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Israël : la police accusée de fermer les yeux sur la vague de criminalité qui touche la communauté palestinienne

De nombreux facteurs, comme le manque de services ou de logements, expliquent les taux élevés de criminalité au sein de la minorité palestinienne en Israël. Mais nombreux sont ceux qui accusent les forces de l’ordre israéliennes de complicité
Des citoyens palestiniens d’Israël manifestent contre l’inaction de la police israélienne face aux crimes violents dans la ville de Majd al-Krum, dans le nord d’Israël, le 2 octobre (Reuters)
Par Jonathan Cook à NAZARETH, Israël

​​​​​​Ces dernières semaines, les citoyens palestiniens d’Israël ont intensifié leurs protestations contre la police et le gouvernement israéliens en menant notamment, jeudi 10 octobre, une opération escargot sur l’autoroute la plus fréquentée du pays en direction de Jérusalem, où se tenait une grande manifestation.

Il s’agissait du dernier épisode en date d’une série de manifestations de grande envergure organisées par la minorité palestinienne d’Israël, qui exprimait ainsi sa colère face à l’inaction de la police vis-à-vis de la vague de violence qui sévit dans la communauté. Plus de 70 personnes ont été tuées rien que cette année.

Traduction : « Nous n’avions d’autre choix que de bloquer la route 6. Nous sommes en situation d’urgence et nous ne devons pas attendre la prochaine victime. Une société sans armes est dans notre intérêt à tous ! »

Le week-end précédent, les Palestiniens d’Israël avaient pris le contrôle de nombreux carrefours pour bloquer la circulation, provoquant de longs embouteillages, dans l’objectif de faire connaître leurs revendications à la population juive du pays, apparemment indifférente.

Les 1,8 million de citoyens palestiniens d’Israël – descendants des Palestiniens qui ont réussi à éviter l’expulsion lors de la création de l’État en 1948 – représentent un cinquième de la population du pays. Cependant, cette année, ils sont impliqués dans 80 % des meurtres perpétrés en Israël, contre 5 % il y a vingt ans.

Selon les chiffres du Centre Aman, qui milite contre la violence parmi les citoyens palestiniens d’Israël, septembre a été le mois le plus meurtrier de tous les temps avec treize Palestiniens tués dans le cadre d’activités criminelles.

Une enquête publiée le 10 octobre par le journal Haaretz révèle que la police a résolu moins d’un tiers des meurtres commis dans la communauté palestinienne vivant en Israël cette année, soit la moitié du taux correspondant dans les communautés juives.

Zones de non-droit

Les citoyens palestiniens d’Israël ont également organisé une journée de grève générale début octobre afin de protester contre le fait que les services de police ne prenaient aucune mesure de répression contre les familles de criminels bien connues, ni ne confisquaient leur arsenal d’armes ou menaient d’enquête approfondie sur la vague d’homicides.

Les dirigeants de la minorité palestinienne affirment que leurs villes et villages ont été essentiellement abandonnés par la police, créant ainsi un vide qui a été comblé par les organisations criminelles. De nombreux meurtres sont le résultat de vendettas, de guerres de gangs et de violences domestiques. À plusieurs reprises, des passants ont été abattus, y compris des enfants.

Des dizaines de milliers de personnes ont assisté à une manifestation contre la police israélienne à Majd al-Krum, une ville palestinienne de Galilée centrale où trois hommes ont été tués dans une fusillade début octobre (Reuters)
Manifestation contre la police israélienne à Majd al-Krum, une ville palestinienne de Galilée où trois hommes ont été tués dans une fusillade début octobre (Reuters)

Mais nombreux sont ceux qui soupçonnent les forces de l’ordre d’être activement complices du bain de sang. La police israélienne a toujours recruté des familles de criminels palestiniens en tant qu’informateurs afin de recueillir des informations sur la minorité.

Selon les dirigeants de la communauté, l’impression générale est que la police est davantage intéressée à maintenir ses relations avec ces criminels qu’à lutter contre la criminalité.

Liens avec les criminels

Le Haut comité de suivi pour les citoyens arabes d’Israël – la direction politique de la minorité palestinienne – a publié un communiqué dans lequel il a dénoncé « un complot entre la police et les organisations criminelles ». « Les autorités savent très bien d’où proviennent les armes dans les villes arabes », pouvait-on lire.

Selon les estimations de la police, il pourrait y avoir jusqu’à un demi-million d’armes en circulation dans les communautés palestiniennes en Israël. La plupart auraient pour origine des bases militaires israéliennes.

