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Liban : les milliers d’incursions aériennes israéliennes depuis 2007 sont source de stress

Une étude conclut que plus de 22 000 appareils militaires israéliens ont violé l’espace aérien libanais, provoquant de profonds dommages psychologiques
Les avions de chasse israéliens passent régulièrement le mur du son au-dessus de zones urbaines, provoquant des bangs soniques qui brisent des vitres (AFP)
Par MEE

Plus de 22 000 avions et drones militaires israéliens ont violé l’espace aérien libanais depuis 2007, selon une étude publiée jeudi par AirPressure.info.

Dans ses conclusions, l’organisme de recherche constate que l’exposition régulière et prolongée aux appareils militaires aériens a un effet marqué sur la vie physique et psychologique de la population libanaise.

Citant dix-sept articles soumis à comité de lecture, AirPressure.info indique : « Ces articles s’accordent à dire qu’hypertension, problèmes circulatoires, troubles du sommeil et douleurs psychosomatiques sont généralement associés à l’exposition sur le long terme à ce type de pollution sonore. »

Traduction : « AirPressure · Énorme échelle et impact des incursions #israéliennes dans le ciel libanais. @LAbuHamdan@martinchulov
L’étude #documente au moins 22 000 #survols ces 15 dernières années ainsi que l’effet psychologique sur le pays. »

L’organisation a recensé une trentaine d’occasions où entre huit et une douzaine d’avions de combat, le plus bruyant des avions impliqués, sont entrés dans l’espace aérien libanais en même temps, bien que le survol se fasse généralement par paires.

Les avions de chasse israéliens passent régulièrement le mur du son au-dessus de zones urbaines, provoquant des bangs soniques qui brisent des vitres. 

Étant donné qu’un F-18 a une empreinte acoustique de près de 500 km² et que le point le plus large du Liban n’est que de 88 km, AirPressure.info a déclaré que les jets étaient probablement entendus par l’ensemble de la population quand ils volaient vers le nord au-dessus des montagnes et vers le sud le long de la côte.

Drones et avions de combat

L’enquête, organisée par l’artiste Lawrence Abu Hamdan, qui vit à Beyrouth, provient de 243 lettres téléchargées sur la bibliothèque numérique de l’ONU entre 2006 et 2021.

Chaque lettre a été adressée au Conseil de sécurité de l’ONU et rédigée par le représentant permanent du Liban auprès des Nations unies. 

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Ces lettres relèvent toutes les informations radar, y compris l’heure et la durée de chaque infraction, ainsi que le type et la trajectoire des appareils.

Airpressure.info observe que la trajectoire de vol typique d’un avion de combat israélien est la suivante : l’appareil pénètre par la frontière sud, le plus souvent au-dessus de Kfar Kila, puis fait le tour de toutes les régions du Liban avant de sortir par la mer à Naqurah.

Contrairement à une idée fausse répandue selon laquelle ces vols s’inscrivent dans le cadre des frappes militaires israéliennes régulières en Syrie, la base de données ne compte que deux incidents où les avions de combat franchissant les frontières libanaises sont ressortis en territoire syrien.

Cette étude révèle qu’en moyenne, un véhicule aérien sans pilote (plus communément appelé drone) passera plus de quatre heures et demie à faire le tour du ciel. 

Les données montrent également que pendant les mois d’été, les violations de l’espace aérien augmentent de 10 %.

« Climat de violence »

S’adressant au quotidien britannique The Guardian, Hamdan déclare : « Ce que je veux présenter, c’est un événement cumulé, un crime étendu qui s’est déroulé sur les quinze dernières années. »

« Mais en réalité, cela devrait être considéré comme un climat de violence. » 

« Il fait des ravages au fil du temps, et c’est pourquoi il pourrait être ignoré, mais il ne devrait plus l’être. » 

« Pourquoi une population devrait-elle vivre sous surveillance aveugle de masse et vivre sous un ciel hostile… au point où cela s’incarne dans la vie de tous les jours. »

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Le Liban et Israël sont techniquement toujours en guerre depuis la fin de décennies de guerre civile au Liban et le retrait d’Israël du Sud-Liban en 2000.

Israël affirme que ses incursions au Liban sont nécessaires pour obtenir des renseignements sur le mouvement libanais Hezbollah, soutenu par l’Iran.

Lundi, le Hezbollah a averti qu’il était prêt à prendre des mesures « y compris de recourir à la force » si Israël effectuait des forages pétroliers et gaziers dans une zone frontalière maritime contestée entre les deux pays.

Le numéro deux du Hezbollah, le cheikh Naim Qassem, a déclaré à la presse que le mouvement attendait que le gouvernement libanais adopte une politique plus claire, au lendemain de l’arrivée d’un navire exploité par Energean, société basée à Londres, au large des côtes pour développer un gisement de gaz connu sous le nom de Karish.

Israël affirme que Karish fait partie de sa zone économique exclusive reconnue par l’ONU et a accordé à la société énergétique britannico-grecque les droits sur ce gisement en 2016.

Israël et le Liban revendiquent tous deux quelque 860 km² de la mer Méditerranée.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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