Israël : pour le chef de la police, les « Arabes s’entretuent. C’est leur nature »
Dans un enregistrement fuité par la douzième chaine de télévision israélienne, on entend une discussion entre le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et le chef de la police Kobi Shabtai dans laquelle ce dernier tient des propos racistes envers les citoyens palestiniens d’Israël.
Cette discussion date d’une réunion privée la semaine écoulée entre les deux responsables. À cette occasion, Itamar Ben-Gvir interrogeait l’Inspecteur général de la police sur la hausse de la criminalité dans la communauté des Palestiniens de 48 (qui ont réussi à rester après la Nakba) tout en insistant sur le besoin d’une garde nationale pour lutter contre ce phénomène.
« Un meurtre après l’autre. Cela a franchi toutes les lignes. Nous avons besoin d’une garde nationale forte », a déclaré Ben-Gvir. Le patron de la police lui répond : « Monsieur le Ministre, il n’y a rien à faire. Ils s’entretuent. C’est leur nature. C’est la mentalité des Arabes. »
La divulgation de cette conversation a provoqué plusieurs réactions. Ayman Odeh, président du parti communiste Hadash, a déclaré que « le nombre de Palestiniens tués dans [des incidents criminels en] Israël [était] sept fois plus élevé que le nombre de Palestiniens tués [dans des incidents criminels] en Cisjordanie, à Gaza et en Jordanie ».
Et d’en conclure : « Ce n’est pas la nature des Palestiniens, c’est la nature de l’establishment raciste. » Le député à la Knesset a exigé que « le commissaire raciste Shabtai » soit limogé.
Mansour Abbas, vice-président de la Knesset et président de la Liste arabe unie, a jugé que le commissaire devrait s’excuser et retirer ses « remarques obscènes sur la société arabe » et que le Premier ministre devrait condamner ces propos.
« Je m’attends à ce que le commissaire de police retire ses propos obscènes sur la société arabe et présente ses excuses au public arabe ou démissionne de son poste », a-t-il ajouté.
La police tacle Ben-Gvir
Pour sa part, le bureau du chef de la police a déclaré que les remarques, issues d’une conversation privée, avaient été « sorties de leur contexte » et a exprimé son « choc » que celle-ci ait été divulguée. Mais sans exprimer le moindre regret quant aux propos de Shabtai.
« La police est choquée que le ministre et son bureau enregistrent des conversations personnelles entre le ministre et le chef [de la police], et est scandalisée que les choses aient été sorties de leur contexte dans une conversation qui traitait des modèles de comportement dans la société arabe qui ne révèle pas l’identité des meurtriers même lorsque cela est connu des proches des victimes », indique le communiqué de la police.
« Le nombre de Palestiniens tués dans [des incidents criminels en] Israël est sept fois plus élevé que le nombre de Palestiniens tués [dans des incidents criminels] en Cisjordanie, à Gaza et en Jordanie. Ce n’est pas la nature des Palestiniens, c’est la nature de l’establishment raciste [israélien] »
- Ayman Odeh, député à la Knesset
« Ce comportement remet en cause la capacité de la police à rendre compte au ministre sans craindre la divulgation des sources et la déformation des conversations », a ajouté la police.
Cette controverse intervient dans un contexte où le patron de la police s’est opposé à la création d’une garde nationale sous le commandement du ministre de la Sécurité nationale.
« La création d’une garde nationale subordonnée au bureau [de Ben-Gvir] est une mesure inutile qui aura un prix très élevé, au point de nuire à la sécurité individuelle des citoyens », avait déclaré le chef de la police lors d’une réunion publique, quelque temps avant la divulgation de sa conversation avec le ministre de la Sécurité nationale.
« Déconnectée du contrôle de la police, la garde nationale anéantira la sécurité individuelle ; ce sera un gaspillage de ressources et cela conduira, à terme, à une désintégration de la police israélienne, qui sera rongée de l’intérieur », a-t-il mis en garde.
La création d’une garde nationale par le gouvernement fait partie d’un deal entre Ben-Gvir et Benyamin Netanyahou. Le ministre de la Sécurité nationale a accepté le gel du projet de la controversée réforme judiciaire en échange de la création d’une garde nationale dont il serait le seul responsable.
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