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Israël-Palestine : pourquoi les fans du nouveau Hunger Games comparent le film à la guerre à Gaza

Les fans et commentateurs du thriller dystopique établissent des liens entre les thèmes politiques qu’il évoque et la guerre israélo-palestinienne en cours
L’actrice Rachel Zegler dans Hunger Games : La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur (Lionsgate)

Le dernier opus de la pentalogie cinématographique The Hunger Games fait parler les fans pour des raisons autres que son scénario.

Sur TikTok et X, les fans font des comparaisons entre les thèmes politiques évoqués par le thriller dystopique et la guerre israélo-palestinienne en cours.

La série cinématographique The Hunger Games a fait sensation dans le monde entier avec quatre films sortis entre 2012 et 2015, puis, désormais, un préquel, Hunger Games : La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, sorti en salles en novembre 2023.

La série dépeint une nation fictive, Panem, présentée de manière sous-entendue comme une version future des États-Unis, gouvernée par une ville riche, le Capitole, qui reçoit ses ressources de douze districts paupérisés tenus sous régime militaire.

Chaque année, les responsables du Capitole punissent les districts pour un soulèvement violent manqué dans le passé en obligeant leurs enfants à se battre jusqu’à la mort dans un combat de gladiateurs retransmis dans une émission télévisée.

Inspirée des romans de l’écrivaine américaine Suzanne Collins, la série originale évoque la naissance et le déclenchement d’une rébellion contre le Capitole.

La nouvelle préquelle, basée sur un roman de Suzanne Collins sorti en 2020, examine la manière dont les Hunger Games ont été conçus comme une forme de punition collective infligée aux districts.

« Animaux »

On y voit les citoyens du Capitole déshumaniser les habitants des districts, les qualifiant d’« animaux » – ce qui a rappelé à certains fans les commentaires du ministre israélien de la Défense Yoav Galant, qui a qualifié les Palestiniens d’« animaux humains » le mois dernier.

Dans une scène, les riches habitants du Capitole sont horrifiés par le fait que les enfants des districts aient profané le drapeau national – mais pas par le fait qu’ils soient forcés de se battre jusqu’à la mort.

Des travailleurs pauvres représentés dans le nouveau film (Lionsgate)
Des travailleurs pauvres représentés dans le nouveau film (Lionsgate)

Suzanne Collins dit avoir conçu la série Hunger Games après avoir regardé à la télévision un reportage sur la guerre en Irak entrecoupé d’images d’une émission de télé-réalité.

Elle a expliqué en 2018 : « Les citoyens des districts n’ont aucun droit humain fondamental, ils sont traités comme des esclaves et sont soumis chaque année aux Hunger Games. Je pense que la majorité du public d’aujourd’hui définirait cela comme un motif de révolution. Ils ont de bonnes raisons, mais la nature du conflit soulève de nombreuses questions. »

Plusieurs critiques du film ont souligné les thèmes politiques importants de La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur.

Un article récent du Time Magazine compare les personnages des districts qui tentent de faire en sorte que les citoyens du Capitole les voient comme des êtres humains à la façon dont « les Palestiniens sont obligés de se présenter comme dignes d’attention, même au seuil de la mort ».

« D’inquiétantes similitudes »

Sur les réseaux sociaux, les fans ont établi des parallèles entre le film et la guerre à Gaza.

« Je le dis maintenant, le film Hunger Games va entraîner une énorme augmentation des manifestations en faveur de la Palestine parmi les jeunes générations américaines », a déclaré une utilisatrice de TikTok dans une vidéo qui compte désormais plus de 79 000 likes.

« Vous savez ce qui est fou ? Les inquiétantes similitudes entre les Hunger Games et la Palestine », a posté un autre.

Les utilisateurs de la plateforme de réseaux sociaux X ont fait des commentaires similaires.

Traduction : « J’ai apprécié le film irréaliste et dystopique complètement fictif Hunger Games : La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, en particulier la partie où les adultes au pouvoir débattaient de la question de savoir s’il était moral ou non de massacrer des enfants en grand nombre en réponse à un soulèvement politique violent. »

Traduction : « J’ai vu le nouveau film des Hunger Games où la capitale parle des quartiers comme des ‘’animaux’’, où les rebelles sont qualifiés de ‘’terroristes’’, où la faim est utilisée comme une arme… Vous ne le comprenez donc que quand c’est de la fiction ? »

D’autres leur ont emboîté le pas, soulignant des scènes spécifiques du film qui leur rappelaient la guerre.

Un extrait de Hunger Games : La Révolte, partie 1 (2014), qui se déroule juste après le bombardement d’un hôpital par le Capitole, a également circulé en ligne, en référence aux attaques israéliennes contre des hôpitaux à Gaza.

Les films précédents de Hunger Games, discutés en ligne à la lumière de la sortie du préquel, exploraient les thèmes de l’oppression et de l’éthique de la résistance violente.

Dans La Révolte, partie 1, par exemple, des rebelles font exploser un barrage hydroélectrique du Capitole lors d’une mission suicide.

Traduction : « La scène où l’enfant dans la cage a assassiné la fille qui lui refusait de l’eau et où ils ont dit ‘’nous ne pouvons pas tolérer ce terrorisme’’… »

Traduction : « Ou quand ils étaient plus bouleversés par un drapeau déchiré que par des gens massacrés. »

Un thème important de La Révolte, partie 2 (2015) est le débat sur le meurtre de civils du Capitole dans le cadre de la rébellion. L’un des protagonistes adolescents, Gale, le justifie tandis que le personnage principal, Katniss, s’y oppose, le considérant immoral.

Mais alors que de nombreux fans ont comparé le Capitole à Israël, aucune personne impliquée dans la production du nouveau film ne l’a fait publiquement.

Traduction : « Les Américains avalent cette merde dans des films mais quand il y a un vrai empire qui bombarde des hôpitaux, ils ferment les yeux, s’enfilent leur café au lait du matin et passent leur journée sans se soucier du monde. »

L’actrice Viola Davis, qui incarne la cruelle Volumnia Gaul, a publié une déclaration le 9 octobre dans laquelle elle a dit « prie[r] pour le retour sain et sauf de tous les otages et la paix ». Elle a critiqué les personnes qui « ont réagi à ces violences [du 7 octobre] avec des justifications et non avec empathie ».

Le réalisateur, Francis Lawrence, qui a également réalisé trois autres films de la série Hunger Games, s’est joint à plus de 700 personnalités hollywoodiennes qui ont signé une lettre de soutien à Israël le 12 octobre.

On pouvait y lire : « Nous, dans la communauté hollywoodienne et dans le monde entier, devons être aux côtés d’Israël alors qu’il se défend contre un régime terroriste à Gaza qui cherche à détruire Israël. »

Le 7 octobre, des combattants palestiniens ont lancé une attaque surprise dans le sud d’Israël durant laquelle ont perdu la vie environ 1 200 personnes.

Plus de 14 800 Palestiniens ont été tués dans les bombardements et l’invasion menés par Israël à Gaza en représailles, tandis que plus de 6 800 personnes sont portées disparues ou enterrées sous les décombres, selon les autorités locales.

Israël et le Hamas ont convenu mercredi d’une trêve de quatre jours, dans le cadre d’un accord selon lequel le groupe palestinien doit libérer 50 femmes et enfants otages israéliens en échange de la libération de 150 femmes et enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.

La pause temporaire dans les combats a commencé ce vendredi matin.

Traduit de l’anglais (original).

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