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Guerre à Gaza : le Hezbollah promet des représailles après l’assassinat par Israël d’un haut dirigeant du Hamas à Beyrouth

Le groupe libanais affirme avoir « le doigt sur la gâchette » après qu’une frappe de drone a tué Saleh al-Arouri dans le quartier de Dahiyeh à Beyrouth
Des combattants du Hezbollah assistent aux funérailles d’un camarade tué dans le sud du Liban lors de tirs transfrontaliers avec les troupes israéliennes, le 21 décembre 2023 à Markaba, au Liban (AFP)
Par MEE

Le Hezbollah libanais s’est engagé à réagir à l’assassinat par Israël du numéro 2 du Hamas palestinien, Saleh al-Arouri, à Beyrouth.

« Nous affirmons que ce crime ne restera jamais sans réponse et sans punition », a déclaré le groupe armé libanais dans un communiqué mardi soir.

« Nous considérons le crime du meurtre de Saleh al-Arouri et de ses compagnons au cœur du Dahiyeh à Beyrouth comme une agression dangereuse contre le Liban et son peuple, sa sécurité, sa souveraineté et sa résistance. »

Le Hezbollah a ajouté que l’assassinat d’Arouri, survenu lors d’une frappe de drone qui a également tué deux commandants des brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, constituait une « attaque grave contre le Liban » et qu’il avait « le doigt sur la gâchette ».

« L’ennemi criminel – qui, après 90 jours de crimes, de meurtres et de destructions, n’a pas réussi à soumettre Gaza – a recours à une politique d’assassinat », a poursuivi le Hezbollah.

« Assassiner tous les dirigeants du Hamas, où qu’ils se trouvent »

Le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré que celle-ci se trouvait à un « niveau de préparation très élevé – dans tous les domaines, en défense et en attaque », alors que le pays se prépare à des représailles du Hezbollah.

« Nous sommes prêts à faire face à n’importe quel scénario », a affirmé Hagari, sans reconnaître l’attaque.

Les responsables israéliens ont promis à plusieurs reprises d’éliminer les dirigeants du Hamas en dehors des territoires palestiniens occupés, notamment au Liban, au Qatar et en Turquie, à la suite de l’attaque menée par le groupe le 7 octobre dans le sud d’Israël.

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En novembre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a dit avoir donné l’ordre au Mossad, le service de renseignement israélien, « d’assassiner tous les dirigeants du Hamas, où qu’ils se trouvent ».

Début décembre, un enregistrement divulgué révélait que Ronen Bar, le chef du Shin Bet, l’agence de sécurité intérieure israélienne, avait déclaré aux parlementaires du pays que les dirigeants du Hamas seraient tués « à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Turquie, au Qatar, partout ailleurs ».

« Cela prendra quelques années, mais nous serons là pour le faire », a-t-il ajouté.

Quelques heures après l’assassinat, le Hezbollah a annoncé avoir attaqué un groupe de soldats israéliens près de Marj à l’aide de missiles – le premier tir transfrontalier du groupe depuis la mort d’Arouri.

Le Hezbollah a indiqué que l’attaque s’était produite en face de la ville frontalière libanaise de Markaba.

Le site d’information Axios a rapporté qu’Israël se préparait à des tirs de missiles balistiques à longue portée par le Hezbollah en réponse à l’assassinat.

« Une réponse décisive »

Si Israël n’a pas publiquement revendiqué le meurtre d’Arouri, deux responsables américains ont déclaré à Axios qu’Israël était responsable de la frappe.

Ils ont souligné que les dirigeants israéliens n’avaient pas informé l’administration Biden au préalable.

L’assassinat d’Arouri est le dernier signe d’une escalade plus large de la guerre à Gaza, qui s’étend au-delà de ses frontières.

Dimanche, l’armée américaine a tué dix combattants houthis, un incident condamné par le groupe yéménite.

Dans le même temps, l’assassinat d’Arouri pourrait conduire à des représailles plus importantes de la part du Hezbollah contre Israël, une décision que le groupe libanais a jusqu’à présent évitée tout en s’engageant dans des attaques transfrontalières.

Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a précédemment prévenu que « tout assassinat sur le sol libanais d’un Libanais, d’un Syrien, d’un Iranien ou d’un Palestinien entraînera[it] une réponse décisive ».

Qui était Saleh al-Arouri ?

Arouri était le vice-président du bureau politique du Hamas et le chef des opérations du groupe en Cisjordanie occupée.

Né le 19 août 1966 à Ramallah, en Cisjordanie – alors que celle-ci était encore sous contrôle jordanien –, il a gravi les échelons au sein du Hamas en commençant par s’engager dans la politique étudiante à l’Université d’Hébron. Plus tard, il a été l’un des fondateurs de la branche militaire du mouvement, les brigades al-Qassam.

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Il a passé dix-huit ans dans une prison israélienne avant d’être libéré en 2010 et expulsé vers la Syrie.

Arouri vivait relativement librement à Beyrouth, mais il a été inscrit sur la liste des entités et individus terroristes des États-Unis en 2015 et sa tête a été mise au prix de 5 millions de dollars par Washington.

Selon un article du New York Times, Arouri a été responsable du renforcement des liens du Hamas tant avec l’Iran que le Hezbollah, et s’est notamment rendu à Téhéran pour y rencontrer le chef du Conseil suprême de sécurité nationale. Il a également développé l’infrastructure militaire du Hamas au Liban.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a condamné l’assassinat d’Arouri.

Nasser Kanaani, porte-parole du ministère, a déclaré qu’Israël avait eu recours aux assassinats ciblés après avoir subi une « défaite lourde et irréparable » face à la résistance palestinienne, selon l’agence de presse Tasnim.

Il a ajouté que cet assassinat était une preuve supplémentaire du fait qu’Israël était « fondé sur l’assassinat et le crime » et constituait une violation de la souveraineté du Liban.

Traduit de l’anglais (original).

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