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Alors que la France vote, les musulmans se disent inquiets pour leur avenir

Il y a un gouffre entre la démagogie du débat national à propos de l’islam et le quotidien de ces musulmans français. Mais combien de temps cela va-t-il durer ?
Marine Le Pen a organisé son dernier rassemblement de la campagne présidentielle française de 2022 à Arras, le 21 avril (AFP)
Marine Le Pen a organisé son dernier rassemblement de la campagne présidentielle française de 2022 à Arras, le 21 avril (AFP)
Par Frank Andrews à ARRAS, France

Après avoir rompu le jeûne du Ramadan mercredi soir, Casa s’est assis pour manger une glace en regardant le débat présidentiel sur son téléphone.

« Macron est détendu, plus à l’aise », estime le jeune homme de 25 ans, qui ne fait pas confiance aux médias et n’a, par conséquent, accepté de ne donner que son prénom.

Il a rejoint ses amis près d’un centre social, dans un quartier ouvrier de l’ouest d’Arras ; la cité, d’environ 40 000 habitants, se trouve dans le département du Pas-de-Calais, à l’extrême nord de la France.

« Elle se fait bouffer, miskina », raille l’un de ses amis, utilisant le mot arabe signifiant « la pauvre ».

Le débat qui opposait mercredi le président sortant Emmanuel Macron à la candidate Marine Le Pen était le point culminant d’une campagne qui a vu la figure de proue de l’extrême droite française progresser par rapport aux précédentes élections, en arrivant à quelques points de son rival au lendemain du premier tour. 

La mosquée el-Feth d’Arras, dans le nord de la France (MEE/Franck Andrews)
La mosquée el-Feth d’Arras, dans le nord de la France (MEE/Franck Andrews)

À Arras, si Emmanuel Macron est arrivé en tête, une grande partie du Pas-de-Calais, région désindustrialisée parmi les plus pauvres de France, est devenue un bastion de Marine Le Pen – du moins parmi les votants.

Jeudi dernier, à quelques jours du second tour, Marine Le Pen est arrivée en ville pour le dernier meeting d’une longue campagne qui restera très marquée par ses discours contre l’immigration et les musulmans.

Pour les musulmans, le quinquennat Macron a laissé des traces

Les personnes interviewées par Middle East Eye se montrent indifférentes vis-à-vis de la visite de la candidate du Rassemblement national.

Accoudés à l’une de leurs voitures, cigarettes à la bouche, ces jeunes – pour certains fonctionnaires, pour les autres ouvriers dans le bâtiment, tous dans la vingtaine ou la trentaine – ont voté au premier tour pour le candidat de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon.

Pour certains, c’était en raison de sa politique économique, pour d’autres, c’était parce que le candidat de La France insoumise ne s’était pas joint au concert des critiques adressées aux musulmans. 

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Le résultat n’a pas été à la hauteur de leurs espérances, puisque Jean-Luc Mélenchon n’est arrivé qu’à un point derrière Marine Le Pen.

Cette dernière, qui propose notamment d’interdire le voile dans l’espace public et d’expulser les étrangers et sans-papiers qui ont commis des crimes, se retrouve, comme en 2017, propulsée au second tour.

Pour ce groupe, Macron et Le Pen, c’est « du pareil au même » : « Ce qu’elle dit est vraiment choquant », assure Mohammed, qui mesure ses propos, « mais les cinq années de Macron l’ont été aussi, pas uniquement pour les musulmans, mais pour tout le monde. »

« Sous Macron, 650 mosquées ont été fermées », rapporte-t-il, en référence à la loi « contre le séparatisme » visant à « libérer les musulmans de l’emprise croissante de l’islamisme radical », selon le Premier ministre Jean Castex. Un chiffre, qui, en définitive, n’a rien d’exagéré : c’est même tout le contraire, puisque le nombre de fermetures plafonne en réalité à 718.

Plusieurs membres du groupe, ainsi que d’autres personnes avec qui MEE a pu s’entretenir, disent qu’ils s’abstiendront certainement au second tour dimanche. « On ne voterait pas pour un projet qui nous plait, mais pour celui qui nous fait le moins peur », justifie Mohammed.

Un peu plus tard, Jamila (44 ans), qui a voté pour Mélenchon au premier tour, explique qu’elle s’abstiendra au second tour, car, même si elle est née en France, « pour eux, je serai toujours une étrangère ». 

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Kaddour Lahouel, 72 ans, vice-président de la mosquée el-Feth

Lors de sa courte campagne pour sa réélection, éclipsée par le conflit en Ukraine, Macron a tenté de se repositionner comme le garant bienveillant de la laïcité à la française, souvent utilisée pour garder l’islam en dehors de la sphère publique.

