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La Turquie « ne tournera pas le dos » au système de missiles S-400 malgré les sanctions américaines

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu a confirmé qu’Ankara ne renoncera pas au système de missile controversé
Washington a sanctionné l’Agence de défense et d’industrie de la présidence turque (SSB) pour avoir activé le système de missiles S-400 (AFP)
Washington a sanctionné l’Agence de défense et d’industrie de la présidence turque (SSB) pour avoir activé le système de missiles S-400 (AFP)
Par Ragip Soylu à ANKARA, Turquie

La Turquie a annoncé qu’elle ne renoncerait pas au système de missiles S-400 malgré les sanctions imposées à Ankara par le président américain Donald Trump pour avoir activé ce système d’armement. 

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu a vivement critiqué les sanctions et annoncé que la Turquie ne cèderait pas. 

« Si nous avions voulu y renoncer, nous l’aurions fait avant ces sanctions », a-t-il affirmé dans une interview en direct sur la chaîne turque Kanal 24. 

Il a ajouté que la Turquie évaluerait les sanctions américaines en précisant qu’il ne s’attendait pas à ce qu’elles affectent le secteur national de la défense.

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İsmail Demir, à la tête de l’Agence de défense et d’industrie de la présidence turque (SSB, l’agence chargée des acquisitions militaires), rejoint le ministre. 

Il a fait remarquer que les sanctions « n’affecteraient pas les licences d’exportation accordées par les États-Unis par le passé. »

Mercredi, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a réagi aux sanctions américaines contre Ankara les qualifiant d’« attaque ouverte » contre sa souveraineté. 

Les sanctions, exigées en vertu d’une loi de 2017 visant à limiter l’influence militaire de la Russie, sont moins lourdes que prévu, mais Erdoğan a fait remarquer qu’elles n’avaient encore été jamais utilisées contre un autre membre de l’OTAN.

« Quel genre d’alliance est-ce donc ? »

« Des sanctions sont imposées à notre pays, un membre de l’OTAN. Quel genre d’alliance est-ce donc ? » a demandé Erdoğan pendant un discours télévisé à Ankara.

Washington avait déjà sanctionné Ankara en juillet en l’empêchant de développer des éléments de la prochaine génération d’avions de chasse américains F-35 et d’acquérir ces appareils.

Les mesures punitives de cette semaine contre la Direction des industries turques de la défense (SSB) comprenaient l’interdiction de toutes licences d’exportation américaines et prêts accordés à cette agence chargée des acquisitions militaires.

La Turquie a activé le système de missiles S-400 au mépris de Washington (Reuters)
La Turquie a activé le système de missiles S-400 au mépris de Washington (Reuters)

Son président, İsmail Demir, et trois autres cadres ont également l’interdiction de voyager ou de détenir des actifs aux États-Unis.

Le département d’État a déclaré que les sanctions « ne visaient pas à saper les capacités militaires ou l’état de préparation au combat de la Turquie… mais plutôt à répercuter les coûts à la Russie en réponse à son large éventail d’activités nuisibles ».

Tensions entre Washington et Ankara 

Les responsables américains ont répété que le système américain avait été proposé à la Turquie mais que les négociations avaient été rompues car Ankara avait exigé d’obtenir la production exclusive et les données opérationnelles (secrets commerciaux) des Patriots.

Étant donné que le système de défense S-400 a la capacité d’« apprendre » des schémas de vol et d’autres données liées au survol d’appareils, Washington considère l’achat par un allié de l’OTAN du système de défense russe comme une menace pour la sécurité et avait demandé à Ankara de se retirer de cet accord.

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Mais Washington s’inquiète également que la Turquie finance le secteur de la défense russe au travers de cette acquisition.

Les sanctions ne sont que la dernière manifestation d’une série de divergences entre les deux pays, ces alliés au sein de l’OTAN sont également en désaccord sur la Syrie, la Libye, et la Méditerranée orientale

Si Trump entretient des relations assez chaleureuses avec Erdoğan, l’hostilité parmi les députés américains à l’égard de la Turquie s’accroît en raison de sa politique étrangère de plus en plus agressive.

Pendant ce temps, le président-élu Joe Biden, qui a autrefois qualifié Erdoğan d’« autocrate », devrait se montrer plus dur à l’égard de la Turquie que son prédécesseur.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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