Un jeune Marocain sauve des Arabes et des Africains empêchés de fuir l’Ukraine
Alors qu’est de plus en plus évoqué le racisme qui frappe, à la frontière ukrainienne, les Africains et les Arabes essayant de fuir le pays en guerre, une vidéo est vite devenue virale.
Les images montrent Mehdi Bendidouh, un jeune Marocain, qui tente de faire monter dans un train, à destination de la Slovaquie, des ressortissants arabes ou africains après l’insistance de la police ukrainienne de ne laisser monter dans le train que des personnes « ayant la peau blanche ».
Traduction : « En Ukraine, un jeune Marocain portant un couteau fait monter les Marocains dans le train et empêche les Ukrainiens de monter. Il leur rend la monnaie de leur pièce. »
Le jeune homme appelle d’abord de jeunes femmes arabes à monter en premier dans le train, alors que des bagarres éclatent entre des ressortissants étrangers et des Ukrainiens. D’autres vidéos montrent la police ukrainienne chasser des jeunes Africains du train.
Traduction : « Avant et après l’intervention du jeune Marocain. »
Mehdi Bendidouh, originaire d’Agadir, sur la côte au sud du Maroc, étudiait les télécommunications à l’université de Kharkiv, à l’est de l’Ukraine. Il a fui les bombardements, avec d’autres étudiants marocains, traversant de longues distances à pied ou en stop.
Contacté par le site internet d’Al Jazeera, Mehdi Bendidouh affirme que l’incident dans le train « est représentatif de la discrimination raciale » dont il a été témoin. « Ils ont poussé les Arabes hors du train et n’ont permis qu’aux Ukrainiens d’y monter », témoigne-t-il.
C’est cette situation qui a poussé Mehdi a foncer sur la portière d’un wagon fermée par un policier ukrainien, appelant d’abord les femmes, puis des jeunes hommes arabes et africains, à monter dans le train, « après des jours d’humiliations infligées par la police des frontières ukrainienne », raconte-t-il.
Plusieurs témoignages, sur les réseaux sociaux et dans divers médias, dénoncent le racisme subi par les ressortissants africains en raison de la couleur de leur peau.
« Choquants et racistes »
Le 28 février, le président de l’Union africaine (UA) et président du Sénégal, Macky Sall, ainsi que le président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, se sont dits « particulièrement préoccupés par les informations rapportées selon lesquelles les citoyens africains, se trouvant du côté ukrainien de la frontière, se verraient refuser le droit de traverser la frontière pour se mettre en sécurité ».
« Les rapports selon lesquels les Africains sont l’objet d’un traitement différent inacceptable seraient choquants et racistes et violeraient le droit international. À cet égard, les présidents exhortent tous les pays à respecter le droit international et à faire preuve de la même empathie et du même soutien envers toutes les personnes qui fuient la guerre, nonobstant leur identité raciale », lit-on dans le communiqué de l’UA.
Le Nigeria, pour sa part, a exhorté lundi les autorités frontalières de l’Ukraine et des pays voisins à traiter ses citoyens avec dignité. « Des informations regrettables indiquent que la police ukrainienne et le personnel de sécurité refusent de laisser les Nigérians monter dans les bus et les trains vers la Pologne », a déclaré le porte-parole de la présidence nigériane Garba Shehu.
« Dans une vidéo qui circule largement sur les réseaux sociaux, une mère nigériane avec son jeune bébé a été filmée en train d’être forcée physiquement de céder son siège », a-t-il poursuivi. Et selon d’autres informations, a-t-il ajouté, des fonctionnaires polonais ont refusé l’entrée en Pologne à des Nigérians venant d’Ukraine.
Ces accusations de racisme ont été rejetées, notamment par l’ambassadrice de Pologne au Nigeria, Joanna Tarnawska. « Tout le monde reçoit un traitement égal. Je peux vous assurer que, selon les informations dont je dispose, certains ressortissants nigérians ont déjà franchi la frontière avec la Pologne », a-t-elle déclaré à des médias locaux.
Les autorités ukrainiennes ont également démenti ces informations, en insistant sur le fait qu’il n’y a aucune nationalité favorisée plus qu’une autre pour passer la frontière. Seuls les hommes ukrainiens, âgés de 18 à 60 ans, sont interdits de sortir du pays, puisque mobilisés pour le combat.
Moscou n’a pas tardé à réagir aux accusations de racisme contre les autorités ukrainiennes. Le compte Twitter de l’ambassade de Russie en France a commenté la déclaration de l’Union africaine : « Voyez le vrai visage de l’Occident : un visage raciste et colonial. »
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