« Il existe un cercle d’intérêts pourris unissant la police, les politiciens et la classe criminelle en vue de maintenir une situation dans laquelle les communautés palestiniennes sont faibles, divisées et craintives »

- Aida Touma-Suleiman, députée palestinienne à la Knesset

Ahmed Tibi, député palestinien à la Knesset, le Parlement israélien, a émis une déclaration à ce propos : « Il est illusoire de penser que les services de renseignement de la police ne savent pas qui les introduit ni d’où elles proviennent. S’il s’agissait d’armes introduites clandestinement pour être utilisées par des terroristes, elles auraient été confisquées et les responsables auraient été mis en prison en un rien de temps. »

Dans sa déclaration, le Haut comité déplore que les responsables israéliens exploitent la vague de violence pour « attaquer le tissu social du public arabe ».

Selon Aida Touma-Suleiman, membre de la Knesset pour la Liste unifiée, alliance qui regroupe quatre partis palestiniens, la police dispose des outils nécessaires pour empêcher la violence, mais manque de volonté.

« Les gens se demandent comment il est possible que la police devienne soudainement incompétente lorsque le problème est de juguler la criminalité dans les communautés arabes », déclare-t-elle à Middle East Eye.

Comme beaucoup, Touma-Suleiman pense qu’il y a anguille sous roche. Elle soupçonne les responsables israéliens de vouloir remplacer les dirigeants nationaux palestiniens en Israël par des dirigeants locaux compromis et liés au crime.

« Il existe un cercle d’intérêts pourris unissant la police, les politiciens et la classe criminelle en vue de maintenir une situation dans laquelle les communautés palestiniennes sont faibles, divisées et craintives », estime-t-elle.

« Une société très violente »

La police, quant à elle, affirme que ses efforts ont été contrecarrés par un manque de coopération côté palestinien. Micky Rosenfeld, un porte-parole des forces de l’ordre, a déclaré à MEE que la vague de criminalité était en grande partie le résultat d’un « échec des dirigeants arabes à aider la police ».

Les dirigeants de la minorité palestinienne se plaignent pour leur part d’avoir trouvé peu d’alliés dans la campagne qu’ils mènent depuis plusieurs années pour mettre fin à l’effusion de sang.

Les commentaires du ministre de la Sécurité publique Guilad Erdan en attestent. Cet allié ultra-nationaliste du Premier ministre Benyamin Netanyahou a attribué la vague d’homicides à une « culture arabe » violente.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou (à droite) et le ministre de la Sécurité publique Guilad Erdan lors d’une réunion du gouvernement en 2016 (AFP)
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou (à droite) et le ministre de la Sécurité publique Guilad Erdan lors d’une réunion du gouvernement en 2016 (AFP)

Le 7 octobre, il a déclaré sur les ondes de Jerusalem Radio : « C’est une société très, très violente – et mille fois encore – très violente. […] Beaucoup de conflits qui se terminent ici [parmi les juifs israéliens] avec un procès, là-bas, ils sortent un couteau et une arme à feu. »

Accusant le gouvernement de « blâmer les victimes », Ayman Odeh, chef de file de la Liste unifiée, a observé que les chiffres de la criminalité démentaient les accusations d’Erdan.

Dans un article paru dans Haaretz, il a souligné que malgré le grand nombre d’armes dans les territoires occupés, le taux d’homicides parmi les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza différait peu de celui de la société juive israélienne.

Il y a une vingtaine d’années, a-t-il ajouté, le nombre de meurtres commis parmi les citoyens juifs et les Palestiniens d’Israël était identique. Mais ces dernières années, le taux a grimpé en flèche au sein de la minorité palestinienne, étant désormais six fois plus élevé que celui des juifs israéliens et des Palestiniens de Cisjordanie.

Le « parfait orage »

Thabet Abu Ras, codirecteur de l’Abraham Fund Initiatives, une organisation qui promeut la coexistence entre citoyens juifs et palestiniens, déclare à MEE que les communautés palestiniennes d’Israël ont été frappées par un « parfait orage de problèmes créés par les autorités ».

« Le crime est le seul endroit en Israël où il existe une sorte d’intégration significative entre juifs et Arabes »

- Thabet Abu Ras, Abraham Fund Initiatives

D’après lui, un manque d’institutions publiques, allant des postes de police aux bureaux gouvernementaux, a fait que la communauté s’est retrouvée coupée du reste de la société israélienne. La pauvreté et la négligence ont en outre créé des conditions propices à la criminalité, explique-t-il.

La confiscation par l’État de terres appartenant à la communauté palestinienne et la politique consistant à lui refuser de nouveaux permis de construire ont également créé de graves problèmes de surpopulation et de manque de logements, ce qui a déclenché des conflits interfamiliaux qui sont parfois devenus violents.

