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Shy Radicals : le livre qui revendique un monde inclusif pour les introvertis

Dénonçant le « suprémacisme extraverti », l’artiste et écrivain Hamja Ahsan imagine un État utopique où les personnes timides, calmes et réservées peuvent s’épanouir
À la fois livre et mouvement mondial, Shy Radicals est actuellement adapté sous la forme d’un documentaire par le British Film Institute (avec l’aimable autorisation de Black Dog Films)

Dans un coin calme et tenu secret quelque part dans le monde, un groupe de personnes partageant les mêmes idées s’adonne à une réflexion pacifique, libérées de « la gaieté obligatoire ou du bonheur forcé », ainsi que de leurs pendants plus sinistre, « le harcèlement, la pression des pairs et les crimes de haine contre les introvertis ».

Bienvenue dans la République populaire timide d’Aspergistan.

Dans un livre qui mélange réalité et fiction, récits à la première personne et programme politique, Hamja Ahsan, artiste et auteur de Shy Radicals. The Antisystemic Politics of the Militant Introvert, crée un monde qui obscurcit la distinction entre satire et vérité sincère.

Hamja Ahsan fait le « salut timide » évoqué dans son livre (crédit : Uroš Hočevar)
Hamja Ahsan fait le « salut timide » évoqué dans son livre (crédit : Uroš Hočevar)

Basé sur les expériences personnelles de l’auteur, un introverti chronique, le livre est un appel à l’action né d’un appel à l’aide.

« Quand j’étais jeune, il n’y avait aucun groupe pour me représenter, pour représenter les introvertis. Vous avez des féministes, des syndicalistes, des campagnes LGBTQ, mais il n’y avait aucun ‘’isme’’ ni mouvement pour me représenter », constate Hamja Ahsan.

Des années à souffrir en silence ont pris fin lorsque le Londonien de 39 ans a commencé à rédiger Shy Radicals dans un coin silencieux d’un café du sud de la capitale anglaise. Pendant trois ans à partir de 2013, armé d’une subvention de l’Art Council, il imaginera un faux parti politique révolutionnaire, à l’image des Black Panthers – un groupe de défense des droits civiques fondé par des Afro-Américains –, mais pour les timides, se proclamant commandant mondial en chef du mouvement international.

Résistant à « l’hégémonie de l’ordre mondial extraverti », le peuple d’Aspergistan aspire à se débarrasser des entraves du « suprémacisme extraverti », écrit-il. Il recherche « la richesse de la vie intérieure », à laquelle il est possible d’accéder grâce à des activités marginalisées comme « le silence, la contemplation, la compagnie intime ».

Hamja Ahsan a conçu un drapeau pour son État utopique d’Aspergistan, avec la devise du mouvement : « Le monde est notre coin » (crédit : Hamja Ahsan)
Hamja Ahsan a conçu un drapeau pour son État utopique d’Aspergistan, avec la devise du mouvement : « Le monde est notre coin » (crédit : Hamja Ahsan)

Depuis sa publication en 2017, le livre a suscité un engouement croissant dans le monde entier – et ce non seulement de la part des lecteurs les plus reclus.

Devinant le potentiel de diffusion de ces idées auprès du grand public, la Documentary Society du British Film Institute a acquis les droits de l’ouvrage pour en faire une adaptation documentaire – intitulée Shy Radicals – qui devrait sortir en automne prochain.

Le film suit Hamja Ahsan alors qu’il parcourt le monde, « inspirant et éduquant les autres par la créativité et l’activisme », tout en évoquant le traumatisme et le désespoir causés par l’affaire d’extradition concernant son frère pour des accusations de terrorisme.

En octobre 2012, le frère aîné de Hamja, Talha Ahsan, poète, traducteur et militant des droits de l’homme, a en effet été extradé aux États-Unis après avoir passé six ans en détention au Royaume-Uni pour des charges liées au terrorisme. Hamja Ahsan a mené une campagne pour faire libérer son frère de l’isolement cellulaire, avec succès. Ce dernier est rentré au Royaume-Uni en 2014 après une négociation de peine. 

Au cours de la détention de Talha – l’une des plus longues sans procès ni inculpation de l’histoire du Royaume-Uni –, Hamja a été diagnostiqué comme porteur du syndrome d’Asperger. Ce sont ces expériences qui ont inspiré l’État d’Aspergistan, puis le livre.

Selon la société de production Black Dog Films, Hamja Ahsan « n’a pas simplement créé une œuvre d’art, il a créé un monde qui brouille les frontières entre le créateur et la création, entre la vie réelle et la vie imaginaire, entre la réalité et une fiction imaginée dans laquelle il est un personnage principal ».

