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Guerre à Gaza : Barack Obama met en garde contre la minimisation des souffrances palestiniennes

Dans une déclaration qui commence par soutenir le « droit d’Israël à se défendre », l’ancien président américain avertit ce dernier de ne pas répéter les erreurs commises par les États-Unis après le 11 septembre 2001
Barack Obama s’exprime sur scène lors de la Sandy Hook Promise Benefit 2022 au Ziegfeld Ballroom à New York, le 6 décembre 2022 à New York (AFP)
Par MEE

L’ancien président américain Barack Obama s’est exprimé sur la guerre israélo-palestinienne lundi, publiant une déclaration dans laquelle il soutient le « droit d’Israël à se défendre » tout en mettant en garde le pays et les États-Unis contre le fait d’ignorer le sort des Palestiniens.

Si la déclaration, publiée sur Medium, ne s’écarte pas beaucoup de la position actuelle de l’administration Biden consistant à soutenir les actions d’Israël à Gaza, elle s’en distingue toutefois sur quelques points significatifs.

« Mais même si nous soutenons Israël, nous devons également être clairs sur le fait que la manière dont Israël mène sa lutte contre le Hamas est importante », a déclaré Obama.

L’ancien président a ajouté qu’il fallait « se garder d’un langage déshumanisant envers la population de Gaza, ou minimiser la souffrance palestinienne – que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie – comme si elle était hors sujet ou illégitime ».

Obama a également abordé certaines des causes profondes du conflit israélo-palestinien, notamment le déplacement forcé des Palestiniens depuis la création d’Israël en 1948 (la Nakba) jusqu’à ce jour.

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« Cela signifie reconnaître que les Palestiniens vivent également dans des territoires contestés depuis des générations ; que beaucoup d’entre eux ont non seulement été déplacés lors de la création d’Israël, mais continuent d’être déplacés de force par un mouvement de colons qui a trop souvent reçu le soutien tacite ou explicite du gouvernement israélien », a-t-il poursuivi.

Obama était lui-même président pendant la guerre d’Israël contre Gaza en 2014, durant laquelle l’armée israélienne a lancé une offensive terrestre dans l’enclave assiégée.

À l’époque, il avait similairement soutenu les actions d’Israël, mais avait appelé à un cessez-le-feu. Cette guerre avait laissé apparaître des tensions dans la relation entre les États-Unis et Israël ; ce dernier avait d’ailleurs manœuvré dans le dos d’Obama pour se réapprovisionner en armes américaines.

« Le monde suit de près l’évolution des événements dans la région, et toute stratégie militaire de la part d’Israël qui ignorerait les coûts humains pourrait finir par se retourner contre lui », a averti Obama.

Les leçons de l’après 11 septembre

Dans la déclaration publiée lundi, l’ancien président américain a également averti Israël de ne pas répéter les erreurs commises par Washington après le déclenchement de plusieurs guerres au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.

« L’Amérique elle-même n’a parfois pas été à la hauteur de [ses] valeurs supérieures lorsqu’elle s’est engagée dans une guerre, et au lendemain du 11 septembre, le gouvernement américain n’a pas souhaité tenir compte des conseils, même de nos alliés, au sujet des mesures que nous prenions pour nous protéger d’al-Qaïda », a-t-il précisé.

Après les attentats du 11 septembre 2001, au cours desquels 3 000 personnes ont été tuées lorsque des pirates de l’air ont fait s’écraser des avions commerciaux sur les Twin Towers de New York, les États-Unis ont lancé une invasion de l’Afghanistan, accusant le pays d’héberger le groupe al-Qaïda, responsable des attaques.

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Ils ont également lancé plus tard une invasion de l’Irak et commencé à détenir des hommes dans des sites noirs de la CIA, puis dans le nouveau centre de détention de Guantánamo. Les États-Unis ont fini par se rendre coupables de nombreuses violations des droits de l’homme, notamment en recourant à la torture contre les détenus des sites noirs, de Guantánamo et de la prison d’Abou Ghraib en Irak.

Et quand Obama est arrivé au pouvoir, il a supervisé plus de frappes aériennes au cours de sa première année que son prédécesseur George W. Bush n’en avait mené pendant toute sa présidence.

Au total, 563 frappes aériennes, principalement effectuées par des drones, ont visé le Pakistan, la Somalie et le Yémen au cours des huit années de mandat d’Obama, contre 57 sous Bush, selon le Bureau of Investigative Journalism.

L’administration Obama a également réalisé des centaines de frappes en Libye et en Syrie. Le think tank Council of Foreign Relations estime que 3 797 personnes ont été tuées dans des frappes de drones pendant le mandat d’Obama, dont 324 civils – un chiffre contesté.

Ces frappes de drones ont notamment tué un citoyen américain, Anwar al-Awlaki, et son fils Abdulrahman, âgé de 16 ans.

Traduit de l’anglais (original).

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