Lors du débat de mercredi soir, il a accusé Marine Le Pen de pousser à une « guerre civile » en voulant interdire le voile, qu’elle qualifie d’« uniforme islamiste », imposé sous la « pression très importante […] de ceux qui cherchent à imposer l’islamisme ».

Mais pendant les cinq années de son mandat, son gouvernement a contribué à banaliser le discours de l’extrême droite à propos de l’islam.

« Mais pourquoi cela nous insécurise, ce voile ? […] C’est que ça n’est pas conforme à la civilité qu’il y a dans notre pays, c’est-à-dire au rapport entre les hommes et les femmes », déclarait-il sur RMC en avril 2018.

« L’année dernière, son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait reproché à Marine Le Pen « d’en [venir] quasiment à être dans la mollesse » sur l’islam.

À Strasbourg la semaine dernière, une jeune musulmane a demandé à Macron s’il était féministe. Il a acquiescé, puis lui a demandé : « Je peux me permettre d’être indiscret ? Vous portez le voile par choix ou c’est imposé ? » 

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Sara El Attar, activiste musulmane, a interrogé Macron là-dessus la semaine dernière, jugeant ce propos « infantilisant et surtout patriarcal ».

« C’est devenu totalement banal de critiquer le voile, de critiquer l’islam », estime l’un des amis de Casa, près du centre social.

Ce discours a nourri une grande partie de la campagne. Le polémiste d’extrême droite Éric Zemmour, qui avait déclaré que, s’il était élu, il interdirait le prénom Mohammed, avait annoncé un « programme islam » afin de « reconquérir » la France.

Lui et la candidate de droite Valérie Pécresse ont mentionné la théorie conspirationniste du « grand remplacement », tandis que Marine Le Pen elle-même a déclaré prévoir d’amender la Constitution pour « éradiquer l’islamisme ».

Macron, malgré tout ?

Dans ce contexte, les musulmans d’Arras et d’ailleurs peuvent-ils se permettre de ne pas voter ?

Pour les analystes et d’autres, les électeurs de Mélenchon qui vont s’abstenir pourraient aider Marine Le Pen, qui est actuellement environ 15 points derrière Macron au moment de la rédaction de cet article. Deux électeurs de Mélenchon sur trois ont déclaré qu’ils ne voteraient pas. 

Emmanuel Macron accueille ses soutiens à Strasbourg lors des derniers jours de la campagne électorale française (AFP)
Emmanuel Macron accueille ses soutiens à Strasbourg lors des derniers jours de la campagne électorale française (AFP)

Pour cette raison, Casa et la plupart des amis de son groupe affirment qu’ils voteront Macron.

« On ne peut pas laisser Le Pen gagner », clame-t-il. « Ma grand-mère porte le voile. »

Par ailleurs, il ressort des conversations avec une quinzaine des 2 000 habitants musulmans – hommes et femmes de tous âges – une profonde déconnexion entre le débat national provocateur à propos de l’islam en France et leur réalité quotidienne.

« On ne peut pas laisser Le Pen gagner. Ma grand-mère porte le voile »

- Casa, un électeur du Nord-Pas-de-Calais

Malgré des décennies de discours suggérant que les Français musulmans et les autres sont fondamentalement incompatibles, aucune des personnes interviewées par MEE ne dit ressentir une quelconque hostilité entre eux et leurs voisins non musulmans.

« C’est ce que les politiciens et les médias veulent diffuser », indique Mohammed. « Le problème avec ce [second] tour, c’est qu’ils sont bloqués sur l’islam et qu’ils oublient tout ce dont les gens ont vraiment besoin. »

Jamila ajoute : « Ce sont les politiciens qui remuent la merde, pas les gens ordinaires. Nous vivons ensemble face à face, il n’y a pas de problème. »

Omar Chabani, 70 ans et président de la mosquée el-Feth d’Arras, renchérit : « Ce sont les journalistes qui créent cette friction. Tous les jours : musulmans, musulmans, musulmans, voile. »

Kaddour Lahouel est venu en France depuis l’Algérie à l’âge de 30 ans. Aujourd’hui âgé de 72 ans et vice-président de la mosquée, il déclare : « Quand on est arrivé dans ce pays, on croyait tout, on n’imaginait pas qu’il était possible pour un journaliste de mentir. Mais petit à petit, on s’est rendu compte [que si]. »

« Les musulmans français veulent juste vivre leur vie. Aller travailler, manger, nourrir leur famille. Regarder Netflix, être normal, comme tout le monde. »

Aurélien Mondon, maître de conférences en politique à l’Université de Bath, estime que l’obsession de la France pour les questions liées à une « guerre culturelle », telles que l’immigration et l’islam, résulte en partie d’un processus qu’il identifie sous le nom de « libération cognitive ». 

