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Accrochages au Sahara occidental : Rabat regarde vers le Polisario, qui assure n’avoir jamais visé de civils

Alors que le Maroc enquête sur l’origine de « tirs de projectiles » ayant fait un mort et trois blessés, le mouvement indépendantiste dément être à l’origine d’une quelconque agression
Point de contrôle surveillé par les forces de sécurité sahraouies, à l'extérieur du camp de réfugiés de Dakhla, à environ 170 km au sud-est de la ville algérienne de Tindouf, le 14 janvier 2023 (AFP/Ryad Kramdi)
Point de contrôle surveillé par les forces de sécurité sahraouies, à l'extérieur du camp de réfugiés de Dakhla, à environ 170 km au sud-est de la ville algérienne de Tindouf, le 14 janvier 2023 (AFP/Ryad Kramdi)
Par MEE

Regain de tensions au Sahara occidental. Un représentant du Front Polisario, l’organisation qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental depuis plusieurs décennies, a assuré lundi à l’ONU que son mouvement n’avait jamais visé de civils. 

Les autorités locales marocaines avaient fait état dimanche 29 octobre de quatre explosions ayant fait un mort et trois blessés, dont deux dans un état grave, à Smara, à plus de 1 000 km au sud de Rabat, sans expliquer les causes possibles. 

Ces explosions ont touché trois quartiers de la localité et causé des dégâts matériels à deux maisons. Les deux blessés graves ont été transférés dans un hôpital de Laâyoune, à 200 km à l’ouest de Smara. Le troisième blessé, touché légèrement, a pu regagner son domicile après avoir reçu les premiers soins.

Smara, ville de plus de 66 000 habitants, se trouve au Sahara occidental. Cette ancienne colonie espagnole est considérée comme un « territoire non autonome » par l’ONU en l’absence d’un règlement définitif. Depuis près de 50 ans, un conflit y oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger

Rabat prône un plan d’autonomie sous sa souveraineté exclusive, tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU.

« Nous sommes en guerre ouverte »

Le Front Polisario a toutefois reconnu des actions militaires dans une zone du Sahara occidental où des « tirs » ont fait un mort et plusieurs blessés ce week-end.

Le représentant du Front Polisario à l’ONU, Sidi Omar, a évoqué un communiqué militaire du mouvement reconnaissant avoir visé « les secteurs de Smara, Mahbas et Farsia ». « Ce n’est pas la première fois […] Nous sommes en guerre ouverte », a-t-il ajouté.

Le 13 novembre 2020, le Polisario avait déclaré être « en état de guerre de légitime défense » et avait prévenu la communauté internationale que l’ensemble du Sahara occidental était considéré comme une zone de guerre par l’organisation indépendantiste.

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Régulièrement, le Front Polisario annonce cibler des positions marocaines « le long du mur de la honte ».

Ce mur érigé par la partie marocaine dans les années 1980 est long de plus de 2 700 km et sépare les deux côtés du Sahara occidental, celui dominé par le Maroc et l’autre que le Polisario considère comme « libéré ».

Mais « le Front Polisario, en se basant sur ses valeurs et le respect complet des règles du droit international humanitaire, n’a jamais visé de civils dans sa guerre de libération contre le Maroc », a insisté Sidi Omar. « Nous mettons au défi quiconque de prouver le contraire. » 

Côté marocain, Omar Hilale, l’ambassadeur du royaume à l’ONU, a déclaré lundi à la presse : « Nous n’accusons personne parce que tout simplement nous attendons les résultats probants de cette enquête. »

« Pour le moment, tout ce que nous pouvons dire, c’est que ces attaques de victimes innocentes ne resteront pas impunies. Les responsables devront assumer leur responsabilité juridique mais aussi politique », a-t-il prévenu.

« Mais nous ne pouvons pas ignorer qu’il y a un faisceau d’indices également probants », a-t-il ajouté, estimant en particulier que l’absence de démenti du Front Polisario, « son silence, confirme que c’est eux qui sont derrière ces explosions ». 

Renouvellement de la MINURSO

Ces déclarations interviennent dans le contexte de l’adoption, lundi par le Conseil de sécurité de l’ONU, d’une résolution renouvelant pour un an le mandat de la mission de maintien de la paix des Nations unies au Sahara occidental (MINURSO).

Le Conseil y appelle, dans des mots identiques à il y a un an, « les parties à reprendre les négociations sous les auspices du secrétaire général sans conditions préalables et de bonne foi », avec l’objectif de parvenir à « une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’auto-détermination du peuple du Sahara occidental ».

La résolution adoptée par treize voix pour et deux abstentions (Russie et Mozambique) salue également les « efforts » pour relancer le processus de Staffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU. 

Celui-ci a notamment rencontré à New York en mars des représentants des parties (Maroc, Front Polisario, Algérie et Mauritanie) et du « groupe d’amis du Sahara occidental » (France, Russie, Espagne, Royaume-Uni et États-Unis) pour une série de réunions bilatérales informelles. L’envoyé s’est ensuite rendu en septembre dans le territoire disputé pour la première fois depuis sa nomination en 2021.

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