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La Jordanie liquide son armée de l’air et pourrait quitter la coalition au Yémen

Fin décembre, la Royal Jordanian Air Force a mis en vente plusieurs appareils impliqués dans la guerre au Yémen. Ce qui pourrait laisser entrevoir un retrait de la Jordanie de la coalition menée par l’Arabie saoudite
La Jordanie a discrètement mis en vente des éléments importants de ses forces aériennes fin décembre 2018 (AFP)

De nombreux spécialistes avaient déjà été étonnés par la mise en vente d’un certain nombre d’appareils par l’armée de l’air jordanienne en septembre dernier. Cette fois, ce sont des éléments importants de sa composante aérienne qui ont été mis discrètement en vente, fin décembre 2018, sans perspectives connues de remplacement.

En septembre 2018, l’armée de l’air jordanienne avait proposé de céder en tout 45 appareils, dont dix-sept hélicoptères d’attaque AH-1 Cobra, treize hélicoptères de transport UH-1, quatre avions de transport (deux Hercule C-130 et deux Casa) et douze avions d’entraînement Hawk MK63.

Comparée à celles de la région, l’armée jordanienne est une petite armée : ses moyens sont très limités en hommes et en équipements. Mais les spécialistes sont d’accord pour dire qu’il s’agit d’une armée qui a beaucoup investi dans la qualité de la formation et dans ses forces spéciales, surtout axées sur la mobilité aérienne et la couverture par des avions ou des hélicoptères d’attaque.

L’armée jordanienne est une petite armée qui a toutefois beaucoup investi dans les forces spéciales, ici, dans un exercice de simulation de libération des otages, à Amman, en mai 2018 (AFP)

Cette hyper spécialisation a permis à l’armée d’Amman de se faire connaître à l’échelle internationale, en particulier après l’organisation du salon des forces spéciales SOFEX (qui a lieu tous les deux ans depuis 1999), et l’ouverture en 2009 du King Abdullah Special Training Operation Center (KASTOC), une sorte de Disneyland pour troupes du monde entier qui viennent s’entraîner en conditions réelles. 

On y trouve une épave d’avion pour simuler des prises d’otages, un village « arabe » et différentes installations pour simuler des embuscades ou des infiltrations terroristes.

Selon le magazine néerlandais spécialisé dans le domaine de l’aéronautique militaire, la Royal Jordanian Air Force (RJAF) a mis en vente dix appareils. Huit hélicoptères Blackhawk UH-60L, utilisés pour le transport mais aussi pour l’appui des troupes au sol, et deux avions Gunship (avions de transports disposant de canons et de missiles pour l’appui au sol) qui avaient été conçus spécialement pour la Jordanie, le Casa AC-235. 

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Toujours selon la publication néerlandaise, des rumeurs font état de la prochaine mise en vente de la plupart des petits hélicoptères d’assaut des forces spéciales jordaniennes, les MD530FF Little Birds. 

Le plus étonnant : ces hélicoptères et avions concernés par la vente sont actuellement déployés en Arabie saoudite et participent à la guerre au Yémen dans le cadre de la coalition dite arabe. Cela préfigure peut-être un retrait de la Jordanie de l’effort de guerre au Yémen.

Cette vente s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme de rationalisation et de réduction des coûts initié par l’actuel commandant de la RJAF, le général de division Yousef A. al-Hnaity.

En 2018, le royaume a réceptionné deux hélicoptères géants russes, Mi-26 T2, sur les quatre commandés en 2015, ce qui laisse entrevoir un possible changement de doctrine pour les forces armées jordaniennes.

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