Un mouvement pour les timides

Où se situera donc cette utopie du silence ? Selon Hamja Ahsan, quelque part entre les hauts plateaux de la province frontalière du nord-ouest du Pakistan, à travers les grottes et les régions montagneuses d’Afghanistan, débordant dans les contreforts des monts Zagros en Iran, avec Qom pour capitale spirituelle non officielle.

« Je créais de nouvelles divisions entre l’introverti et l’extraverti, au lieu de franchir des lignes religieuses, ethniques et politiques », explique Hamja Ahsan. « C’était un clin d’œil ludique à l’héritage de la partition dans cette partie du monde. »

« Quand j’étais jeune, il n’y avait aucun groupe pour me représenter, pour représenter les introvertis. Vous avez des féministes, des syndicalistes, des campagnes LGBTQ, mais il n’y avait aucun ‘’isme’’ ni mouvement pour me représenter »

- Hamja Ahsan, auteur de Shy Radicals

Le livre s’ouvre sur le « projet de Constitution » de la République populaire timide d’Aspergistan, énumérant les divers articles qui déterminent le mode de fonctionnement de l’État.

De la structure étatique (« Tout le pouvoir central et local appartient au peuple timide ») et des droits et devoirs fondamentaux des citoyens (« l’introversion est inviolable »), au drapeau et hymne nationaux, le projet se développe jusque dans ses moindres détails.

Bien que Shy Radicals puisse être satirique en surface, des préoccupations très sérieuses gisent en son cœur. 

Hamja Ahsan raconte qu’à l’école, son calme déclenchait des brimades brutales. Il se sentait indigne d’amitié, toujours le dernier à être choisi pour les équipes sportives, toujours le premier à être embêté. Il a toujours cru que son silence en était la raison et qu’il n’était pas autorisé à simplement exister. La violence verbale – des « besoins spéciaux » qu’on lui attribuait moqueusement aux insultes beaucoup plus profanes – a souvent conduit à une violence physique.

Hamja Ahsan a trouvé refuge à la bibliothèque de l’école et en a fait son espace sécurisé. Son silence et sa passivité ont conduit à une période de dépression, qui a atteint son point le plus critique lorsqu’il a tenté de se suicider.

« On vous dit que pour réussir dans la vie, vous devez être extraverti, vous devez vous vendre, être charismatique pour obtenir cette place à l’université, pour obtenir cet emploi… Mais que faire si vous ne l’êtes pas, si vous vous détournez des feux de la rampe et si l’idée que quelqu’un entame une conversation avec vous vous donne envie de vous éloigner calmement vers les collines ? Où allez-vous, comment vous épanouissez-vous ? », demande-t-il.

Après le lycée, et sa bataille contre la dépression, il obtient finalement, à l’âge de 27 ans, une licence avec mention très bien au Central Saint Martins College de Londres, une faculté des arts de renommée internationale, puis une maîtrise l’année suivante, en 2009.  

#OccupyBedroom

Si Hamja Ahsan a échappé aux dangers du lycée et au comportement menaçant de ses pairs, il a également trouvé dans la vie adulte de nombreuses situations anxiogènes. Se sentant poursuivi par les pressions de la vie et les injonctions à parler fort, à être populaire et sociable, Hamja Ahsan choisit de se désengager de la vie.

Étudier l’art à Saint Martins l’aide toutefois à prendre un virage et s’extraire du statut de « paria ».

« Ce n’est qu’au milieu de la trentaine que j’ai eu une sorte d’acceptation de qui je suis... L’acceptation du fait que je n’aime pas faire la fête et aller en boîte et que ce n’est pas un problème. » 

shy radicals

En grande partie grâce aux réseaux sociaux, il trouve un autre paysage identitaire dans le cyberespace, où il rencontre des personnes victimes d’intimidation comme lui.

Ceci, et les expériences de son frère, sont les raisons pour lesquelles Hamja Ahsan souhaite aujourd’hui que les timides, les introvertis et ceux qui se situent quelque part sur le spectre de l’autisme sachent qu’il est normal de vouloir passer ses week-ends à la bibliothèque de poésie, de ne pas être obligé de sortir lors des fêtes nationales ou de ne pas apprécier d’être poussé à faire partie de la culture du « club branché ». 

Tout au long du livre, il fait référence aux mouvements mondiaux réels où le droit d’être timide ou introverti est honoré.

Par exemple, dans son chapitre intitulé #OccupyBedroom, qui répertorie des hashtags révolutionnaires timides comme #SilentStrike, #IntroIntervention et #ShySpring, il inclut une lettre satirique de la délégation des « hikokomori » du Japon, dans laquelle est défendu leur choix de « rester à la maison ». Plus d’un demi-million de ces personnes éprises de solitude au Japon ont choisi de fuir complètement la société, comptant uniquement sur le soutien de leurs parents, et souvent de vivre reclus dans leurs chambres.

