Guerre Israël-Palestine : les soignants de France se mobilisent pour Gaza
Alors que l’offensive d’Israël à Gaza qui a débuté le 7 octobre dernier à la suite d’une opération du Hamas sur son sol a fait à ce jour plus de 20 000 morts côté palestinien, dont une grande majorité de femmes et d’enfants, à l’étranger et notamment en France, les soignants se mobilisent, en réponse en particulier aux attaques israéliennes contre des établissements et personnels de santé.
À Paris, le collectif des Blouses blanches pour Gaza, présent aux manifestations en soutien au peuple palestinien depuis plusieurs weekends, s’est formé depuis peu.
Salim, infirmier et co-fondateur, explique à Middle East Eye la naissance du collectif : « Depuis le début de la guerre à Gaza, nous étions, chacun de notre côté, préoccupés par la situation. Nous voyions le nombre de victimes civiles augmenter, les images apocalyptiques de Gaza. […]
« Au début du mois de novembre, les hôpitaux et leurs alentours étaient déjà souvent ciblés. Au bout de quelques jours, il y a eu cette attaque massive sur l’hôpital al-Chifa et on a décidé de se rassembler pour la manifestation du weekend en tant que soignants. On a alors lancé un appel et on s’est vite retrouvés en contact avec des centaines de soignants dans toute la France. »
« Notre message est clair : s’attaquer aux soignants et à leurs patients, peu importe où cela se passe, c’est s’attaquer à l’humanité tout entière. S’attaquer à la population civile gazaouie, c’est s’attaquer à toutes les populations civiles du monde »
- Khadija , infirmière et membre fondatrice des Blouses blanches pour Gaza
Le collectif a publié une tribune dans laquelle il appelle notamment à un cessez-le-feu immédiat et à l’ouverture de corridors humanitaires.
Khadija, infirmière et membre fondatrice des Blouses blanches pour Gaza, indique à MEE que si leur structuration est récente, le collectif vise à perdurer à long terme : « […] nous plantons les bases pour une mobilisation étendue. Des préparatifs sont faits pour l’aide humanitaire incluant un sondage pour les volontaires, une formation, des conférences et la sensibilisation par le biais des réseaux sociaux. »
« Notre message est clair : s’attaquer aux soignants et à leurs patients, peu importe où cela se passe, c’est s’attaquer à l’humanité tout entière. S’attaquer à la population civile gazaouie, c’est s’attaquer à toutes les populations civiles du monde. »
Le Dr Hibatullahi Trraf, médecin pédiatre, rappelle la nécessité de fédérer les soignants de France et du monde autour d’un objectif de paix et de sensibiliser la population, notamment soignante, à la cause palestinienne.
Pour la spécialiste basée à Clermont-Ferrand (centre), il est par ailleurs nécessaire « de prôner les valeurs éthiques et morales si chères à nos corps de métier telles que le code de déontologie, le serment d’Hippocrate. Nous voulons également sensibiliser les autorités gouvernementales qui ont les clés de la paix, en passant par nos supérieurs hiérarchiques, les autorités de santé : nous leur écrivons donc pour leur demander leur soutien. »
« Toutes ces images nous ont profondément bouleversées »
La détermination à se mobiliser et obtenir un cessez-le-feu est également présente chez Les Soignantes pour Gaza, qui se présente comme un collectif de « personnel hospitalier mobilisé.es contre le massacre du peuple palestinien et en soutien à nos collègues à Gaza », créé début novembre.
Nora, aide-soignante et co-fondatrice, explique à MEE : « Notre collectif est né de la volonté commune de professionnels de la santé de différentes structures hospitalières en région parisienne de manifester leur solidarité envers le peuple palestinien. […] Bien des collègues ont du mal à en parler parce que la question est devenue taboue car le gouvernement et les médias font un amalgame odieux en présentant le conflit comme une guerre de religion. »
Les Soignantes pour Gaza dénoncent en outre « l’absence ou très faible intervention des organisations de gauche ou syndicales ».
« Nous voulons montrer à l’ensemble des travailleurs et travailleuses qu’il est possible et qu’il faut se regrouper et dénoncer ouvertement le génocide en cours et l’hypocrisie de notre gouvernement face à la situation. »
Ils procèdent également, depuis plusieurs jours, à une distribution de tracts devant les hôpitaux franciliens.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre d’hôpitaux encore partiellement opérationnels à Gaza est passé de 36 à 9 depuis le début de la guerre, tous dans le sud de la bande côtière. Dans le nord, l’OMS a indiqué ce jeudi qu’il ne restait aucun hôpital fonctionnel en raison du manque de carburant, de personnel et de fournitures médicales.
Début décembre, l’agence onusienne indiquait que le taux d’occupation des lits s’élevait à 171 %, atteignant même 221 % dans les unités de soins intensifs.
L’OMS a rappelé le 10 décembre que conformément au droit international, les installations de santé devaient être protégées pendant les conflits. À cette date, elle avait comptabilisé plus de 449 attaques contre des établissements de santé à Gaza et en Cisjordanie occupée.
Nora le déplore : « En tant que soignantes, les images des hôpitaux de Gaza attaqués par l’armée israélienne, de nos collègues obligés de soigner sans eau, sans électricité, sans matériel, sans anesthésie ou analgésique pour amputer des enfants, toutes ces images nous ont profondément bouleversées. »
Ce mercredi, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a déclaré que les attaques israéliennes contre le système de santé gazaoui avaient pris « les formes les plus sadiques ».
« Les hôpitaux et le personnel médical sont sacrés », a-t-elle écrit sur X, « surtout à une époque de grandes destructions, de souffrances et de désespoir, comme cette guerre insensée contre la population de Gaza. »
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