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Le prix Nobel de la paix attribué à la militante iranienne des droits des femmes Narges Mohammadi

Le Comité Nobel déclare que le prix lui a été attribué « pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran et pour sa lutte en faveur des droits humains et la liberté pour tous »
Narges Mohammadi, militante iranienne des droits humains et lauréate du prix Nobel de la paix (AFP)
Par MEE

La militante iranienne des droits humains Narges Mohammadi, actuellement en prison, a remporté le prix Nobel de la paix 2023.

Le Comité Nobel norvégien a déclaré avoir décerné le prix à Narges Mohammadi « pour sa lutte contre l’oppression des femmes en Iran et en faveur des droits humains et de la liberté pour tous ».

Narges Mohammadi est actuellement détenue à la prison d’Evin, en Iran, où elle encourt une peine de douze ans de prison pour son travail en faveur des droits des femmes et son opposition à la peine de mort.

Cette récompense intervient un an après la mort de Mahsa Amini, jeune Iranienne de 22 ans décédée en garde à vue après avoir été arrêtée pour port « inapproprié » du hijab.

Son décès a déclenché un mouvement de protestation anti-establishment dirigé par des femmes que les autorités iraniennes ont eu du mal à maîtriser pendant plusieurs mois.

Berit Reiss-Andersen, présidente du Comité Nobel à Oslo, a commencé son discours en prononçant, en persan, les mots « femmes, vie, liberté » – le slogan du mouvement de protestation lancé après la mort de Mahsa Amini.

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Reiss-Andersen a ajouté que ce prix récompensait les centaines de milliers d’Iraniennes et d’Iraniens qui ont manifesté pour les droits des femmes et contre la répression.

Quelque 500 personnes ont été tuées et des dizaines de milliers arrêtées lors de la répression du mouvement de protestation par les autorités iraniennes.

Lors de l’annonce du jury, Reiss-Andersen a affirmé que « la lutte courageuse [de Narges Mohammadi avait] eu d’énormes coûts personnels. Au total, le régime l’a arrêtée treize fois, l’a reconnue coupable cinq fois et l’a condamnée à un total de 31 ans de prison et 154 coups de fouet. »

En réponse à cette annonce du Comité Nobel, les Nations unies ont appelé l’Iran à libérer Narges Mohammadi, dont la dernière peine de prison a débuté en novembre 2021.

Le mois dernier, l’Iran a adopté une nouvelle loi imposant des sanctions plus sévères aux femmes qui enfreignent le code vestimentaire, notamment de lourdes amendes et l’interdiction de travailler.

La loi sur le « soutien à la culture du hijab et de la chasteté », telle qu’elle a été dénommée, a été adoptée après que de précédentes mesures de répression contre les femmes – notamment l’utilisation de caméras de reconnaissance faciale – n’ont pas réussi à empêcher certaines d’entre elles de se montrer en public sans hijab.

Azadeh Moaveni, une éminente écrivaine iranienne, a déclaré sur X (ex-Twitter) que ce prix était « un autre Nobel politique » et que c’était « le tour d’une femme afghane, après ce qui a été fait à son pays ».

« Mais nous allons le prendre et célébrer la formidable Narges et être reconnaissants qu’il ne soit pas allé à un politicien vendu de la diaspora iranienne », a-t-elle ajouté. « Le long combat pour l’égalité continue. »

Traduit de l’anglais (original).

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