L’absence de services bancaires dans de nombreuses villes palestiniennes et les difficultés rencontrées par les citoyens palestiniens pour obtenir des prêts et des hypothèques sont un autre facteur qui a contribué à renforcer le rôle des groupes criminels, lesquels prêtent de l’argent à des taux exorbitants que les emprunteurs ne peuvent souvent pas se permettre de rembourser.

En outre, la faiblesse des institutions locales au sein de la minorité et la préférence accordée par l’État aux familles élargies en tant que dirigeants alternatifs ont encouragé les organisations criminelles à intimider les autorités locales afin de contrôler les ressources de la communauté.

Enfin, une action plus musclée de la police à l’encontre des malfaiteurs juifs dans des villes israéliennes telles que Nahariya et Netanya ces dernières années a forcé ces derniers à s’allier à la communauté du crime organisé palestinienne pour poursuivre leurs activités.

« Le crime est le seul endroit en Israël où il existe une sorte d’intégration significative entre juifs et Arabes », ironise Thabet Abu Ras.

Brutalité policière

Dans son article sur Haaretz, Ayman Odeh blâme le « racisme gouvernemental » qui « nous considère comme des ennemis plutôt que des citoyens ». Il appelle les juifs israéliens ordinaires « qui croient en la démocratie à se joindre à [eux] dans la bataille pour une société sans armes à feu ». « Éliminer la violence est dans l’intérêt civique de tous », rappelle-t-il.

Les initiatives qui ont eu lieu dans la rue ces dernières semaines sont ainsi vues comme un moyen de contourner l’apparente indifférence des responsables israéliens en interpellant directement les citoyens juifs israéliens.

En Israël, le commandement de la police nationale est presque exclusivement juif – jusqu’à récemment dirigé par un ancien officier de la police secrète, Roni Alsheikh, connu pour être un fervent partisan des colonies de peuplement illégales dans les territoires palestiniens occupés.

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Peu de commissariats sont opérationnels dans les communautés palestiniennes d’Israël et les forces de police sont largement considérées avec suspicion. Lorsque les officiers de police pénètrent dans les villes et villages palestiniens du pays, c’est généralement dans le cadre d’opérations de type militaire visant à imposer la démolition de logements ou à réprimer de force des manifestations.

La confiance a été davantage érodée par le fait que la police des frontières, une force paramilitaire qui constitue une composante majeure des services de sécurité israéliens, opère à la fois en Israël et en Cisjordanie occupée, utilisant des méthodes de répression violentes.

Des dizaines de citoyens palestiniens d’Israël sont morts aux mains de la police au cours des deux dernières décennies, souvent dans des circonstances inexpliquées. Ces décès font rarement l’objet d’une enquête.

Une commission d’enquête judiciaire menée il y a près de vingt ans a conclu que la police avait pour culture de traiter les citoyens palestiniens comme « un ennemi ». Peu semble avoir changé depuis.

Incitation à la haine de la part du gouvernement

Des problèmes similaires se posent au niveau politique. Les partis palestiniens ont toujours été exclus des postes gouvernementaux et les députés de la minorité palestinienne n’ont aucune influence sur le Parlement.

Guilad Erdan et Benyamin Netanyahou incitent régulièrement à la haine contre la minorité palestinienne. Au cours de la campagne électorale qui a eu lieu le mois dernier, Netanyahou a cherché à mobiliser les électeurs juifs à son profit en lançant un avertissement : « Les Arabes veulent nous anéantir tous – femmes, enfants et hommes. »

Des révélations récentes ont également mis en cause le ministre de la Sécurité publique pour avoir activement contribué à dissimuler les éléments de preuve démontrant que la police avait abattu illégalement un citoyen palestinien lors d’une démolition de maisons dans le village d’Umm al-Hiran (Néguev) en 2017. Lors de cet incident, le dirigeant de la Liste unifiée Aiman Odeh aurait également été touché par une balle dont la pointe est recouverte de caoutchouc.

Une femme passe devant des magasins fermés lors d’une grève générale à Jérusalem-Est en 2009 (AFP)
Une femme passe devant des magasins fermés lors d’une grève générale à Jérusalem-Est en 2009 (AFP)

Cette hostilité a obligé les dirigeants de la communauté à prendre des mesures drastiques pour faire connaître ses préoccupations au grand public israélien.

En plus de l’opération escargot sur la route 6, elle a prévu d’organiser de grandes manifestations devant le siège de la police régionale à Nazareth à la fin du mois et d’installer une tente de protestation à côté des bureaux du gouvernement à Jérusalem.

