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Israël sous le choc après le viol collectif d’une mineure

L’histoire était passée sous les radars jusqu’à ce que la presse locale rapporte que les hommes faisaient la file devant la chambre d’hôtel de la jeune fille, en état d’ébriété, attendant leur tour pour la violer
Manifestantes à Tel-Aviv dénonçant le viol collectif de l’adolescente à Eilat, le 23 août (AFP)
Manifestantes à Tel-Aviv dénonçant le viol collectif de l’adolescente à Eilat, le 23 août (AFP)

Des milliers d’Israéliens et d’Israéliennes ont observé dimanche 23 août une grève pour dénoncer les violences sexuelles contre les femmes après le viol d’une adolescente par 30 hommes, une affaire qui secoue le pays, selon les organisateurs.

La grève a duré environ une heure « pour protester contre la violence croissante contre les femmes et les filles en Israël et l’absence de punition suffisante », a déclaré le collectif de femmes Bonot Alternativa. 

https://twitter.com/field_israel3/status/1296557162857201665?s=20

Traduction : « Manifestation à Jérusalem pour dénoncer le viol d’une adolescente par 30 hommes. »

L’un des organisateurs de l’événement, Ariel Peleg, a indiqué à l’AFP qu’au moins 30 organisations et entreprises, dont des municipalités et Microsoft Israel, ont participé à la grève. 

Dans la soirée, des manifestations ont eu lieu dans tout le pays, avec des milliers de participants à Tel-Aviv, dont beaucoup portaient des vêtements rouges, a constaté un journaliste de l’AFP. 

La grève et les manifestations ont été organisées pour dénoncer le viol d’une adolescente de 16 ans par une trentaine d’hommes dans un hôtel de la ville balnéaire d’Eilat (sud), une affaire qui a fait réagir jusqu’au sommet de l’État.

« C’est choquant, il n’y a pas d’autre mot ! Ce n’est pas seulement un crime contre une jeune fille, c’est un crime contre l’humanité elle-même, qui mérite toute notre condamnation », a réagi le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui a appelé à ce que « les responsables soient traduits en justice ».

L’histoire était passée sous les radars jusqu’à ce que la presse locale rapporte jeudi que les hommes faisaient la file devant la chambre d’hôtel de la jeune fille, en état d’ébriété, attendant leur tour pour la violer. 

Le soir même, des manifestations spontanées ont eu lieu dans différentes villes comme Tel-Aviv, Jérusalem et Hadera (nord), en soutien à la jeune fille. 

https://twitter.com/AnonymeCitoyen/status/1296742923757916160?s=20

La police a indiqué dimanche que onze suspects, dont neuf mineurs et une femme qui serait la directrice de l’hôtel dans lequel le viol a eu lieu, avaient été arrêtés dans le cadre de cette affaire.

Selon des médias locaux, cet hôtel, le Red Sea à Eilat, avait reçu un avertissement de la police après que des mineurs ont été vus en train de boire de l’alcool en public et sans interruption.

La semaine dernière, le président israélien, Reuven Rivlin, a adressé une lettre à la jeunesse de son pays : « L’agression sexuelle, le viol, l’exploitation sexuelle, la violence sexuelle, sont des souillures qui ne peuvent être effacées. Ce sont des exemples de perte de limites impardonnables, qui nous détruisent en tant que société. En tant qu’humanité ».

« Face à l’exploitation, face à la violence, face aux abus, face à la cruauté, fixez-vous une limite. Une limite pour vous, une limite pour ceux qui vous entourent. Ne restez pas à l’écart. Ne participez pas au silence », a appelé le président israélien.

Traduction : « Depuis hier après-midi, j’ai essayé et n’ai pas réussi à comprendre : qu’est-ce qu’un homme qui se tient dans une file d’attente bondée avec des dizaines d’autres, devant une chambre où une jeune fille désorientée est allongée, essaie de prouver ? » Le ministre de la Défense, Benny Gantz.

L’année dernière, le journal en ligne Times of Israel s’inquiétait face à l’augmentation de 40 % des plaintes pour voies de fait et harcèlement « y compris dans l’armée » tout en soulignant que les inculpations étaient « très rares ».

Citant un rapport de Association of Rape Crisis Centers in Israel (ARCCI), le média notait aussi qu’« au milieu d’une augmentation des cas de viols collectifs très médiatisés dans les écoles, la plupart des victimes [63 %] des viols collectifs signalés en 2018 étaient des filles mineures âgées de 12 à 18 ans ».

Le même rapport démontre aussi que « le nombre de signalements de crimes sexuels a augmenté dans les rangs de l’armée israélienne, où 1 706 plaintes ont été déposées en 2018 (une augmentation de 15 % par rapport à 2017). Mais là aussi, 165 cas seulement ont fait l’objet d’une enquête par les autorités militaires compétentes ».

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