Le reste du livre est divisé en courts chapitres, dont une interview fictive d’un membre de l’Introfada – le nom donné au mouvement clandestin de Shy Radicals en faveur d’un État indépendant.

Le personnage fictif d’Amy Littlewood y est présenté comme une ressortissante australienne qui insiste pour être reconnue en tant que membre de l’« État d’origine d’Aspergistan ». 

Cette prisonnière politique a écopé d’une peine de treize ans de prison en « compagnie cellulaire » pour plusieurs chefs d’accusation, notamment le fait d’avoir incité au boycott du Festival international des introvertis de célébration de la neurodiversité. Pour cette « puriste », l’événement essayait de fragmenter la communauté des timides en sous-catégories. 

« Les autorités ont tenté de nous diviser en différentes pathologies », déclare Amy Littlewood dans le livre. « Syndrome d’Asperger, trouble d’anxiété sociale, dépression. Mais nous ne faisons qu’un. Nous luttons comme une seule personne. Nous nous battons comme une seule personne. »

« Le terrorisme est bruyant »

Artiste multidisciplinaire, Hamja Ahsan inclut dans la section sur le « nouveau lexique de la démocratie » un ensemble de dessins représentant 26 gestes qui exploitent le langage corporel pour négocier tous les signaux et mouvements démocratiques. La gestuelle est inspirée de celle créée par les mouvements sociaux précédents, comme les applaudissements silencieux ou « scintillements » utilisés par le mouvement de protestation Occupy pour indiquer un accord.

Hamja Ahsan a dessiné dans le livre 26 gestes utilisant le langage corporel pour négocier des « signaux démocratiques » (crédit : Bookworks)
Hamja Ahsan a dessiné dans le livre 26 gestes utilisant le langage corporel pour négocier des « signaux démocratiques » (crédit : Bookworks)

Il inclut également des exemples de films qui pourraient être programmés lors d’une saison cinématographique fictive Shy Radicals, en partenariat avec l’organisation de cinéma d’art et d’essai britannique BFI Southbank. Son programme propose des œuvres du monde entier valorisant le pouvoir du silence et d’autres luttes séparatistes. 

Le classique américain Heathers (Fatal Games, 1988), avec Winona Ryder, Christian Slater et Shannen Doherty, est ainsi présenté comme un exemple de film de formation à projeter à tous les nouveaux membres de Shy Radicals.

Dans le film, Veronica (Winona Ryder) parvient à échapper à la clique des filles populaires du lycée et s’associe à un nouvel étudiant énigmatique, J.D. (Christian Slater), pour assassiner ses anciennes camarades ainsi que plusieurs des sportifs écervelés de l’établissement, avant de finir par prendre ses distances vis-à-vis de son petit ami qui, selon elle, est devenu trop « extrémiste ».

https://www.youtube.com/watch?v=oAAz8AuFkgw&feature=emb_title

L’extrémisme politique est, de fait, une question qui revient fréquemment dans ce petit livre percutant. Même la couverture de l’ouvrage a été conçue pour stimuler la réflexion. On y voit le titre écrit à la fois en anglais et en arabe, une langue que Hamja Ahsan a délibérément choisie en souvenir de ses camarades des beaux-arts, qui partaient du principe que tout ce qui utilisait des lettres arabes devait être politique.

Dans une section intitulée « déclaration publique » du mouvement radical timide, Hamja Ahsan affirme : « Shy Radicals n’est pas une organisation terroriste […] Le terrorisme est toujours bruyant », s’autoproclamant à la place « militant pour les libertés civiles, contre la guerre contre le terrorisme ». 

Il poursuit en expliquant que les terroristes sont l’antithèse des introvertis et que, si la « brochure sur les signaux d’avertissement » du programme britannique de prévention de l’extrémisme, « Prevent », décrit les jeunes radicalisés comme timides ou renfermés, les qualités d’un introverti ne devraient au contraire pas en faire un suspect majeur.

Au contraire, son livre l’affirme : « Le terrorisme est bruyant, avec moult explosions et destructions, il existe sur le même plan que la suprématie extravertie. Le terrorisme aspire à être au centre de l’attention, le terrorisme adore les caméras. »

Un mouvement mondial pour les timides

L’ouvrage a fait des adeptes dans le monde entier. Hamja Ahsan tient d’ailleurs à souligner que celui-ci n’est pas écrit pour une région géopolitique particulière : « J’ai maintenant des fans à travers le monde, au Liban, en Corée, à Mexico – et nous sommes tous unis. Les idées soulevées par mon livre transcendent les frontières, elles traversent les sexes, les cultures et les religions et unifient les gens. »

L’ouvrage, qui en est maintenant à sa troisième édition, a également été traduit en italien. Il a aussi pris son envol en tant que forme d’art à part entière, comme avec le faux référendum organisé par Hamja Ahsan lors de la Biennale des arts graphiques de Ljubljana en 2019.