Le blocage des routes est une forme d’action directe familière en Israël – quoique principalement auprès de la population juive. En effet, les colons ont à maintes reprises bloqué des routes et même jeté des pierres sur les forces de sécurité dans le cadre de leurs manifestations.

Mais alors que les manifestations juives, quelle que soit leur violence, sont généralement traitées avec délicatesse par les forces de sécurité israéliennes, les citoyens palestiniens sont habitués à des réactions très différentes à leurs propres manifestations, en particulier lorsqu’elles se déroulent dans des zones fréquentées par les juifs.

Balles réelles

Les Palestiniens d’Israël ont souvent été victimes de passages à tabac, de gaz lacrymogènes et d’arrestations lors de manifestations.

Un officier de police a cassé la jambe de Jafar Farah après son arrestation lors d’une manifestation pacifique à Haïfa l’an dernier (AFP)
Un officier de police a cassé la jambe de Jafar Farah après son arrestation lors d’une manifestation pacifique à Haïfa l’an dernier (AFP)

L’année dernière, l’un des principaux activistes de la communauté palestinienne, Jafar Farah, a été arrêté avec vingt autres personnes lors d’une manifestation pacifique dans la ville de Haïfa contre les tirs meurtriers de l’armée israélienne sur des manifestants à Gaza. En garde à vue, un policier lui a cassé la jambe et aurait agressé plusieurs autres manifestants.

À ce sujet, les événements d’octobre 2000 sont profondément ancrés dans la mémoire collective de la minorité palestinienne. Cette année-là, lors de manifestations sur les principales routes du pays en solidarité avec les Palestiniens tués par l’armée israélienne au début de la seconde Intifada, la police avait tué treize citoyens palestiniens et en avait blessé plusieurs centaines d’autres au moyen de balles réelles et de balles en acier recouvertes de caoutchouc.

Les enquêtes ont été superficielles et aucun policier n’a été inculpé pour ces décès.

Demande d’égalité de traitement

Cette fois, les dirigeants de la communauté palestinienne d’Israël estiment que la police devra faire preuve de plus de prudence.

Au début du mois, alors qu’une manifestation à Nazareth a conduit des centaines de manifestants palestiniens à bloquer un carrefour routier menant à la ville juive voisine de Nof Hagalil, créant de longs embouteillages, un seul policier observait la situation depuis l’intérieur d’un véhicule banalisé garé sur le côté de l’intersection. Quand il a été repéré, il a averti les manifestants qu’ils avaient un délai d’une heure pour continuer à perturber la circulation avant que ses collègues n’arrivent pour procéder à des arrestations.

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Fait inhabituel, étant donné le nombre élevé de manifestations de ce type à ce moment-là, aucune arrestation ni aucune blessure n’a été signalée.

La prudence de la police reflète les difficultés qu’elle rencontre. Les manifestations ne sont pas ouvertement « politiques » – ou ne le sont pas dans le sens habituellement compris par le public juif, c’est-à-dire liées à des problèmes survenus dans les territoires occupés.

La principale revendication concerne le droit à la sécurité personnelle et la police elle-même est au centre des revendications.

Depuis des années, les dirigeants palestiniens en Israël appellent les autorités à adopter une nouvelle approche pour aider à mettre un terme à la violence, notamment via des opérations de maintien de l’ordre, la collecte d’armes à feu et des programmes d’éducation visant à faire évoluer les mentalités à l’égard de la criminalité.

« Nos demandes sont tombées dans l’oreille d’un sourd », écrit Aman Odeh dans Haaretz. Lui et d’autres dirigeants de la communauté espèrent susciter une prise de conscience chez les juifs libéraux israéliens.

La question est de savoir si les perturbations majeures provoquées par les récentes manifestations seront imputées au gouvernement en raison de son apparente intransigeance ou à la minorité palestinienne pour avoir importunité la population juive.

Plus de postes de police

Certains signes indiquent que la police et le gouvernement commencent à sentir la pression.

« Notre société est en train d’être détruite de l’intérieur et la police le permet »

- Kamar Khutaba, professeur de sport

Tandis que le ministre de la Sécurité publique Guilad Erdan a appelé à une réunion avec les dirigeants de la minorité pour tenter d’atténuer les tensions, Benyamin Netanyahou s’est engagé pour sa part à allouer des ressources supplémentaires, notamment en personnel, à la lutte contre la criminalité.

Cependant, des obstacles complexes doivent être surmontés pour résoudre le conflit.

