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Israël : les habitants de Tel Aviv sous le choc après la fusillade mortelle

Bien que l’heure soit encore au deuil, des Israéliens confient à MEE que si les choses finiront par revenir à la normale, le chemin reste long pour mettre définitivement fin aux violences.
Des Israéliens se rassemblent devant un bar situé rue Dizengoff, lieu d’une fusillade, dans le centre de Tel Aviv (MEE/Oren Ziv)
Des Israéliens se rassemblent devant un bar situé rue Dizengoff, lieu d’une fusillade, dans le centre de Tel Aviv (MEE/Oren Ziv)
Par Oren Ziv à TEL AVIV, Israël

À Tel Aviv, vendredi, des centaines de personnes se sont rendues sur les lieux de la fusillade tôt le matin, afin d'allumer des bougies et de pleurer ensemble. 

La veille au soir, un tireur avait ouvert le feu dans une zone bondée, faisant trois morts et une dizaine de blessés. 

Au cours de la nuit qui a suivi, des centaines de policiers, de soldats et de membres des forces spéciales, armes à la main, ont passé la zone au peigne fin, allant de maison en maison à la recherche de l’assaillant. 

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Après neuf heures de chasse à l’homme, il a été retrouvé et abattu devant une mosquée dans la ville voisine de Jaffa. La police l’a identifié : Raad Hazem (28 ans), originaire de Jénine, en Cisjordanie occupée

Ces dernières années, Tel Aviv a connu des incidents similaires. Et, malgré des attaques meurtrières dans plusieurs villes israéliennes ces dernières semaines, la ville israélienne semble vivre normalement.

Jeudi soir, la rue Dizengoff, très populaire, était bondée de jeunes gens sortis pour profiter du début de weekend. La température était agréable et de nombreux clients étaient à l’intérieur et en terrasse des bars et cafés. 

Tout a tourné au chaos lorsque les premiers coups de feu ont été entendus. 

Des Israéliens allument des bougies en souvenir des victimes de la fusillade rue Dizengoff, dans le centre de Tel-Aviv (MEE/Oren Ziv)
Des Israéliens allument des bougies en souvenir des victimes de la fusillade rue Dizengoff, dans le centre de Tel-Aviv (MEE/Oren Ziv)

« J’étais à la maison, en train de me préparer pour sortir », indique Michal Ovadia, 32 ans, qui vit au premier étage de l’immeuble où se situe le bar. « J’ai entendu une détonation mais j’ai pensé que c’était une chaise qui était tombée. Ensuite, j’ai entendu une rafale de tirs frénétiques et j’ai compris que quelqu’un avait ouvert le feu. »

Beaucoup ont rapidement fui la zone, tandis que d’autres se cachaient dans les commerces et habitations aux alentours, dans l’incapacité de partir alors que défilaient les heures.

« J’ai regardé par la fenêtre et vu du sang et des gens courir », raconte Michal Ovadia à Middle East Eye.

« Une femme blessée criait “j’ai été touchée”. J’ai vu des gens fuir et d’autres dans le bar. Ça leur a pris quelques minutes pour comprendre ce qui se passait. »
 
Michal Ovadia, qui a passé la nuit enfermée dans son appartement, est finalement descendue vendredi matin et a découvert un mémorial improvisé sur le trottoir où les gens déposaient des fleurs, des messages et des bougies.

« Ce que peuvent produire 4 ou 5 minutes »

Ceux qui fréquentent la rue Dizengoff savent parfaitement qu’elle a été à plusieurs reprises le théâtre d’attaques meurtrières.

En janvier 2016, lors d’un pic de violence en Israël et en Palestine, un citoyen palestinien d’Israël originaire d’Umm al-Fahm ouvrait le feu un vendredi après-midi et tuait trois personnes dans un bar à environ 200 mètres du lieu de la fusillade de jeudi.

Plus de vingt ans auparavant, alors que la première Intifada s’essoufflait et que les accords d’Oslo étaient signés, l’un des premiers attentats suicides à la bombe de l’histoire moderne d’Israël se produisait rue Dizengoff en octobre 1994, lorsqu’un Palestinien se faisait exploser dans un bus, provoquant la mort de 22 personnes.

En mars 1996, un autre attentat à la bombe a eu lieu dans un centre commercial rue Dizengoff, tuant 13 personnes.

