Un nouveau rapport de l’ONU accuse Israël de « persécution » à l’encontre des Palestiniens
Les agissements d’Israël à l’encontre des Palestiniens de Cisjordanie occupée s’apparentent à de la « persécution », affirme la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, dans un rapport rendu public mardi.
« La concrétisation du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination exige le démantèlement définitif de l’occupation coloniale menée par Israël et de ses pratiques d’apartheid », écrit Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies.
Daté du 21 septembre 2022, le rapport détaille les efforts déployés par Israël dans le but d’anéantir l’identité et la souveraineté collectives palestiniennes. Il cite notamment l’attaque des forces israéliennes contre les porteurs du cercueil de la journaliste Shireen Abu Akleh, décoré de leur drapeau national, au cours de ses funérailles le 13 mai 2022.
Francesca Albanese évoque également l’usage d’une force létale à l’encontre de journalistes et travailleurs humanitaires qui critiquent Israël, ainsi que les mesures de détention visant des dirigeants politiques palestiniens. Le rapport aborde le cas plus récent de Salah Hamouri, un avocat franco-palestinien originaire de Jérusalem, détenu sans inculpation ni procès depuis le 7 mars 2022 sur la base d’allégations de terrorisme.
Selon le rapport, près de 4 500 Palestiniens sont actuellement détenus, dont 730 sans aucune charge et en grande partie sur la base de preuves tenues secrètes, tandis que des enfants âgés d’à peine 12 ans sont victimes d’arrestations et de mesures de détention arbitraires – chaque année, 500 à 700 mineurs sont placés en détention par le gouvernement israélien.
En août, les forces israéliennes ont fermé les bureaux de sept groupes de défense des droits de l’homme issus de la société civile palestinienne en Cisjordanie occupée, une mesure dénoncée par le rapport comme une utilisation abusive de la législation antiterroriste.
« Ceci ressemble à un effort visant à réduire encore davantage voire à interdire complètement l’espace propice à la surveillance des droits de l’homme et l’opposition légale à l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens. »
Selon Francesca Albanese, il est temps de procéder à un « changement de paradigme » dans les relations d’Israël avec la communauté internationale.
Critiquant les initiatives engagées par plusieurs États de la région pour normaliser leurs relations avec Israël, elle juge les tentatives de rétablissement de la paix « inefficaces », dans la mesure où ces efforts « ne focalisent pas leurs approches sur les droits de l’homme, en particulier le droit à l’autodétermination, et négligent les fondements coloniaux de l’occupation israélienne ».
Le rapport invite le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme à publier une base de données actualisée des entreprises impliquées dans les colonies. Les activités économiques en Cisjordanie occupée ont récemment fait l’objet d’une attention particulière, à travers l’action en justice intentée par le fabricant de crèmes glacées Ben & Jerry’s concernant la vente de ses activités en Cisjordanie occupée par sa société mère Unilever.
Le rapport appelle les États à exiger la fin immédiate de l’occupation illégale de la Cisjordanie par Israël et la restitution de toutes les terres et ressources dont les Palestiniens ont été chassés et dépossédés, indépendamment de négociations entre Israël et la Palestine, afin d’avancer vers une résolution du conflit.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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