Turquie-Émirats arabes unis : Erdoğan et MBZ ont discuté par téléphone de leur relation bilatérale
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan et le prince héritier d’Abou Dabi Mohammed ben Zayed se sont entretenus par téléphone lundi 30 août. Au cours de leur conversation, les deux dirigeants ont évoqué les moyens d’améliorer la relation bilatérale. Il s’agit de la dernière initiative en date dans le cadre du rapprochement entre la Turquie et les Émirats arabes unis.
En plus des liens bilatéraux, les deux dirigeants ont échangé leurs points de vue sur un certain nombre de questions régionales et internationales, a rapporté l’agence de presse officielle émiratie WAM, sans donner plus de détails.
Cet échange téléphonique fait suite à des contacts récents entre la Turquie et les Émirats arabes unis, dont la tenue d’une rare rencontre à la mi-août entre Erdoğan et le conseiller à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, le cheikh Tahnoun ben Zayed al-Nahyane.
Erdoğan avait également déclaré qu’il était disposé à rencontrer MBZ, dirigeant de facto des Émirats arabes unis, et que les deux camps avaient effectué des avancées au cours des derniers mois.
La Turquie et les Émirats arabes unis, qui ont entretenu une âpre rivalité au Moyen-Orient, ont soutenu des camps opposés dans différents conflits régionaux au cours des dernières années, notamment le conflit en Libye et le blocus du Qatar initié par plusieurs États arabes.
Au cours des cinq dernières années, Ankara avait également accusé publiquement les Émirats arabes unis d’avoir financé les conspirateurs à l’origine de la tentative de coup d’État lancée en 2016 en Turquie.
Un certain potentiel économique
Toutefois, depuis l’élection du président américain Joe Biden, les deux pays ont signalé un changement en matière de politique régionale. Ankara a ainsi engagé des discussions avec l’Égypte et Israël par l’intermédiaire de ses services de renseignement afin de rétablir les liens bilatéraux.
Pour leur part, les Émiratis laissent entrevoir un dégel des relations avec la Turquie depuis plusieurs mois : en janvier, Anwar Gargash, alors ministre d’État émirati aux Affaires étrangères, a indiqué que les relations entre les deux rivaux pourraient être « recalibrées ».
Les Émirats arabes unis ont également relâché la pression sur les hommes d’affaires turcs et rétabli les vols entre Istanbul, Abou Dabi et Dubaï.
En avril, le ministre émirati des Affaires étrangères Abdallah ben Zayed a appelé son homologue turc Mevlüt Çavuşoğlu pour échanger les amabilités de rigueur au cours du mois sacré du Ramadan.
Dans le même temps, les récentes mesures prises par la Turquie à l’encontre des Frères musulmans – notamment la demande faite aux chaînes d’opposition égyptiennes de déprogrammer des émissions politiques populaires – auraient été bien accueillies par les cercles gouvernementaux émiratis.
L’économie non pétrolière émiratie a reculé de plus de 6 % l’an dernier, selon un responsable turc précédemment interrogé par MEE, qui estime qu’Abou Dabi voit un certain potentiel économique en Turquie : son économie devrait croître de plus de 5 % rien que cette année.
À l’issue de sa rencontre avec Tahnoun ben Zayed, Erdoğan a affirmé avoir établi une feuille de route avec le conseiller à la sécurité nationale des Émirats arabes unis en vue de futurs investissements du pays en Turquie.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation
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