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Coronavirus : des activistes lancent une « contestation numérique » pour mettre fin aux sanctions américaines contre l’Iran

L’objectif de cette campagne : faire pression sur le Congrès américain pour qu’il lève les sanctions contre l’Iran, occupé à combattre le COVID-19
La campagne sur les réseaux sociaux a attiré l’attention du monde entier (Twitter/Sahar Ghorishi)

Des activistes ont lancé une campagne en ligne pour faire pression sur Steven Mnuchin, le secrétaire américain au Trésor, afin qu’il lève les sanctions contre l’Iran et l’aide dans sa lutte pour contenir la propagation du coronavirus.

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Hoda Katebi, une activiste irano-américaine, a lancé le hashtag #EndCOVIDSanctions pour appeler les représentants du Congrès américain à alléger les sanctions contre l’Iran, un des pays les plus touchés par la pandémie en dehors de la Chine.

Le hashtag a été partagé des milliers de fois et a attiré l’attention du monde entier.

Cette « contestation numérique » impliquait également de passer 80 heures d’appels téléphoniques au département du Trésor pour leur demander d’agir.

Hoda Katebi souligne l’urgence de la situation à laquelle de nombreux Iraniens sont actuellement confrontés : « Les jours passent et les sanctions contre l’Iran ne sont toujours pas levées, le nombre de morts et le nombre d’Iraniens infectés par le coronavirus augmentent de façon exponentielle. Il ne nous reste plus beaucoup de temps. Les Iraniens ne peuvent pas acheter ou fabriquer les fournitures médicales nécessaires frappées par les sanctions américaines. »

« Les chercheurs prédisent que si les sanctions ne sont pas levées, au moins 3,5 millions de vies iraniennes seront perdues à cause du COVID-19. »

L’économie iranienne est paralysée par les sanctions américaines qui ont également limité sa capacité à acheter ou à accéder à des équipements médicaux ou pharmaceutiques sur les marchés internationaux.

« C’est parce qu’il n’existe pas de mécanisme financier pour réaliser ces transactions », explique à Middle East Eye Sanam Vakil, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’institut Chatham House.

Traduction : « Urgent. Une nouvelle lettre de @AOC @Ilhan & others appelle @stevenmnuchin1 [le secrétaire américain du Trésor] à lever MAINTENANT les sanctions contre l’Iran afin que les médecins puissent combattre le #COVID19. Vos représentants ont jusqu’à mercredi 14 h pour se connecter ! Rejoignez-nous pour une tempête Twitter appelant nos représentants à le faire et à lever les [sanctions] ! »

« À partir d’aujourd’hui, nous saturons également les téléphones du ministère des Finances/@ stevenmnuchin1 pour exiger qu’ils fassent leur part, fassent baisser la courbe mondiale et [lèvent les sanctions] MAINTENANT afin que les Iraniens puissent avoir une chance de se battre contre le #COVID19. Nous avons des volontaires réservés pour les prochaines 80 heures pour 80 millions de personnes vivant en Iran. »

Les sanctions commerciales américaines – réimposées après le retrait de Washington de l’accord sur le nucléaire avec Téhéran en 2018 – signifient que la République islamique ne peut pas acheter des médicaments auprès d’entreprises européennes en raison des craintes des banques européennes d’être sanctionnées par le ministère des Finances américain pour commercer avec l’Iran.

L’année dernière, Human Rights Watch (HRW) a déclaré que les « pressions maximales » imposées par les sanctions américaines avaient empêché le pays de soigner efficacement les patients atteints de cancer et de troubles sanguins rares.

Les appels internationaux à l’allégement des sanctions ont été lancés pour permettre à Téhéran de lutter contre le virus, mais Washington a insisté sur le fait que sa campagne n’entrave pas la réponse de l’Iran à la pandémie.

Le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et le Pakistan ont tous exhorté la Maison-Blanche à assouplir les sanctions. Des membres importants du Congrès américain ont également soulevé le problème.

Ilhan Omar a récemment renouvelé ses appels aux États-Unis pour qu’ils suspendent les sanctions contre l’Iran.

Selon le ministère iranien de la Santé, une personne décède toutes les dix minutes du COVID-19, alors que le nombre de morts continue d’augmenter.

Traduction : « @MaxRose4NY, veuillez rejoindre @AOC @AyannaPressley @BernieSanders @ewarren & others et #EndCOVIDSanctions sur le peuple iranien. Alors que nous protégeons nos proches ici aux États-Unis, étendons la compassion et l’empathie aux autres. Nous ne pouvons pas punir le peuple iranien. Ils ont besoin de nous. »

La députée Ilhan Omar a appelé à la fin des sanctions contre l’Iran avant le début de l’épidémie.

« Cela n’a aucun sens. Les sanctions sont une guerre économique », a-t-elle tweeté en janvier. « Elles ont déjà causé des pénuries médicales et d’innombrables morts en Iran. Vous ne pouvez pas prétendre vouloir la désescalade puis annoncer de nouvelles sanctions sans objectif clair. Ce n’est pas une réponse mesurée ! »

Le nombre de morts en Iran a dépassé 2 000 personnes. Des responsables du gouvernement ont lancé un appel urgent pour des médicaments et du matériel vitaux.

Un responsable du ministère iranien de la Santé, Alireza Vahabzadeh, a déclaré mercredi que le nombre total d’Iraniens infectés par le coronavirus est passé à 27 017.

Les professionnels de la santé se retrouvent sous une pression énorme en particulier en raison du manque d’équipements et de ressources.

La semaine dernière, Washington a annoncé deux nouvelles séries de mesures qui mettaient sur liste noire les sociétés accusées d’acheter du pétrole et des produits pétrochimiques aux Iraniens.

Traduit de l’anglais (original).

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