Qatar 2022 : une deuxième vie commence pour les stades construits pour la Coupe du monde
Le premier stade du Mondial 2022 est entré en hibernation. Le stade Ahmed ben Ali, plus connu sous le nom de stade al-Rayyan, une des huit merveilles de cette Coupe du monde, ferme ses portes, tout comme le très original et éphémère stade 974 adossé à la corniche de Doha.
L’enceinte où le septuple ballon d’or Lionel Messi a inscrit le millième but de sa carrière face à l’Australie en huitièmes de finale, dimanche 4 décembre, ne recevra plus de match durant ce tournoi.
Six matchs de la phase de groupe et un match de huitièmes de finale ont été programmés dans cette enceinte de 45 000 places spécialement rénovée pour la Coupe du monde.
Situé dans la région de Oum Afa’y (à 20 km à l’ouest du centre-ville de Doha), le stade de l’équipe la plus populaire du Qatar, le Rayyan FC, a été spécialement conçu pour le Mondial, sur le lieu même de l’ancien stade de la ville et avec 80 % de matériaux récupérés du précédent édifice.
En forme de bouclier symbolisant la force et l’unité inscrite dans l’ADN de la ville d’al-Rayyan, il arbore une très belle façade extérieure ornementée par des éléments exposant les différents aspects de la culture qatarie (les valeurs familiales, la beauté du désert, la vie végétale et animale, le commerce local et international…).
En plus du stade de football, le complexe dispose de plusieurs installations sportives dont un terrain de cricket, des aires de jeu pour enfants, un court de tennis, une piste d’athlétisme, etc.
Le comité d’organisation de la Coupe du monde a annoncé que le stade abriterait désormais le siège du club sportif al-Rayyan et que sa capacité d’accueil serait réduite de moitié après le démantèlement de l’étage supérieur (sièges) à la fin de la compétition.
Le stade Education City connaîtra lui aussi le même lifting après les quarts de finale.
Dernière samba au 974
Autre stade à fermer ses portes, le 974 – une référence à l’indicatif téléphonique du Qatar et au nombre de conteneurs utilisés pour sa construction –, aussi appelé Ras Abu Aboud Stadium.
Ce stade éphémère de 40 000 places constitue l’une des plus belles réalisations sur la corniche de Doha et l’une des plus grandes prouesses techniques et écologiques de cette Coupe du monde.
Entièrement réalisé avec des conteneurs de bateau, sur une ancienne friche industrielle, dans le golfe de Doha, ce stade sera entièrement démonté après la finale. Une partie sera offerte à des pays africains (à déterminer) et les conteneurs seront réutilisés, selon l’organisation.
— FIFA World Cup (@FIFAWorldCup) December 5, 2022
Avec sa structure modulaire, cette accumulation de boîtes obéissant à un code couleur bien défini (loges, bureaux, sécurité, médias, etc.), dotée comme tous les autres stades de la climatisation, profite aussi de la fraîcheur et des courants d’air marins.
L’enceinte a accueilli le 5 décembre le dernier match de sa courte existence, la rencontre des huitièmes de finale Brésil-Corée du Sud (4-1) à l’occasion d’une dernière samba en bord de mer.
Au lendemain du 18 décembre, le stade 974 fera place à d’autres projets et laissera en héritage une parcelle de terrain en bord de mer entièrement dépolluée.
Des matériaux réutilisés
Deux autres enceintes spécialement construites pour la Coupe du monde devraient aussi connaître une seconde vie ou des modifications.
L’emblématique stade al-Bayt (la maison) dans la ville d’al-Khor (au nord du Qatar), est l’un des symboles de cette Coupe du monde. Son design, ses couleurs et sa torche ont déjà marqué la mémoire collective des fans de football présents ici à Doha ou via les écrans de télévision.
Inspiré des tentes des bédouins du désert, il peut accueillir jusqu’à 60 000 spectateurs. Au coup de sifflet final de la finale du 18 décembre, il restera un des hauts lieux du football et du sport au Qatar.
Tout comme le stade d’al-Rayyan, l’enceinte qui a abrité la cérémonie d’ouverture et la finale de la Coupe arabe FIFA 2021 verra sa capacité réduite et les matériaux réutilisés.
La partie supérieure de la tente sera démantelée pour en faire un stade d’une capacité n’excédant pas les 40 000 places.
Situé à 60 km de Doha, le stade al-Bayt est l’un des plus éloignés de la capitale et constitue un des points d’ancrage du développement de la ville d’al-Khor et ses alentours.
Le stade al-Bayt compte un des espaces VIP et VVIP les plus luxueux, n’ayant rien à envier aux plus grands palaces du monde. L’émir du Qatar y a reçu des invités de marque (monarques, chefs d’État et de gouvernement…) lors de la cérémonie d’ouverture le 20 novembre.
Le stade vibrera une dernière fois durant cette Coupe du monde le 14 décembre pour une des demi-finales du tournoi.
De nuit comme de jour, le Lusail Iconic Stadium brille de 1 000 feux, sa forme et sa couleur or éblouissent au milieu des tours de la nouvelle ville dont il porte le nom, entièrement sortie de terre pour la Coupe du monde.
D’une capacité de 86 00 places, il s’agit du plus grand stade du tournoi. Il fallait bien ça pour accueillir la première grande surprise de cette Coupe du monde, la victoire de l’Arabie saoudite (2-1) face à l’Argentine, lors du premier match du groupe C.
Ainsi, ce stade est devenu le théâtre d’une des plus belles performances arabes de l’histoire de la Coupe du monde, aussi importante que la victoire de l’Algérie face à la RFA au Mundial espagnol de 1982 au stade El Molinón de Gijon.
À cette nuance près, les héros d’El Molinón peuvent encore aujourd’hui fouler sa pelouse et replonger dans cette chaude après-midi de juin 1982.
Les Saoudiens, tout comme les futurs champions du monde de 2022, ne pourront pas fouler une nouvelle fois la pelouse de ce joyau.
Le stade de Lusail devrait être transformé en un lieu à caractère social, économique ou éducatif, annoncent les organisateurs, « un projet en faveur des habitants de la ville de Lusail », confiait un responsable à Middle East Eye.
C’est aussi ça l’héritage promis par le Qatar, un legs qui évitera à l’émirat de connaître, comme bon nombre de pays organisateurs et de grands événements sportifs, le syndrome de l’éléphant blanc, ce phénomène d’abandon des infrastructures une fois les compétitions terminées, encore plus prononcé en Afrique, où l’expression trouve son origine.
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