Dans le cadre de ce festival d’été, l’auteur a présenté une installation – primée – qui comprenait une exposition visuelle d’illustrations de son livre et un bureau de vote, où était demandé aux visiteurs si la capitale slovène devait rejoindre la Fédération d’Aspergistan. Sur 575 visiteurs, 72 % ont voté pour.

« Les gens se sont exprimés, ils veulent l’indépendance. Cela prouve que les gens ne veulent plus subir l’idéologie de la suprématie extravertie », explique Hamja Ahsan, qui envisage à présent de tenir un deuxième référendum en Pologne.

Hamja Ahsan explique que ses interventions artistiques visent à créer des « différences tangibles ».

Hamja Ahsan a créé une installation comprenant des illustrations de son livre et un bureau de vote à la Biennale de Ljubljana (Hamja Hamja Ahsan)
Hamja Ahsan a créé une installation comprenant des illustrations de son livre et un bureau de vote à la Biennale de Ljubljana (Hamja Hamja Ahsan)

Après avoir mis en place un service d’assistance téléphonique pour les introvertis, et alors que le nouveau documentaire est en phase de production, Hamja Ahsan réalise désormais une « tournée mondiale sans fin pour renverser la suprématie extravertie ».

Shy Radicals peut revendiquer avec assurance sa place parmi les rayons de la littérature militante. L’Autism Arts Festival au Royaume-Uni a d’ailleurs maintenant un programme permettant aux participants de porter différentes couleurs pour montrer à quel point ils sont à l’aise ou non avec l’idée de communiquer. 

Le syndicat étudiant de l’Université de Cambridge a pour sa part invité Hamja Ahsan à former son conseiller en matière de campagnes sur le handicap au sujet de la création d’espaces adaptés à différents traits de personnalité. L’auteur et artiste fait également campagne pour que la Journée mondiale des introvertis, le 2 janvier, reçoive une plus grande attention.

Le livre est même devenu une partie intégrante de plusieurs programmes d’enseignement transdisciplinaires au Royaume-Uni et est maintenant étudié dans les universités. Shy Radicals compte d’ailleurs un chapitre sur la façon de construire un mouvement étudiant et insiste sur une réforme approfondie du programme scolaire.

Hamja Ahsan fait valoir que la façon dont la timidité est présentée dans les programmes diplômants, y compris en psychologie, à savoir comme « un problème à surmonter grâce aux compétences d’affirmation de soi et au recyclage cognitif », est troublante. Être calme, réservé ou timide ne doit pas être considéré comme une maladie nécessitant une guérison, estime-t-il.

« Ma croyance dans le changement social a été anéantie après les récentes élections au Royaume-Uni, je suis toujours en convalescence », affirme-t-il en référence au scrutin de décembre 2019, lors duquel les conservateurs au pouvoir ont remporté une majorité écrasante. « [Et] Trump n’était même pas président quand j’ai écrit le livre, mais il est l’incarnation d’un suprémaciste extraverti. »

À la lumière des restrictions de circulation liées à l’épidémie mondiale de coronavirus, les introvertis du monde entier sont peut-être ceux qui sont les plus à l’abri de l’impact de ce que l’on appelle la « distanciation sociale ».

« Je vois le côté vraiment égoïste des extravertis et de la suprématie extravertie... J’ai vu à quel point ils étaient égoïstes et autodestructeurs »

- Hamja Ahsan

« Je trouve l’auto-isolement assez paisible et j’en suis très heureux », commente Hamja Ahsan. « Je vois le côté vraiment égoïste des extravertis et de la suprématie extravertie... J’ai vu à quel point ils étaient égoïstes et autodestructeurs. Je crois que certaines personnes ont besoin d’une forme de formation introvertie obligatoire. »

Si le mouvement Introfada n’existe pas réellement, son idéologie sous-jacente, elle, existe bel et bien.

En remettant en question l’idée de popularité et en créant un nouvel espace pour ceux qui refusent de rentrer dans le moule, Hamja Ahsan continue de lutter en faveur des personnes réservées.

« J’essaie toujours de trouver les moyens d’apporter des changements transformateurs. J’essaie de trouver les moyens d’inscrire dans le droit [la nécessité] de protéger certains espaces. Les bibliothèques ferment, tout comme nos jardins paisibles, il faut faire quelque chose. Nos droits doivent être reconnus et respectés. »

Shy Radicals. The Antisystemic Politics of the Militant Introvert est publié par Bookworks. Le travail de Hamja Ahsan peut être consulté sur Instagram et Twitter.

Traduit de l’anglais (original).

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