Israël demande à l’ONU et aux Palestiniens d’évacuer le nord de Gaza dans les 24 heures
Israël a demandé aux Nations unies d’évacuer son personnel et d’informer les plus d’un million de Palestiniens vivant au nord de Wadi Gaza qu’ils devraient évacuer vers la partie sud de la bande côtière dans les prochaines 24 heures.
L’avertissement a été donné peu avant minuit, heure locale, selon Axios.
L’armée israélienne a affirmé qu’elle « continuerait à opérer de manière significative » dans la ville, qu’elle a qualifiée de « zone où se déroulent des opérations militaires », selon un article de Reuters.
L’armée a également averti les Palestiniens de Gaza de ne pas s’approcher d’une zone à proximité d’une barrière avec Israël, affirmant que les habitants ne pourraient revenir qu’après l’annonce de l’autorisation.
Les bombardements israéliens ont continué après cet ordre d’évacuation.
Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a dit aux habitants que les avertissements israéliens étaient de la fausse propagande et les a exhortés à ne pas y répondre.
Après l’avertissement, l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, a transféré son centre d’opérations au sud de Gaza.
« Nous exhortons les autorités israéliennes à protéger tous les civils dans les abris de l’UNRWA, y compris les écoles », a déclaré l’agence onusienne sur X.
Traduction : « L’UNRWA a transféré son centre d’opérations central + son personnel international vers le sud pour poursuivre ses opérations humanitaires et son soutien à son personnel et aux réfugiés palestiniens à Gaza. Nous exhortons les autorités israéliennes à protéger tous les civils dans les abris de l’UNRWA, y compris les écoles. »
« Les Nations unies considèrent qu’il est impossible qu’un tel déplacement [de population] ait lieu sans conséquences humanitaires dévastatrices », avait précédemment déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, dans un communiqué, appelant Israël à revenir sur son ordre.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a pour sa part déclaré qu’obliger les personnes gravement malades à Gaza, y compris celles sous assistance respiratoire, à partir équivalait à une « condamnation à mort ».
Et l’une des organisations humanitaires les plus respectées au monde, le Conseil norvégien pour les réfugiés, a déclaré que l’ordre d’évacuer donné par Israël « sans aucune garantie de sécurité ou de retour » équivalait à un crime de guerre.
Le Conseil norvégien pour les réfugiés a réitéré que la punition collective infligée aux civils de Gaza par Israël était illégale au regard du droit international. Il a déclaré dans un communiqué : « La perte de vies civiles causée par un recours délibéré ou aveugle à la force est un crime de guerre dont les auteurs devront répondre.
« Nous craignons qu’Israël puisse prétendre que les Palestiniens qui n’ont pas pu fuir le nord de Gaza puissent être considérés à tort comme participant directement aux hostilités et ciblés. »
Il a en outre appelé les alliés d’Israël en Occident et au Moyen-Orient à freiner ses actions.
« Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union européenne et les autres pays occidentaux et arabes qui ont une influence sur les dirigeants politiques et militaires israéliens doivent exiger que l’ordre illégal et impossible de relocalisation soit immédiatement annulé. »
L’utilisation du phosphore blanc par Israël confirmée
En réponse à l’attaque surprise du Hamas ce week-end, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a annoncé que la réponse d’Israël « changerait le Moyen-Orient ».
Les Palestiniens de Gaza craignent de plus en plus que ce changement ne prenne la forme d’une répétition de la Nakba – le déplacement massif de Palestiniens lors de la création d’Israël en 1948 – si des milliers de personnes fuient l’enclave assiégée et traversent la frontière égyptienne.
Le Hamas a lancé samedi une attaque surprise sur plusieurs fronts contre des communautés israéliennes, tirant des milliers de roquettes et envoyant des combattants en Israël par voie terrestre, aérienne et maritime. Plus de 1 300 Israéliens ont été tués et environ 130 personnes ramenées en captivité à Gaza.
Les forces israéliennes ont répondu cette semaine en déployant un barrage de frappes aériennes sur la bande de Gaza, tuant plus de 1 500 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants.
L’armée de l’air israélienne a indiqué avoir largué 6 000 bombes sur Gaza.
Marc Garlasco, conseiller militaire de l’organisation néerlandaise PAX for Peace et ancien enquêteur des Nations unies sur les crimes de guerre en Libye, a déclaré au Washington Post qu’Israël avait largué en moins d’une semaine ce que les États-Unis avaient largué en Afghanistan en un an, dans une zone beaucoup plus petite et beaucoup plus densément peuplée, où les erreurs seront amplifiées.
Human Rights Watch a par ailleurs confirmé qu’Israël avait utilisé du phosphore blanc dans la bande de Gaza, ainsi qu’au Liban, ce que l’organisation de défense des droits de l’homme a indiqué être « illégal ».
En Cisjordanie occupée, où des civils et soldats israéliens ont attaqué diverses villes et villages, faisant plusieurs morts, une Palestinienne a été abattue ce jeudi par des colons, selon sa famille qui s’est entretenue avec Middle East Eye.
Le Hamas a déclaré qu’il ne libérerait aucun prisonnier israélien tant que les attaques contre Gaza se poursuivraient.
L’Égypte appelle les Palestiniens à « rester sur leurs terres »
Les discussions se sont intensifiées sur l’ouverture d’un couloir humanitaire entre l’Égypte et Gaza, pour permettre aux civils d’échapper aux bombardements incessants d’Israël.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a toutefois appelé les Palestiniens de Gaza à « rester sur leurs terres » et à ne pas fuir vers le sud, vers le nord du Sinaï.
Des appels répétés ont été lancés pour que l’Égypte autorise le passage des Palestiniens hors de l’enclave assiégée à la suite des bombardements israéliens.
Cependant, s’exprimant lors d’une cérémonie militaire jeudi, Sissi a déclaré que même si son gouvernement maintenait une « position ferme » consistant à garantir les « droits légitimes » des Palestiniens, les habitants de Gaza devaient « rester fermes et rester sur leurs terres ».
Il a ajouté que l’Égypte accueillait déjà « neuf millions d’invités, comme je les appelle, venus de nombreux pays qui sont venus en Égypte pour des raisons de sécurité ».
Néanmoins, il a déclaré que l’afflux de personnes en provenance de Gaza serait « différent » car il signifierait « l’élimination de la cause [palestinienne] ».
L’Iran prévient qu’un nouveau front pourrait s’ouvrir
Le ministre iranien des Affaires étrangères a déclaré que la poursuite des crimes contre les Palestiniens recevrait une réponse du « reste de l’axe » et pourrait ouvrir un nouveau front contre Israël.
L’axe de la résistance fait référence à une alliance entre l’Iran, des factions palestiniennes, la Syrie, le Hezbollah libanais et d’autres groupes armés comme les Houthis au Yémen.
« Certains responsables occidentaux se demandent s’il existe une intention d’ouvrir un nouveau front contre l’entité sioniste », a déclaré Hossein Amirabdollahian, s’exprimant par l’intermédiaire d’un interprète, à la télévision à son arrivée à Beyrouth.
« La poursuite des crimes de guerre contre la Palestine et Gaza recevra une réponse de la part du reste de l’axe », a assuré Amirabdollahian.
Traduit de l’anglais (original).
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