Coupe du monde au Qatar : les cinq sélections de la région MENA en quête de triomphe
À quelques mois de la Coupe du monde 2022 au Qatar, les cinq sélections en lice de la région MENA ont conscience qu’aucune équipe hors Europe ou Amérique latine n’a jamais participé à une finale de Coupe du monde.
La meilleure performance réalisée par une sélection du Moyen-Orient est à mettre au crédit de la Turquie, demi-finaliste en 2002 en Corée du Sud et au Japon. À ceci près que la Turquie participe aux compétitions de l’UEFA (Coupe des clubs champions européens) et est donc considérée comme une sélection européenne.
Mais le football est un sport connu pour ses surprises.
Qui aurait pu imaginer qu’un État des Balkans dont la population est deux fois moins importante que celle de Londres se retrouverait en finale en 2018 ? Le parcours spectaculaire de la Croatie jusqu’en finale, où elle a été battue par la France, prouve que rien n’est impossible en Coupe du monde.
Même si leurs chances sont minces, jetons un œil aux équipes de la région qui chercheront à s’imposer sur la plus grande scène du football.
Le Qatar
En décembre 2010, l’annonce de l’attribution de l’édition 2022 de la plus prestigieuse des compétitions de football au Qatar, petit État du Golfe, a provoqué une onde de choc dans le monde entier.
Pour cette première dans le monde arabe, les critiques ont porté sur le bilan de l’État en matière de droits des travailleurs et sur la question de savoir si ce pays avait les références footballistiques nécessaires pour accueillir un Mondial.
Plus d’une décennie plus tard, le pays continue de faire l’objet de critiques sur le volet humanitaire, mais a commencé à se bâtir une réputation en tant que nation de football.
En tant que pays hôte, le Qatar n’a pas eu à participer aux éliminatoires, puisque sa place pour le Mondial lui était garantie.
Le pays a connu son plus grand exploit sportif en 2019, lorsque la sélection qatarie dirigée par Félix Sánchez, en véritable rouleau compresseur, s’est hissée jusqu’en finale de la Coupe d’Asie des nations avant de décrocher le titre continental face au Japon.
Il s’agit d’un exploit tant sportif que politique, puisque ce sacre a eu lieu à Abou Dabi, capitale émiratie, dans un stade dépourvu de supporteurs qataris.
En raison d’un blocus diplomatique imposé par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte, les citoyens qataris n’avaient pas pu se rendre aux Émirats arabes unis pour assister au triomphe de leur équipe.
Compte tenu de l’avantage du terrain et de son statut de championne d’Asie, les supporteurs qataris espèrent pouvoir être fiers de la prestation de leur sélection au Mondial.
L’Arabie saoudite
Qualifiée pour sa sixième Coupe du monde, l’Arabie saoudite a réalisé son meilleur parcours aux États-Unis en 1994.
Les Faucons y ont atteint les huitièmes de finale, où ils se sont inclinés face à la Suède, future troisième de l’épreuve.
Cette édition a été marquée par un but en solitaire spectaculaire inscrit par Saeed al-Owairan lors d’une victoire contre la Belgique en phase de poules.
En dépit de ses trois titres en Coupe d’Asie des nations, l’Arabie saoudite peine à confirmer sur la scène mondiale et détient le triste record de la plus lourde défaite subie dans un Mondial au XXIe siècle.
Même si ce revers 8-0 contre l’Allemagne en 2002 ne sera plus qu’un lointain souvenir en novembre, l’Argentine de Lionel Messi, qui se dressera sur la route des Faucons en phase de poules, sera un défi de taille.
L’Iran
Comme l’Arabie saoudite, l’Iran participera à sa sixième Coupe du monde. La sélection n’est toutefois jamais parvenue à passer la phase de poules lors de ses précédentes apparitions.
Son plus grand exploit en Coupe du monde remonte à 1998, lorsque la Team Melli a battu les États-Unis au terme d’un match palpitant (2-1) : au coup de sifflet final, le banc iranien en liesse s’est précipité sur le terrain.
La sélection iranienne aura l’occasion de revivre cette rencontre, puisqu’un match face aux États-Unis l’attend en phase de poules au Qatar, en plus de l’Angleterre et du Pays de Galles.
La géopolitique et le sport sont parfois indissociables. Alors que les négociations visant à relancer l’accord sur le nucléaire ont été sabordées par l’administration Trump, les tensions entre les deux États n’ont jamais été aussi fortes depuis la révolution de 1979.
Un match amical prévu entre l’Iran et le Canada en juin a été annulé en raison des tensions ; le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait publiquement remis en question le bien-fondé de la tenue de ce match.
À l’occasion du Mondial, les Iraniens et les Américains n’auront guère d’autre choix que de s’affronter et le match sera donc suivi de près par les observateurs neutres.
La Tunisie
En 1978, l’équipe nationale tunisienne de football a disputé son premier match de Coupe du monde contre le Mexique à Rosario (Argentine).
Malgré une victoire convaincante sur le score de 3-1, des défaites contre la Pologne et l’Allemagne de l’Ouest ont empêché les Aigles de Carthage de passer le premier tour.
Depuis, la Tunisie a participé à quatre autres Coupes du monde mais n’a remporté qu’une seule victoire, en 2018 contre le Panama.
Les Aigles de Carthage auront fort à faire au Qatar, puisqu’ils devront affronter la France, championne du monde en titre.
Si l’Australie peut sembler plus abordable, le Danemark sera également un redoutable adversaire. Une victoire contre l’une de ces nations pourrait être décisive pour permettre aux Tunisiens d’accéder aux huitièmes de finale pour la première fois de leur histoire.
Le Qatar représentera un souvenir mitigé pour la sélection tunisienne, qui s’est inclinée après prolongation en finale de la Coupe arabe de la FIFA 2021 face à l’Algérie en décembre 2021.
Le Maroc
Outre l’Arabie saoudite, le Maroc est la seule équipe de la région MENA présente au mondial qatari à avoir déjà passé la phase de poules. C’était en 1986, au Mexique, lorsque les Lions de l’Atlas sont sortis invaincus d’un groupe comprenant l’Angleterre, le Portugal et la Pologne.
L’Angleterre s’est ensuite inclinée en quarts de finale face à l’Argentine, future vainqueure, à l’issue d’un match marqué par la « Main de Dieu » de Diego Maradona suivie de sa non moins célèbre chevauchée fantastique, tandis que le Maroc a été éliminé au stade des huitièmes de finale après une défaite 1-0 face à l’Allemagne de l’Ouest, future finaliste.
Cette année, les Lions de l’Atlas seront emmenés en défense par la star du Paris-Saint-Germain Achraf Hakimi, mais devraient pâtir de l’absence d’Hakim Ziyech. Le milieu offensif de Chelsea a pris sa retraite internationale en raison d’un conflit avec le sélectionneur de l’époque, Vahid Halilhodžić.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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