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Assassin’s Creed Mirage : le nouvel opus de la série à succès s’installe en Irak

La série inspirée de l’ordre chiite ismaélien des Assassins se déroulera sous le califat abbasside au IXe siècle
Les jeux Assassin’s Creed sont salués pour l’attention qu’ils portent à leur univers (Ubisoft/Assassin’s Creed Mirage)
Par MEE

La célèbre série vidéoludique Assassin’s Creed revient au Moyen-Orient pour son prochain opus intitulé Assassin’s Creed Mirage, a annoncé le développeur Ubisoft.

La société a officiellement confirmé la nouvelle le 1er septembre, quelques jours après des fuites qui ont révélé le cadre et le personnage principal du projet à venir et mis en ébullition les fans de la série.

Ubisoft a annoncé que plus de détails sur le jeu seraient révélés le 10 septembre, alors que selon les informations relayées, cet opus se concentrera davantage sur un gameplay linéaire incorporant des éléments d’infiltration – le parcours du joueur est tracé et ce dernier utilise alors principalement l’infiltration pour vaincre ses adversaires – plutôt que sur le format de monde ouvert offert par les titres précédents.

Le studio canadien de la société française présente un palmarès impressionnant en matière de jeux d’infiltration, puisqu’il a également produit les jeux Splinter Cell.

Dans Mirage, les joueurs incarneront Basim Ibn Ishaq, présenté pour la première fois aux fans dans Assassin’s Creed Valhalla (2020), qui se déroule à l’époque de l’invasion de l’Angleterre par les Vikings.

Membre de Ceux qu’on ne voit pas, précurseurs de l’ordre des Assassins apparu au XIe siècle, Basim Ibn Ishaq serait une réincarnation au IXe siècle du dieu nordique Loki.

Traduction : « Samarra, capitale du califat abbasside. Irak, vers 860-870. Quel décor pour Assassin’s Creed ! »

Si le premier Assassin’s Creed se déroulait au Moyen-Orient à l’époque de la troisième croisade, les jeux suivants ont parcouru d’autres régions du monde, avec notamment des passages dans l’Empire ottoman du début du XVIe siècle (Revelations) ainsi que dans l’Égypte du Ier siècle av. J.-C. (Origins).

La série vidéoludique, dont le premier opus est sorti en 2007, compte aujourd’hui douze jeux principaux, dix-sept jeux dérivés et un film sorti en 2016. 

Ces jeux sont salués pour les univers qu’ils développent, avec des tenues et des décors adaptés à l’époque dans laquelle ils se situent.

L’ordre des Assassins

Bien que fictive, la série vidéoludique s’inspire de l’ordre des Assassins, un ordre militaire historique issu du courant chiite ismaélien.

Connus pour leurs stratégies audacieuses face à leurs ennemis, les Assassins existèrent entre le XIe siècle et le milieu du XIIIe siècle. Ils furent alors vaincus et dispersés par les envahisseurs mongols.

En infériorité numérique sur le plan militaire, ils assassinaient leurs adversaires, généralement des dirigeants musulmans et croisés de haut rang, après avoir infiltré leur cercle intérieur en se déguisant.

Conscients de leur mort certaine lors de leurs missions, les Assassins se battaient jusqu’à la mort après avoir rempli leur objectif et s’appelaient eux-mêmes fedayin, un mot arabe et persan signifiant « ceux qui sont prêts à se sacrifier ».

Le château de Masyaf, dans la province de Hama (Syrie), était une base de l’ordre des Assassins (Wikimedia/Hatem Keylani)
Le château de Masyaf, dans la province de Hama (Syrie), était une base de l’ordre des Assassins (Wikimedia/Hatem Keylani)

Le mot français « assassin » est issu de l’ordre éponyme établi en Syrie et en Iran pendant la période des croisades.

Alimenté par un zèle religieux fanatique, il fut créé en 1090 par un prédicateur ismaélien nommé Hasan-i Sabbah.

Ancien chiite duodécimain, il consacra sa vie à la diffusion de la doctrine ismaélienne, mais l’opposition des courants sunnite et chiite dominants l’obligea à former un ordre militaire pour protéger ses disciples.

Pour y parvenir efficacement, il entreprit avec ses disciples d’établir des forteresses dans les régions montagneuses de Syrie et d’Iran, ce qui lui permit de gagner des adeptes dans les villages environnants.

Le plus célèbre de ces châteaux était la forteresse d’Alamut. Nichée dans la chaîne de montagnes de l’Elbourz, dans l’actuel Iran, celle-ci devint le siège principal des Assassins.

Selon la légende, Hasan-i Sabbah serait entré dans le château après avoir rallié à sa cause la plupart de ses défenseurs, avant de renverser le commandant seldjoukide par un coup d’État sans effusion de sang et de le congédier avec un sac d’or. 

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Une fois ce point d’appui établi, il profita d’une autonomie effective vis-à-vis de l’Empire seldjoukide, se servant de la forteresse comme base pour former ses fedayin.

Cet entraînement consistait à former des combattants fanatiques, déterminés dans leur objectif et prêts à mourir pour leur foi.

Étant donné la nature secrète de l’ordre, une multitude de mythes et de légendes se sont développés autour d’Alamut, ce dont se sont inspirés les créateurs d’Assassin’s Creed ainsi que d’autres auteurs et artistes.

L’exemple le plus célèbre est le roman Alamut de Vladimir Bartol, auteur slovène du début du XXe siècle, dans lequel on lit que Hasan-i Sabbah créa un somptueux jardin semblable à un « paradis » sur les terres d’Alamut, peuplé de fleurs exotiques, de bêtes apprivoisées et de filles esclaves.

Les recrues potentielles recevaient une boule de haschisch qui les mettait dans un état de transe avant que le jardin leur soit présenté. On leur disait alors qu’il s’agissait du Paradis.

Avant de pouvoir profiter de ce que ce lieu avait à offrir, ils étaient renvoyés dans le « monde réel », où ils apprenaient qu’ils ne pouvaient accéder à nouveau à ce paradis qu’en s’engageant dans la cause ismaélienne et en se préparant à mourir pour l’ordre.

Dans les jeux Assassin’s Creed, l’ordre descendrait en réalité d’un groupement préislamique dont les racines se trouvent dans l’Égypte ancienne, qui défend des vérités religieuses distinctes des grandes religions mais déguisées pour éviter les persécutions.

Les vestiges d’Alamut sont visibles sur cette photo prise dans la chaîne de montagnes de l’Elbourz, en Iran (Wikimedia/Julia Maudlin)
Les vestiges d’Alamut sont visibles sur cette photo prise dans la chaîne de montagnes de l’Elbourz, en Iran (Wikimedia/Julia Maudlin)

Les sunnites et les chiites, qui qualifiaient les ismaéliens d’hérétiques et de « fauteurs de troubles », employaient le terme péjoratif de hashashin (« ceux qui prennent du haschisch ») pour les désigner. 

En dépit de cette interprétation, les Assassins se jouèrent habilement du paysage politique environnant durant deux siècles et parvinrent à éliminer des vizirs seldjoukides, des émirs et des croisés.

Ce n’est qu’après l’invasion lancée par le souverain mongol Houlagou Khan en 1256 que les Assassins furent écrasés et que leurs châteaux furent pris. 

Les Mongols avaient eu vent de la réputation de l’ordre et tenaient à s’assurer qu’il ne serait pas une nuisance pendant leur règne.

Les survivants auraient fui vers l’Asie centrale, l’Inde et même jusqu’en Hongrie, où ils s’assimilèrent aux populations locales ou rejoignirent les communautés ismaéliennes locales.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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