Guerre Israël-Palestine : Gaza face à une « épidémie inévitable » tandis que les enfants meurent de faim
Le président et fondateur du Palestine Children’s Relief Fund, une organisation non gouvernementale américaine, a cherché à sensibiliser le public au fait que des enfants à Gaza étaient en train de mourir de faim, et que leurs décès n’étaient pas comptabilisés parmi les milliers de Palestiniens tués par les frappes israéliennes depuis le début de la guerre le 7 octobre.
« Aujourd’hui, j’ai reçu cet e-mail m’informant que son fils était mort de faim à Gaza. Khalil ne sera pas compté parmi les 10 000 enfants tués par les bombardements, mais tout aussi mort. Que Dieu accorde le repos à son âme », a déclaré Steve Sosebee.
Traduction : « Bonjour Monsieur Steve, je suis désolé mais je vous écris aujourd’hui pour vous dire que mon âme, mon fils Khalil, est parti, il est mort, il nous a quittés, il avait faim, en fait sa nourriture n’est pas disponible sur les marchés à cause de la situation que nous vivons dans la bande de Gaza et de la guerre. J’ai essayé de trouver sa nourriture, j’en ai trouvé un peu, mais ce n’était pas assez et trop tard, il m’a quitté. M. Steve, merci pour tout ce que vous avez fait pour mon enfant Khalil, merci beaucoup pour votre soutien, pour vos sentiments, merci. Yaser. »
Selon l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, les camions de l’ONU sont arrêtés à Gaza alors que des Palestiniens affamés par le siège israélien se rassemblent en grand nombre autour des refuges et des véhicules transportant de la nourriture.
L’agence a indiqué qu’il devenait de plus en plus difficile de fournir de l’aide en raison du grand nombre de personnes.
« Les gens arrêtent les camions d’aide, prennent la nourriture et la mangent immédiatement », a déclaré à la presse Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA, lors d’un événement pour les réfugiés à Genève.
« La faim a fait son apparition ces dernières semaines et nous rencontrons de plus en plus de personnes qui n’ont pas mangé depuis un, deux ou trois jours. »
« La tempête parfaite pour la maladie »
Des médecins et travailleurs humanitaires ont par ailleurs rapporté à l’agence de presse Reuters qu’alors que le système de santé gazaoui était à genoux, sans nourriture, sans eau et sans abri, les habitants de Gaza étaient confrontés à une épidémie inévitable.
« La tempête parfaite pour la maladie a commencé. Il s’agit maintenant de savoir à quel point la situation pourra empirer », a déclaré mardi James Elder, porte-parole principal du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF).
Entre le 29 novembre et le 10 décembre, les cas de diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans à Gaza ont bondi de 66 % pour atteindre les 59 895 cas, et de 55 % dans le reste de la population, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’agence onusienne a précisé que ces chiffres étaient certainement incomplets en raison de l’effondrement total des services à Gaza causé par les bombardements israéliens.
Le chef du service de pédiatrie de l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de Gaza, le Dr Ahmed al-Farra, a déclaré mardi à Reuters que son service était rempli d’enfants souffrant de déshydratation extrême, ce qui peut provoquer dans certains cas une insuffisance rénale, tandis que le taux de diarrhées sévères était quatre fois plus élevé que la normale.
Fin novembre, l’Organisation mondiale de la santé avait prévenu que si le système de santé gazaoui restait dans son état actuel, davantage de Palestiniens pourraient mourir de maladies que des bombardements israéliens.
« À terme, nous verrons plus de personnes mourir de maladies que nous n’en voyons mourir à cause des bombardements si nous ne parvenons pas à rétablir ce système de santé », a déclaré Margaret Harris, porte-parole de l’OMS, lors d’un point de presse des Nations unies à Genève.
Elle s’est dite préoccupée par la recrudescence des épidémies de maladies infectieuses, notamment de maladies diarrhéiques.
« [Il n’y a] aucun médicament, aucune activité de vaccination, aucun accès à l’eau potable, à l’hygiène et aucune nourriture. Nous avons constaté un nombre très élevé de cas de diarrhée chez les nourrissons », a ajouté Harris, citant un rapport de l’ONU sur les conditions de vie des Palestiniens déplacés dans le nord de Gaza.
L’UNRWA avait précédemment averti que le manque d’eau potable à Gaza avait contraint les gens à boire de l’eau saumâtre, suscitant des inquiétudes quant à la propagation de maladies d’origine hydrique.
Pour aggraver le tout, des vents violents et de fortes pluies balaient la bande de Gaza, accentuant les difficultés pour les déplacés. La pluie déchire et inonde les tentes fragiles, détrempe les vêtements et les couvertures, et expose les gens au froid.
Selon un dernier bilan du ministère palestinien de la Santé, depuis le début de la guerre le 7 octobre, 18 787 Palestiniens ont été tués par l’offensive israélienne dans la bande côtière assiégée, dont environ deux tiers de femmes et d’enfants.
Selon les estimations du ministère, 50 897 Palestiniens ont par ailleurs été blessés au cours de la même période.
Traduit de l’anglais (original).
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