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Israël « en négociation avec des États africains » pour accueillir les Palestiniens chassés de Gaza

Un article publié par un média israélien indique que plusieurs pays africains pourraient être disposés à accueillir les victimes du nettoyage ethnique de Gaza
Camps pour les Palestiniens déplacés à Rafah, près de la frontière avec l’Égypte, le 31 décembre (AFP)
Camps pour les Palestiniens déplacés à Rafah, près de la frontière avec l’Égypte, le 31 décembre (AFP)

Des responsables israéliens mènent des pourparlers secrets avec plusieurs pays africains pour accueillir les Palestiniens de Gaza, a rapporté mercredi le quotidien israélien Zman Yisrael.

La politique visant à expulser tous les Palestiniens de Gaza « devient peu à peu la politique principale et officielle du gouvernement et de la coalition », indique l’article.

Dans un entretien accordé à Zman Yisrael mardi 2 janvier, la ministre israélienne du Renseignement, Gila Gamaliel, a déclaré : « [L’émigration] volontaire est le meilleur plan et le plus réaliste [à adopter] au lendemain des combats ».

Selon l’article de Zman Yisrael, le « Congo » semble disposé à accueillir des milliers de réfugiés palestiniens, mais il n’est pas précisé s’il s’agit de la République démocratique du Congo ou de la République du Congo.

L’Arabie saoudite, une option

Le gouvernement israélien s’efforce d’affirmer que les Palestiniens ne font pas l’objet d’un nettoyage ethnique de Gaza, mais qu’il s’agit plutôt d’une « politique d’immigration volontaire ».

Cette distinction a fait l’objet d’un examen minutieux compte tenu du fait que des dirigeants politiques israéliens ont explicitement fait part de leur intention de rendre Gaza invivable pour ses habitants et de remplacer la population par des colons israéliens.

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Une autre option envisagée par le cabinet israélien mardi est de négocier avec l’Arabie saoudite pour accueillir potentiellement des milliers de Palestiniens, ajoute le rapport.

Il est peu probable que l’Arabie saoudite veuille être vue publiquement en train d’aider Israël à procéder à un nettoyage ethnique de la bande de Gaza.

Ce récent plan israélien fait également écho à un plan britannique antérieur appelé « projet Ouganda », qui visait en 1903 à offrir aux juifs d’Europe un État à part entière dans une partie de l’actuel Kenya.

La proposition, qui a finalement été rejetée, était une réponse aux pogroms dans l’empire russe, avec l’espoir que la région devienne un refuge contre les persécutions pour le peuple juif.

Des voix en Israël s’élèvent de plus en plus ouvertement pour évoquer les plans visant à expulser les Palestiniens de Gaza après près de trois mois de bombardements sur le territoire palestinien assiégé.

En novembre, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a soutenu un plan de « migration volontaire » des Palestiniens.

Tout comme Smotrich, le ministre de la Sécurité nationale, d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, a déclaré lundi qu’il devrait y avoir une « migration des résidents de Gaza » en dehors de l’enclave assiégée.

Des campements dans le Sinaï

Mardi, le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a pris la décision inhabituelle de critiquer directement les propos des deux ministres.

« Les États-Unis rejettent les récentes déclarations des ministres israéliens Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir qui prônent la relocalisation des Palestiniens en dehors de la bande de Gaza. Cette rhétorique est incendiaire et irresponsable », a-t-il déclaré dans un communiqué.

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En octobre, un document du ministère israélien du Renseignement a été divulgué au site d’information israélien Calcalist, détaillant les plans présumés de transfert forcé des Palestiniens de Gaza vers la péninsule du Sinaï.

Selon ce projet, après leur expulsion, les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza seraient d’abord logés dans des campements, avant que des quartiers permanents ne soient construits dans le nord de la péninsule.

Le Caire a rejeté à plusieurs reprises l’idée que les Palestiniens puissent être déplacés temporairement en Égypte dans le cadre de l’opération militaire menée par Israël contre le Hamas à Gaza.

Israël aurait même proposé d’annuler une grande partie de la dette internationale de l’Égypte via la Banque mondiale afin d’inciter le dirigeant du pays, Abdel Fattah al-Sissi, en proie à des difficultés financières, à ouvrir ses portes aux Palestiniens déplacés.

La guerre a éclaté en Israël et à Gaza le 7 octobre, à la suite d’une attaque lancée par le Hamas et des groupes armés palestiniens contre Israël, qui a fait 1 140 morts parmi les Israéliens et autres ressortissants, selon le bilan établi par le gouvernement.

Pour sa part, Israël a fait plus de 22 000 morts parmi les Palestiniens dans sa campagne de bombardements aériens et d’assauts terrestres. La majorité des victimes sont des femmes et des enfants, d’après le ministère palestinien de la Santé.

Fin décembre, l’Afrique du Sud a saisi la Cour internationale de justice (CIJ) accusant Israël de génocide à l’encontre des Palestiniens.

Traduit de l’anglais (original) par Imène Guiza.

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