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« Plus vous avez des personnes légitimes qui parlent de certaines questions, plus il devient légitime de les aborder. Quand vous avez Jean-Marie Le Pen, ce négationniste avec son œil de verre, qui parle de l’immigration en employant des propos racistes, tout le monde dit : “C’est terrible !”. Mais ensuite, quand [l’ex-président] Nicolas Sarkozy dit qu’il veut récupérer les électeurs du Front national un par un parce qu’il les comprend… On se dit plutôt : “Eh bien, si ces personnes légitimes disent ça, alors peut-être que je devrais m’inquiéter de l’immigration ”», explique-t-il. 

Plusieurs musulmans à Arras indiquent également que Marine Le Pen plaît à des gens qu’ils connaissent pour d’autres raisons.

« La plupart ne sont pas racistes, affirme Omar Chabani. Ils votent pour elle parce que la vie est chère, parce qu’ils n’ont pas de travail, etc. »

« Si Le Pen passe, c’est parce que les gens veulent du changement, souligne Mohammed. On a eu tous les autres partis et rien n’a changé. »

Selon un institut de sondage, si 43 % des personnes très satisfaites de leur vie soutiennent Emmanuel Macron, 46 % des personnes très insatisfaites optent pour Marine Le Pen.

Casa connaît « beaucoup de gens dans son entourage » qui votent Le Pen en raison de sa position sur le vaccin contre le covid-19, « malgré ce qu’elle dit sur les musulmans ».

Arras, dernière étape de la campagne du Rassemblement national

Marine Le Pen a choisi Arras pour son dernier meeting jeudi soir.

Entourée d’une nuée d’agents de sécurité et de journalistes, le visage illuminé par les LED des caméras de télévision, elle est entrée dans le vaste hangar au son des « On est chez nous ! », un slogan dont elle dément le caractère xénophobe

Ses partisans se bousculaient pour s’approcher.  « Vous êtes au premier rang, embrassez-la pour moi ! », a lancé un homme à un autre.

Des partisans de Marine Le Pen lors d’un rassemblement à Arras se rassemblent autour d’un bus de campagne pour prendre des photos (Frank Andrews/MEE)
Des partisans de Marine Le Pen à Arras se rassemblent autour d’un bus de campagne pour prendre des photos (MEE/Frank Andrews)

« Je n’embrasse que ma femme ! », lui a rétorqué son voisin sur le ton de la plaisanterie.

Sébastien, 49 ans, un agent de sécurité originaire de Toulon, retenait les partisans sur le passage de Marine Le Pen. Il travaille pour la candidate et son père depuis 1993. Quand on le questionne sur le caractère raciste des électeurs de Marine Le Pen, il se défend ainsi : « Ma compagne s’appelle Leïla, c’est tout ce que j’ai à dire. »

Dans la foule se trouvait Ahleme, une Arrageoise musulmane âgée de 24 ans qui est venue d’elle-même au meeting, par simple curiosité. Elle ne votera pas Le Pen au second tour et juge « effrayante » l’idée de la voir aux commandes. Elle confie qu’elle est « habituée à l’islamophobie » en France, mais qu’elle a décidé de ne pas porter le foulard.

Les 4 000 personnes – selon les organisateurs – ont entonnel’hymne national. Lorsque Marine Le Pen mentionne le général de Gaulle pendant son discours, un partisan lève les poings en l’air et crié « Vive le Général ! ».

« Honnêtement, il ne m’est jamais arrivé de me faire insulter par quelqu’un ou que l’on vienne chez moi. Mais j’imagine qu’on va en arriver là, tant ces idées entrent dans la tête des gens. On leur donne le meilleur de nous-mêmes et on est considérés comme des moins que rien »

Khaled Diafi, 70 ans, ancien mécanicien

« Peuple de France, lève-toi contre ceux qui ont si peu de considération pour la défense de notre civilisation, qui ont dénigré ton histoire, ta culture, tes traditions, qui ont fait de la submersion migratoire notre seul horizon démographique, qui ont autorisé la construction de mosquées-cathédrales soumises aux influences pernicieuses de l’étranger », a tonné la candidate.

Des huées se sont élevées alors qu’elle terminait sa phrase, imprégnée du langage de la théorie complotiste du « grand remplacement ». Les plus vives acclamations ont toutefois retenti lorsque Marine Le Pen a réitéré sa promesse de s’opposer au projet d’Emmanuel Macron de relever l’âge national de départ à la retraite.

