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Plusieurs villes françaises boycottent le Mondial du Qatar

Les maires de certaines villes en France avancent l’argument de la sobriété énergétique et le non-respect du Qatar des droits des travailleurs étrangers pour justifier ce boycott
Un piéton à Paris passe devant un graffiti d’une campagne contre la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, à Paris, le 13 septembre 2022 (Joël Saget)
Un piéton à Paris passe devant un graffiti d’une campagne contre la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, à Paris, le 13 septembre 2022 (Joël Saget)

Les villes françaises de Lille, Strasbourg et Rodez ont décidé de ne pas installer d’écran géant pour diffuser les rencontres de la Coupe du monde de football au Qatar (20 novembre - 18 décembre).

« Nous ne diffuserons aucun match sur écran géant », a annoncé samedi la maire socialiste de Lille Martine Aubry dans un tweet, dénonçant un « non-sens au regard des droits humains, de l’environnement et du sport ».

Martine Aubry a précisé que la déclaration avait été adoptée « à l’unanimité » dans la nuit de vendredi à samedi par le conseil municipal, où sa majorité socialiste fait face à l’opposition des groupes écologiste et macroniste.

La ville ne se mettra pas non plus « aux couleurs d’un événement que nous refusons de soutenir », a affirmé l’adjoint au maire, Arnaud Deslandes. 

« J’ai questionné la Métropole qui est sur cette position » également, a précisé Martine Aubry. 

À Rodez, le maire Christian Teyssèdre (proche de La République en marche), interrogé par un élu d’opposition lors d’un conseil municipal tenu vendredi soir, a affirmé qu’« il n’y aura pas d’écrans géants » dans sa ville.

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« Je ne cautionne pas l’organisation de cette compétition dans ce pays. Le football n’est qu’argent et la ville de Rodez ne se mêlera pas à ça », a-t-il ajouté.

La maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, avait pour sa part indiqué lors du dernier conseil municipal lundi qu’« il n’est pas prévu de projections publiques concernant la Coupe du monde ».

« La Ville de Strasbourg ne diffusera pas la Coupe du monde 2022 organisée par le Qatar. Impossible pour nous de ne pas entendre les nombreuses alertes des ONG qui dénoncent les abus et l’exploitation des travailleurs immigrés. Strasbourg, capitale européenne, siège de la Cour européenne des droits de l’homme, ne peut décemment cautionner ces maltraitances », avait-elle argumenté dans une interview accordée à France 3 Alsace.

La Ville de Reims aussi a décidé de n’installer ni fan zone ni écrans géants. Le maire, Arnaud Robinet, a indiqué dans un communiqué qu’« à l’heure où les pouvoirs publics demandent à nos concitoyens comme à nos administrations de réduire leur consommation d’énergies, de telles installations susciteraient une incompréhension légitime ».

« Qui plus est pour l’un des événements les plus controversés de l’histoire du sport. C’est un constat que personne ne peut plus discuter aujourd’hui », poursuit l’élu.

Mais le maire invite néanmoins les habitants de sa ville qui « veulent vivre et fêter l’événement » : « Rendez-vous dans nos restaurants, cafés et bars. Ces moments doivent bénéficier en premier lieu à nos commerces de proximité, qui ont déjà assez souffert de près de deux ans de crise sanitaire. »

« Messages critiques 

Selon BFM, d’autres grandes villes pourraient prendre des décisions similaires. Par exemple à Bordeaux où « le maire est opposé à la retransmission des matchs mais rien n’est encore acté officiellement ».

« Je ne veux pas être accusé de complicité avec une telle manifestation. Cette retransmission contribuerait à banaliser une gabegie énergétique indécente au moment où on appelle nos concitoyens à la sobriété », explique le maire de Bordeaux Pierre Hurmic.

D’après le même média, à Marseille, « on ne parle pas de boycott mais il n’y aura pas d’écran géant avant la finale, et uniquement si l’équipe de France se qualifie ». « La mairie précise que c’est parce qu’il fera trop frais et qu’elle veut laisser la primauté aux restaurants et aux cafés », selon la même source qui précise que « d’autres ville n’ont pas encore tranché la question comme Paris ou Montpellier. À Toulouse, la décision doit être prise d’ici la fin du mois ».

« Je ne veux pas être accusé de complicité avec une telle manifestation »

- Pierre Hurmic, maire de Bordeaux 

Depuis l’attribution de l’édition 2022 de la Coupe du monde de football au Qatar, le petit émirat du Golfe essuie de nombreuses critiques sur les droits des travailleurs migrants, de la communauté LGBTQI+ ou encore l’impact environnemental du tournoi.

À l’approche du Mondial, sponsors et marques ont adopté des positions plus ou moins radicales selon les pays. 

Au Danemark, les maillots d’entraînement de la sélection afficheront des « messages critiques », deux sponsors ayant accepté qu’ils remplacent leur logo. 

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