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France : l’arrestation musclée de Youssouf Traoré attise le débat sur les violences policières

Des syndicats, associations et partis de gauche, ont réclamé la libération des manifestants arrêtés samedi 8 juillet lors d’une marche interdite. Une enquête administrative a été ouverte pour faire la lumière sur les violences commises par des policiers sur plusieurs journalistes 
Dans une vidéo publiée dimanche matin sur les réseaux sociaux, Youssouf Traoré a remercié ses soutiens et appelé à rester solidaires avec les autres personnes toujours en garde à vue (AFP/Bertrand Guay)
Dans une vidéo publiée dimanche matin sur les réseaux sociaux, Youssouf Traoré a remercié ses soutiens et appelé à rester solidaires avec les autres personnes toujours en garde à vue (AFP/Bertrand Guay)
Par MEE

Après l’interpellation musclée à Paris de Youssouf Traoré, associations, syndicats et partis de gauche à l’origine de « marches citoyennes » contre les violences policières, ont appelé à une manifestation le 15 juillet à 15 h place de la République à Paris. 

Youssouf Traoré, 29 ans, frère d’Adama Traoré, jeune homme noir, dont la mort en 2016 a été érigée en symbole des violences policières en France, a été interpellé samedi 8 juillet en marge d’une manifestation interdite à laquelle 2 000 personnes ont participé pour rendre hommage à la mémoire de son frère Adama, décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016 en région parisienne.

Filmée par des témoins, la vidéo de cette interpellation montre Youssouf Traoré résister aux forces de l’ordre avant d’être plaqué au sol par plusieurs policiers, selon la technique d’immobilisation appelée « plaquage ventral », controversée pour le risque d’asphyxie qu’elle peut faire courir à la personne interpellée. Il aurait « porté un coup » à une commissaire de police au début du rassemblement interdit, selon une source proche du dossier.

Selon une source policière, Youssouf Traoré, blessé à l’œil, a fait un malaise dans les locaux du commissariat, ce qui a conduit à son transfert à l’hôpital.

Pour une libération « sans condition ni poursuite »

Le frère d’Adama et d’Assa, figure de la lutte contre les violences policières, a été placé en garde à vue pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique et rébellion. Sa garde à vue, levée à cause de son hospitalisation, pourrait reprendre ensuite.

Dans une vidéo publiée dimanche matin sur les réseaux sociaux, Youssouf Traoré, que l’on voit habillé d’un t-shirt déchiré, avec un œil tuméfié, a remercié ses soutiens et appelé à rester solidaires avec les autres personnes toujours en garde à vue.

Les images de son arrestation ont provoqué des condamnations à gauche.

Plusieurs syndicats dont la CFT et la Fédération syndicale étudiante (FSE), des associations (Attac France, le Groupe d’information et de soutien des immigrés, le Planning familial…), des collectifs et des organisation politiques dont La France insoumise (LFI, gauche radicale) et Europe Écologie Les Verts (EELV), ont publié un communiqué pour exiger la libération « sans condition ni poursuite » des deux membres du Comité vérité et justice pour Adama.

« Macron et son gouvernement sont des irresponsables », a tweeté Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale. « C’est une honte. Il n’y avait aucune raison. Tout se passait très bien », a renchéri la députée écologiste Sandrine Rousseau.

Contexte très tendu

Éric Coquerel (LFI) a quant à lui demandé sur Twitter : « On la dissout quand ? » en parlant de la Brav-M, brigade de répression de l’action violente motorisée, constituée de binômes à moto et créée en 2019 dans le cadre du mouvement des Gilets jaunes.

Cette nouvelle mise en cause des forces de l’ordre intervient dans un contexte très tendu en France. 

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Filmée par une passante, la mort du jeune Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d’un contrôle routier près de Paris le 27 juin, a provoqué six nuits d’émeutes urbaines sans précédent dans le pays depuis 2005.

Sur les images de l’interpellation de Youssouf Traoré, on voit également une femme se faire violemment projeter au sol par un policier, et des journalistes violentés par les forces de l’ordre.

Une enquête administrative a par ailleurs été ouverte pour faire la lumière sur les violences commises par des policiers sur plusieurs journalistes qui couvraient samedi le rassemblement.

Les violences, dénoncées notamment par trois journalistes, Clément Lanot, journaliste indépendant, Pierre Tremblay, du Huffington Post, et Florian Poitout, photographe pour Abaca Press, ont eu lieu au moment où ils filmaient l’interpellation de Youssouf Traoré.

Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), a commenté sur Twitter : « La fatigue des forces de police n’excuse en rien ces violences répétées contre des journalistes. »

Lors de la marche « Adama III », samedi, Assa Traoré a pris la parole devant plusieurs élus et entourée d’un important dispositif des forces de l’ordre.

« On marche pour la jeunesse, pour dénoncer les violences policières. On veut cacher nos morts. La France ne peut pas donner des leçons de morale. Sa police est raciste, sa police est violente », a-t-elle déclaré. Une enquête a été ouverte à son encontre pour l’organisation de ce rassemblement. 

La marche était aussi l’occasion de « rappeler que depuis 2016, quatre des frères d’Adama Traoré ont été incarcérés », souligne le Bondy Blog. 

« Début juillet, Bagui Traoré avait été renvoyé aux assises pour tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique suite à la mort de son frère. ‘’Il n’y a aucun élément permettant de conforter l’accusation. Nous avons extrêmement hâte de nous défendre ‘’, déclarait son avocat, Florian Lastelle, tandis que la famille dénonce ‘’un acharnement judiciaire’’ directement lié à leur combat. »

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