié de la population de Gaza mourait de faim et que les opérations humanitaires dans le territoire assiégé étaient en train de s’effondrer.
« La moitié de la population meurt de faim, neuf personnes sur dix ne mangent pas tous les jours. Les besoins sont évidemment énormes », a déclaré Carl Skau, directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM).
Traduit de l’anglais (original).
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