Qui est Dov Lior, le puissant rabbin qui appelait à tuer les Palestiniens ?
Alors que l’homme politique d’extrême droite Itamar Ben-Gvir devrait devenir le prochain ministre israélien de la Sécurité nationale, son guide spirituel et allié, le rabbin Dov Lior, est sous le feu des projecteurs pour sa potentielle influence « raciste » sur le nouveau gouvernement.
Partisan du nettoyage ethnique des musulmans arabes, Dov Lior est le chef spirituel de l’ensemble de la coalition d’extrême droite Sionisme religieux, composée de trois partis : le Parti sioniste religieux, Force juive et Noam.
L’alliance politique a remporté 14 sièges au Parlement israélien début novembre, soit plus que tout autre parti nationaliste religieux dans l’histoire de l’État, ce qui en fait le deuxième bloc le plus important de la coalition gouvernementale après celle du futur Premier ministre Benyamin Netanyahou. À l’heure actuelle, les partis sont engagés dans des négociations en vue de la formation d’un gouvernement avec le Likoud de Netanyahou et auraient mis la main sur plusieurs institutions publiques clés.
Dov Lior avait exhorté les Israéliens à voter en faveur de la coalition et a pris la parole lors d’une conférence de presse après la publication des résultats du scrutin.
N’hésitant pas à s’exprimer sur les questions politiques, il a avancé à de nombreuses reprises la théorie selon laquelle la « Terre occidentale d’Israël » (c’est-à-dire toute la Palestine historique) n’appartiendrait qu’aux juifs.
Il affirme que la « Terre orientale d’Israël » – c’est-à-dire l’actuel Royaume de Jordanie, qui, selon lui, appartient également aux juifs – est moins sainte et peut faire l’objet de compromis. Se retirer de toute partie de la « Terre occidentale d’Israël » serait un péché, considère le rabbin.
Dov Lior soutient la construction de colonies illégales sur le territoire palestinien et ne reconnaît pas le droit des Palestiniens à posséder des terres.
Après l’assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin en 1995, le nom de Dov Lior a été cité parmi les rabbins qui auraient émis une décision condamnant l’homme politique comme un traître méritant la mort.
Itamar Ben-Gvir, le chef du parti Force juive, a menacé de blesser Yitzhak Rabin lors d’une interview télévisée mais n’a pas été inculpé car il était mineur à l’époque. Par la suite, Dov Lior et Itamar Ben-Gvir ont tissé une amitié durable.
Dov Lior a été le rabbin de la colonie illégale de Kiryat Arba, dans la ville occupée d’Hébron, de 1987 à 2015. L’un de ses disciples, Baruch Goldstein, a abattu 29 Palestiniens dans la mosquée al-Ihrahimi d’Hébron en 1994. Le rabbin l’a par la suite décrit comme un homme « plus saint que tous les martyrs de l’Holocauste ».
En 2011, il a exprimé par écrit son soutien au livre La Torah du roi, un ouvrage raciste et génocidaire des rabbins Yitzhak Shapira et Yosef Elitzur, qui approuve entre autres le meurtre de bébés non juifs avant qu’ils ne deviennent adultes et ne représentent un prétendu risque pour les juifs.
La police israélienne a ouvert une enquête contre le rabbin Dov Lior pour de potentiels actes d’incitation à la haine et émis un mandat d’arrêt à son encontre après son refus de témoigner. Les colons d’extrême droite ont lancé une vague de protestations à grande échelle contre le mandat d’arrêt. Finalement, le rabbin a accepté un entretien de deux heures avec la police et a été libéré sans être inculpé.
En juillet 2014, en pleine invasion israélienne de la bande de Gaza, il a publié un psak halacha (décision religieuse) permettant la destruction de toute la bande de Gaza et dispensant les soldats israéliens de l’obligation de distinguer les combattants du reste de la population.
« Il est acceptable de tuer des civils innocents et de détruire Gaza », a-t-il déclaré.
« Il est acceptable de tuer des civils innocents et de détruire Gaza »
– Dov Lior
Cette décision a suscité l’indignation de la gauche israélienne et des appels à l’ouverture d’une nouvelle enquête contre lui, restés sans suite.
Dov Lior a surenchéri en prenant la parole lors d’une conférence en septembre de la même année : « La gauche veut donner aux Arabes un régime démocratique. Ils savent aussi bien diriger un régime démocratique que je sais diriger un chameau. En Arabie saoudite, un commerçant peut laisser son magasin ouvert car celui qui essaie de voler aura la main coupée. C’est le seul langage qu’ils connaissent », a-t-il déclaré.
Il a ensuite soutenu que la « Terre d’Israël » devait être « débarrassée des Arabes ». La police n’a jamais ouvert d’enquête à la suite de ces propos.
En 2015, il a salué les attentats de Paris perpétrés par l’État islamique, au cours desquels 137 personnes ont trouvé la mort. « Les méchants de cette Europe maculée de sang le méritent pour ce qu’ils ont fait à notre peuple il y a 70 ans », a-t-il lancé.
Dov Lior a appelé les juifs américains à voter pour Donald Trump lors de l’élection présidentielle de 2016. Ce dernier a nommé David Friedman, un ami du rabbin, au poste d’ambassadeur des États-Unis en Israël. David Friedman a donné de l’argent à l’organisation juive israélienne Komemiyut dont Dov Lior était le grand rabbin.
Dov Lior vénère le rabbin Meir Kahane et a pris la parole lors d’une commémoration en son honneur. Ce dernier était le fondateur du mouvement d’extrême droite Kach, qui a été désigné comme une organisation terroriste dans plusieurs pays, y compris en Israël. Lors de la commémoration, Dov Lior s’est exprimé aux côtés du député Itamar Ben-Gvir, qui était lui-même membre de Kach.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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