Certaines des pancartes de la manifestation à Nazareth n’appelaient pas à une plus grande présence policière, mais à son contraire. Il existe en effet de réelles craintes au sein de la communauté palestinienne que l’idée de Netanyahou d’« une plus grande application » de la loi ne signifie davantage d’invasions policières brutales et provocatrices pour donner l’impression que quelque chose est fait.

Micky Rosenfeld, le porte-parole de la police, a déclaré que sept nouveaux postes de police avaient été ouverts dans les communautés palestiniennes ces dernières années et qu’il était prévu d’en ouvrir huit autres l’année prochaine.

« Le sang palestinien n’a pas d’importance pour la police »

Toutefois, selon l’un des organisateurs de la manifestation à Nazareth, où existent déjà deux commissariats, le problème n’est pas simplement le manque de forces de maintien de l’ordre, mais le type de maintien de l’ordre.

« Le sang palestinien n’a pas d’importance pour la police. Ils savent comment lutter contre le crime dans nos communautés, mais ils choisissent de ne pas le faire », déclare à MEE Kamar Khutaba, professeur de sport âgé de 27 ans. « Nous disons à la police : soit vous faites bien votre travail, soit vous partez. Notre société est en train d’être détruite de l’intérieur et la police le permet. »

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À Jisr al-Zarqa, une ville pauvre palestinienne située sur la côte méditerranéenne, où la criminalité est galopante, le responsable du conseil local a déclaré à Haaretz qu’il avait eu tort de soutenir l’ouverture d’un poste de police dans sa communauté.

« Nous n’avons fait aucun progrès », a déclaré Amash Morad Fathi, soulignant que la violence par arme à feu et le trafic de stupéfiants étaient pires que jamais, et que la police n’avait pas localisé un seul pistolet.

Il a regretté de ne pas avoir tenu compte des avertissements des membres du conseil selon lesquels la police utiliserait sa présence comme prétexte pour « étouffer » la ville en établissant des barrages routiers et en infligeant des amendes.

Thabet Abu Ras, de l’Abraham Fund Initiatives, a par ailleurs observé que le poste de police n’était opérationnel que pendant la journée. « C’est inutile quand on sait que 90 % des actes criminels ont lieu la nuit. »

« Lutte contre le terrorisme »

Les dirigeants de la communauté palestinienne sont unanimes sur le fait que ce qui est urgent est un changement radical de culture policière en Israël.

Dans sa réponse aux manifestations, Guilad Erdan a assimilé la lutte contre la violence criminelle dans les communautés palestiniennes israéliennes à la « lutte contre le terrorisme ». Un éditorial de Haaretz a averti que c’était là le signe que le ministre de la Sécurité publique et le gouvernement dans son ensemble continuaient à considérer les citoyens palestiniens comme « un ennemi interne ».

Si les dirigeants palestiniens du pays ne peuvent pas influencer les questions régionales, telles que le processus de paix, ils veulent faire avancer les droits civiques fondamentaux de leur communauté. La question est de savoir si cela peut être fait au sein d’un État juif autoproclamé.

« Le problème, c’est que les opérations de police auprès de la communauté arabe en Israël ne sont pas considérées avant tout en termes civiques, c’est-à-dire dans l’objectif de prévenir le crime, mais en termes sécuritaires, c’est-à-dire pour faire face à une menace nationale »

- Thabet Abu Ras

Le mois dernier, Ayman Odeh a rompu avec la tradition politique de la communauté palestinienne en Israël en choisissant un camp dans les négociations en cours pour former un gouvernement sioniste. Il a recommandé Benny Gantz, ancien chef d’état-major de l’armée et chef du parti Bleu Blanc, au détriment de Netanyahou comme Premier ministre.

Bien que Gantz ait indiqué qu’il pourrait être prêt à faire des concessions sur les droits civils des Palestiniens en Israël, l’amélioration du maintien de l’ordre dans ces communautés pourrait s’avérer particulièrement difficile.

Thabet Abu Ras et d’autres observent en effet que la police considère toujours son rôle principalement à travers un prisme ethnique : protéger la population juive d’une menace palestinienne supposée, tant en Israël que dans les territoires occupés.

« Le problème, c’est que les opérations de police auprès de la communauté arabe en Israël ne sont pas considérées avant tout en termes civiques, c’est-à-dire dans l’objectif de prévenir le crime, mais en termes sécuritaires, c’est-à-dire pour faire face à une menace nationale », observe le codirecteur de l’Abraham Fund Initiatives.

« C’est toute cette approche qui doit changer, sinon les organisations criminelles continueront à se renforcer dans les communautés arabes. »

Traduit de l’anglais (original).

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