Cisjordanie : les forces israéliennes démolissent une école primaire de Masafer Yatta
Les forces israéliennes ont rasé une école primaire palestinienne près de la ville de Hébron dans le Sud de la Cisjordanie occupée mercredi.
Asafat, une école mixte, a été rasée à Asafat al-Fawqa, l’un des villages qui composent la région de Masafer Yatta, dont les habitants sont depuis longtemps menacés d’expulsion et d’ordres de démolition par les autorités israéliennes.
Les images filmées par l’activiste israélien Itai Feitelson avant la démolition montrent les enseignantes aider de jeunes élèves à sortir par la fenêtre de la classe tandis que les forces israéliennes se tiennent à l’extérieur.
Des dizaines de soldats israéliens ont ensuite bouclé la zone autour de l’école, située au sommet d’une colline, tandis qu’un bulldozer la rasait. Une photo publiée après coup par l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem montre un tas de ruines là où se trouvait l’école.
L’école Asafat desservait les habitants des collectivités palestiniennes d’Asafat al-Fawqa, Asafat al-Tahta, Maghayer al-Ubaid et Tuba.
Fouad al-Amour, activiste de Masafer Yatta, explique à Middle East Eye qu’un tribunal israélien avait rejeté le recours des habitants contre la démolition après que l’armée israélienne eut fait valoir que son emplacement constituait « un danger pour les élèves ».
Il ajoute que les enfants pourraient manquer l’école car les établissements les plus proches sont à 2 et 4 km et que la circulation des Palestiniens dans la région est très limitée par l’armée israélienne.
« Ils ont choisi un moment stratégique car on entre dans l’hiver et il sera difficile de la reconstruire. Ce sera une catastrophe encore plus grande pour les élèves », déplore le militant.
« On va faire ce qu’on peut pour la reconstruire, mais on sait que les autorités israéliennes sont juges et parties en même temps. »
Le ministère palestinien de l’Éducation a qualifié la démolition de « crime de haine ».
« Ces pratiques sont devenues une atteinte flagrante au droit des élèves à une éducation sûre et libre », indique le ministère selon l’agence de presse Wafa.
Le ministère précise que des dizaines d’élèves palestiniens de Masafer Yattah n’ont désormais plus d’école.
La délégation de l’Union européenne dans les territoires palestiniens a tweeté qu’elle était « consternée » par la démolition de l’école et affirmé que les droits éducatifs des Palestiniens devaient être respectés.
La délégation s’est dite « très inquiète des mesures israéliennes qui visent les structures humanitaires. Les mesures coercitives durables menacent l’existence des communautés palestiniennes ».
Selon Wafa, les forces israéliennes ont confisqué le matériel scolaire avant de raser le bâtiment.
La démolition de l’école Asafat intervient après la visite à Masafer Yatta mardi de responsables palestiniens et de représentants d’organisations internationales et des droits de l’homme, en solidarité avec ses occupants palestiniens.
En août, la Cour suprême israélienne avait rejeté un appel des habitants palestiniens contre la démolition de cliniques, de deux écoles et d’autres bâtiments dans la région.
Israël a décrété ce territoire de 30 km² « zone militaire restreinte » au début des années 1980, en prétendant qu’il était inhabité.
Les habitants de Masafer Yatta assurent que de nombreuses familles palestiniennes résidaient déjà de manière permanente dans la région avant qu’Israël n’occupe illégalement la Cisjordanie lors de la guerre des Six-Jours en 1967.
Lubna Masarwa à Jérusalem a contribué à cet article.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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