Bien qu’ils soient gravés dans la mémoire nationale israélienne, la jeunesse de Tel Aviv qui aime sortir le soir dans cette rue populaire ne semble pas se souvenir des attentats des années 1990. La fusillade de jeudi soir, elle, s’effacera difficilement de leur mémoire. 

« Je savais que le calme des jours qui ont précédé ces événements ne serait que temporaire. Espérons que cela n’arrive plus »

- Michal Ovadia, habitante de Tel Aviv 

« J’avais le sentiment que quelque chose pouvait se produire. Je savais que le calme des jours qui ont précédé ces événements ne serait que temporaire. Espérons que cela n’arrive plus », déclare Michal Ovadia.

Également présent sur les lieux vendredi matin, Yael Abrach, 32 ans, vit dans le centre de Tel Aviv. Jeudi soir, elle était sortie avec une amie rue Dizengoff.

« On voulait venir dans ce quartier mais on n’a pas pu se garer, alors nous sommes allées dans un autre bar plus près de chez moi. Dieu merci, on n’a pas pu se garer ici », indique-t-elle. 

Elle raconte qu’après avoir entendu la fusillade, les jeunes femmes sont montées au deuxième étage du bar où elles se trouvaient et y sont restées quelques heures. 

« On a appris que le tireur n’avait pas été appréhendé alors on est restées là quelques heures jusqu’à ce qu’ils nous laissent sortir et rentrer chez nous », rapporte-t-elle. Avant d’ajouter : « C’est étonnant ce que quatre ou cinq minutes peuvent produire, ravivant tous les traumatismes passés. »

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Un flux continu de personnes s’est rendu dans le quartier toute la matinée et dans l’après-midi, rassemblés dans le calme avec des bougies. 

Contrairement aux trois précédentes attaques de Bnei Brak, Hadera et Beer-Sheva, lesquelles ont coûté la vie à onze Israéliens, aucune manifestation de droite exigeant que le gouvernement se venge de l’attaque ou adopte des mesures plus dures contre les Palestiniens n’a été rapportée.

Un manifestant solitaire se tenait avec une pancarte indiquant : « Vous ne voulez plus de terrorisme ? Expulsez les mères des terroristes à Gaza. »

Retour à la normale 

Meital Lehavi, adjointe au maire de Tel Aviv et membre du parti de gauche Meretz, s’est également rendue au mémorial.

« Je suis très fière de Tel Aviv et des gens de cette ville qui ont rapidement repris une vie normale parce que c’est la seule façon de vaincre le terrorisme », a indiqué Lehavi, s’adressant à la foule. « Il est très clair que Tel Aviv fait partie d’Israël et que ce qu’il se passe dans le pays se passe également à Tel Aviv », a-t-elle ajouté, en référence à l’image de « bulle » entretenue par sa ville.

Meital Lehavi a présenté Tel Aviv comme une ville où la plupart des gens préfèrent ignorer le conflit israélo-palestinien.

Pour les jeunes qui ont entendu et vu la fusillade, le désir de reprendre une vie normale s’entremêle avec le sentiment que quelque chose doit changer, bien qu’ils n’aient pas une idée claire de comment rompre avec le contexte actuel.

Les habitants de Tel Aviv estiment qu’il faudra du temps pour revenir à la normale (MEE/Oren Ziv)
Les habitants de Tel Aviv estiment qu’il faudra du temps pour revenir à la normale (MEE/Oren Ziv)

Les récentes violences interviennent dans un moment de tension accrue, caractérisée par une oppression continue des Palestiniens en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza par les autorités israéliennes.

Depuis la première attaque à Beer-Sheva le 22 mars, au moins sept Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens en Cisjordanie, dont un tué par un colon. 

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Six des tués étaient de Jénine et de zones environnantes, la région dont est originaire le tireur de Tel Aviv.  Samedi matin, les forces de sécurité israéliennes ont mené un raid dans un camp de réfugiés de cette ville de Cisjordanie occupée, tuant une personne, et en blessant treize autres.

Tout ceci survient alors que des activistes et colons de l’extrême droite israélienne appellent à faire irruption à la mosquée al-Aqsa lors des fêtes religieuses la semaine prochaine et alors que la police militaire réprime les Palestiniens à Jérusalem-Est toutes les nuits depuis le début du Ramadan.

Revenir à la normale à Tel Aviv sera une question de temps, indiquent ses habitants, bien que le chemin pour mettre fin aux violences sera long. « Cela se reproduit encore et encore », regrette Raz Braverman, présent dans un bar près de l’endroit de la fusillade jeudi. 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation 

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