À la fin du discours, ponctué par un retour de l’hymne national, Madeleine (18 ans) patientait avec sa famille pour tenter d’apercevoir la candidate.

Si elle reconnaît qu’« avec le voile, [Marine Le Pen] peut être assez extrême », elle ajoute : « Si quelqu’un qui vient d’un autre pays commet un crime, je trouve qu’il est normal de le renvoyer dans son pays. »

À l’extérieur, Sandrine (49 ans), originaire de Calais, arbore un badge du Rassemblement national sur le revers de sa veste. Elle affirme voter Le Pen depuis ses 18 ans.

« Le voile est un signe d’islamisme. Nous, c’est les églises, pas les mosquées. »

« Peur pour nos enfants »

Marine Le Pen a néanmoins de faibles chances de devenir présidente dimanche.

Les recherches d’Aurélien Mondon montrent que la montée de l’extrême droite est en réalité due à plusieurs autres facteurs, notamment la désintégration des partis français de centre gauche et de centre droit, ainsi que la hausse de l’abstention, qui ont offert à Marine Le Pen une plus grande part des votes.

Cependant, face à la violence incontrôlée du débat français autour de l’islam, de nombreux Arrageois musulmans ont peur pour l’avenir. 

À Paris, une femme musulmane passe devant des affiches des deux finalistes à la présidentielle le 21 avril 2022  (AFP/Joël Saget)
À Paris, une femme musulmane passe devant des affiches des deux finalistes à la présidentielle le 21 avril 2022 (AFP/Joël Saget)

« Personnellement, je ne souffre pas », confie Omar Chabani, à la mosquée el-Feth. « On sait comment sont les choses, mais j’ai peur pour mes enfants, pour nos enfants. Cela les blesse. Leurs amis sont tous Français, ils vont à l’école avec eux, ils jouent au football avec leurs voisins, ils vont au café, en boîte de nuit… C’est là que j’ai peur pour eux. »

En face de lui, de l’autre côté du bureau de l’imam, se trouve Khaled Diafi (70 ans), ancien mécanicien et bénévole à la mosquée.

« J’ai peur pour mes enfants, pour nos enfants. Cela les blesse. Leurs amis sont tous Français, ils vont à l’école avec eux, ils jouent au football avec leurs voisins, ils vont au café, en boîte de nuit… C’est là que j’ai peur pour eux »

- Omar Chabani, président de la mosquée el-Feth d’Arras

« En 1914-1918, en 1939-1940, vous avez pris nos grands-parents de force pour défendre l’Europe, vous saviez qu’ils étaient musulmans, vous saviez qu’ils faisaient le Ramadan, vous saviez qu’ils ne mangeaient pas de porc, ça ne vous a pas dérangé et maintenant, on vous crée des problèmes ? Ça me révolte, c’est inhumain », déclare-t-il, en colère.

« Honnêtement, il ne m’est jamais arrivé de me faire insulter par quelqu’un ou que l’on vienne chez moi. Mais j’imagine qu’on va en arriver là, tant ces idées entrent dans la tête des gens. On leur donne le meilleur de nous-mêmes et on est considérés comme des moins que rien. Comment sommes-nous censés croire en l’avenir ? », ajoute-t-il.

Tous deux ont voté Mélenchon au premier tour et voteront Macron au second.

Certains musulmans souhaitent que Marine Le Pen l’emporte pour que sa faiblesse, comme ils le disent, puisse être percée à jour.

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« Au fond, je pense qu’il vaut mieux que [Le Pen] soit élue, que nous en prenions pour cinq ans, que les gens se rendent compte que ça ne sert à rien et qu’ensuite nous passions à autre chose », affirme un trentenaire dont l’épouse ne travaille pas car la loi française l’obligerait à retirer son foulard. « Il vaut mieux que ça se passe maintenant plutôt que de le faire subir à nos enfants. »

D’autres craignent toutefois qu’une victoire de Marine Le Pen ne donne de la légitimité aux racistes refoulés et ne cause des dégâts irrémédiables.

« Si elle passe, tous ceux qui votaient Le Pen mais qui disaient “Je ne suis pas raciste” ne se cacheront plus », prévient Mohammed.

Casa estime qu’en cas de victoire de Marine Le Pen, ses électeurs penseront avoir « le droit de faire n’importe quoi ». « Cela pourrait être dangereux pour nous, nos grands-parents, nos petites sœurs, pour la communauté musulmane de manière générale », conclut-il.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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