Israël largue des tracts pour le Ramadan sur Gaza, appelant la population à nourrir les nécessiteux
Les Palestiniens ont dénoncé le largage de tracts par Israël sur Gaza à l’occasion du mois sacré du Ramadan comme relevant de la « torture psychologique ».
Les tracts appellent les citoyens à « nourrir les nécessiteux et à parler avec gentillesse » à un moment où des centaines de milliers de personnes dans ce territoire assiégé risquent de souffrir de la faim en raison du blocus israélien sur les approvisionnements en nourriture et en eau.
Au moins vingt Palestiniens sont morts de déshydratation et de malnutrition depuis le début de la guerre le 7 octobre, Israël ayant coupé tout approvisionnement en nourriture, en aide, en électricité et en carburant pour l’enclave assiégée.
Le tract, rédigé en arabe, comporte des images de lanternes typiquement utilisées comme décorations pour le Ramadan.
On peut y lire une prière demandant à Dieu que « les jeûnes soient acceptés et les péchés pardonnés » et que les Palestiniens de la région aient une « délicieuse rupture du jeûne ».
Les journalistes et les militants ont dénoncé les tracts et souligné que la faim ne serait pas aussi répandue à Gaza si ce n’était pas à cause d’Israël.
May el-Sadany, avocate spécialisée dans les droits de l’homme, a qualifié ce geste de « profondément dépravé », ajoutant qu’Israël était « responsable de la famine du peuple palestinien ».
Traduction : « Israël, responsable de la famine du peuple palestinien, largue des tracts sur les habitants de Gaza quelques jours avant le Ramadan, leur rappelant de nourrir les nécessiteux et de parler avec gentillesse, et leur ‘’souhaitant’’ que leur jeûne soit accepté, que leurs péchés soient pardonnés et que leur rupture du jeûne soit délicieuse. Profondément dépravé. »
Traduction tweet retweeté : « Israël a largué des tracts sur Gaza pour leur souhaiter un bon Ramadan et leur rappeler de nourrir les nécessiteux. Torture psychologique. »
La journaliste palestinienne Hebh Jamal l’a qualifié de « torture psychologique ».
« Nourrir les nécessiteux ? Et donc, l’ensemble de la population de Gaza ? Ce qu’ils ne peuvent pas faire parce qu’Israël a coupé leur approvisionnement en nourriture », a répondu un autre utilisateur X.
Au bord de la famine
Le Ramadan va débuter la semaine prochaine, tandis qu’environ deux millions de Palestiniens de Gaza ont été déplacés selon les Nations unies. La plupart d’entre eux sont réfugiés dans des camps de déplacés, des écoles et des abris de fortune.
Depuis le 7 octobre, au moins 30 000 Palestiniens de Gaza ont été tués et au moins 70 000 personnes ont été blessées, ce qui suscite de nombreuses appréhensions à la veille du début du mois sacré.
Gaza est au bord de la famine, a averti fin février le Commissaire général de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
« La dernière fois que l’UNRWA a pu livrer de l’aide alimentaire au nord de Gaza, c’était le 23 janvier », a écrit Philippe Lazzarini sur les réseaux sociaux.
Au moins 500 000 personnes sont confrontées à la famine, tandis que la quasi-totalité de la population de Gaza, soit 2,3 millions de personnes, souffre d’une pénurie alimentaire aiguë, selon les chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies.
Ce n’est pas la première fois qu’Israël largue des tracts sur Gaza à la veille du Ramadan.
En juin 2018, les forces israéliennes avaient largué des tracts à l’aide de drones sur Gaza dans le contexte des manifestations de la Grande Marche du retour, au cours desquelles au moins 223 Palestiniens avaient été tués.
« Résidents de la bande de Gaza ! Salutations, et que le Ramadan vous apporte des bénédictions », pouvait-on lire sur les tracts.
« Un homme sage considère les résultats de ses actions à l’avance et choisit l’action dont les bénéfices l’emportent sur les coûts. Si vous prenez cela en considération quant à l’approche ou au franchissement de la barrière, vous arriverez à la conclusion que cet acte n’en vaut pas la peine et qu’il est même néfaste. »
Traduit de l’anglais (original) par Imène Guiza.
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