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Maroc : le Nouvel An amazigh désormais jour férié officiel

Le prochain Nouvel An amazigh, qui correspond au 13 janvier 2024, soit l’an 2974 du calendrier berbère, sera pour la première fois décrété jour férié et payé au Maroc, pays qui rejoint ainsi l’Algérie et la Libye voisines
Lors du festival Edition Twist, le 12 janvier 2015 à Tiznit au Maroc à l’occasion de la célébration du Nouvel An amazigh (AFP/Fadel Senna)
Lors du festival Edition Twist, le 12 janvier 2015 à Tiznit au Maroc, à l’occasion de la célébration du Nouvel An amazigh (AFP/Fadel Senna)

Le roi du Maroc a décidé mercredi d’instituer le Nouvel An amazigh (berbère) comme jour férié officiel payé, selon un communiqué du cabinet royal, une décision longtemps réclamée par les militants de la communauté amazighe, groupe ethnique autochtone d’Afrique du Nord.

Le roi Mohammed VI « a décidé d’instaurer le Jour de l’an amazigh, jour férié national officiel payé », a indiqué le cabinet royal. 

« Cette initiative Royale vient consacrer la Haute sollicitude dont Sa Majesté le Roi, que Dieu Le préserve, ne cesse d’entourer l’Amazighe en tant que composante essentielle de l’identité marocaine authentique riche par la pluralité de ses affluents et patrimoine commun à tous les Marocains sans exception », lit-on dans le communiqué.

Le Nouvel An amazigh (Yennayer) est fêté chaque année à la mi-janvier dans ce pays qui compte le plus de Berbères de tout le Maghreb.

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Le prochain Nouvel An, qui correspond au 13 janvier 2024, soit l’an 2974 du calendrier berbère, sera donc le premier jour de l’an amazigh décrété jour férié et payé au Maroc.

Dans une lettre ouverte adressée au roi Mohamed VI en janvier, 45 ONG marocaines et de la diaspora avaient demandé au roi Mohammed VI de déclarer férié le Nouvel An amazigh.

« En plus de sa forte symbolique, le Nouvel An amazigh consacrera et restaurera la renaissance de l’amazigh conformément à l’esprit et à la philosophie de la Constitution et en harmonie avec les discours de Sa Majesté », peut-on lire dans la lettre signée par le président de l’Assemblée mondiale amazighe, Rachid Raha.

La langue amazighe a été reconnue en 2011 comme langue officielle, au côté de l’arabe, dans la Constitution marocaine, après des décennies de lutte des militants de cette cause. 

Utilisation de la langue amazighe dans l’administration

En 2019, une loi organique pour la généralisation de la langue amazighe a été adoptée. Ce texte définit son emploi dans l’administration, les collectivités territoriales et les services publics, son enseignement dans les écoles et son usage dans la vie culturelle. 

L’une des conséquences les plus notables de cette officialisation a été l’apparition de l’alphabet tifinagh sur les bâtiments publics, en plus de l’arabe et du français.

Depuis 2010, une chaîne de télévision publique marocaine, Tamazight TV, est consacrée à la promotion de la culture amazighe.

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Lors de la célébration du Nouvel An amazigh en janvier dernier, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, avait annoncé l’utilisation de l’amazigh dans l’administration publique.

À la même occasion, la ministre de la Transition numérique, Ghita Mezzour, avait indiqué que « l’un des projets les plus importants est qu’il y a aujourd’hui 460 auxiliaires dans toutes les régions du Royaume qui parlent les trois dialectes [amazighs] », pour faciliter la communication avec les citoyens concernés.

Les militants amazighs critiquent cependant la lenteur du déploiement de cette langue, notamment dans l’enseignement.

Le Nouvel An amazigh est reconnu officiellement comme jour férié par d’autres pays de la région. En Algérie, un décret de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika de 2018 a fait d’Amenzu n Yennayer (le Nouvel An amazigh) une fête officielle chômée et payée.

La Libye a officialisé à son tour le statut de Yennayer l’année suivante pour l’inscrire dans son calendrier des événement nationaux. En Tunisie, les autorités n’ont pas encore donné de statut particulier au Nouvel An berbère.

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