Guerre à Gaza : crainte de vol d’antiquités après des images montrant des soldats israéliens dans un entrepôt d’objets d’art
La semaine dernière, le chef de l’Autorité israélienne des antiquités a déclaré, dans une série de photos et de vidéos, que l’armée israélienne avait volé des objets d’art à Gaza et les avait exposés à la Knesset, le Parlement israélien, avant de revenir sur ses propos.
Le 21 janvier, Eli Askozido, directeur de l’Autorité israélienne des antiquités, a partagé une série de publications sur son compte Instagram, affirmant que son adjoint s’était rendu à Gaza pour inspecter des antiquités, qui auraient été exposées à la Knesset.
On peut lire dans l’une des légendes accompagnant une photo des objets pillés : « Une petite vitrine a été placée à la Knesset ».
Sur une autre vidéo, il explique dans la légende que l’armée israélienne a contacté l’autorité pour examiner un entrepôt rempli d’antiquités à Gaza.
La vidéo montre un entrepôt rempli de vases, certains sur des étagères et d’autres à même le sol, tandis que des soldats déambulent dans les lieux. Certains des objets sont endommagés et présentent des fissures visibles.
D’après les médias israéliens, dans l’une des vidéos, on peut entendre un militaire israélien appeler un autre soldat et lui dire : « As-tu vu les bracelets ? Viens voir les bracelets. »
Certaines des photos publiées montrent des soldats israéliens en train de manipuler des tablettes sur lesquelles sont gravées des inscriptions.
Eli Askozido a ensuite supprimé la publication et fait une déclaration en hébreu lundi, affirmant que les objets avaient seulement été « examinés et laissés intacts sur le site ».
« L’Autorité israélienne des antiquités a été contactée par l’armée israélienne pour inspecter un entrepôt à Gaza contenant des objets anciens, ou qui semblent l’être. Un examen préliminaire a été mené par un archéologue et un rapport écrit sera soumis à l’armée israélienne ultérieurement », peut-on lire dans le message publié sur sa story Instagram.
« Les objets ont été laissés à leur place. Pour éviter tout soupçon, l’Autorité des antiquités a demandé à l’armée israélienne de laisser les objets archéologiques à leur place. »
La publication a été vivement critiquée par un militant pro-Palestine, Khaled Yousry, qui a fustigé le directeur et qualifié cette affaire de « crime de guerre ».
Dans une publication Instagram, Khaled Yousry a écrit : « Le vol d’antiquités est considéré comme un crime de guerre au regard du droit international. Le commerce illicite de biens culturels, y compris d’antiquités, est un crime en vertu de la convention de l’UNESCO de 1970 sur les mesures à prendre pour empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété de biens culturels. »
Selon un rapport des médias israéliens, au début de la guerre, un responsable du département d’archéologie de l’Administration civile de Judée et de Samarie (nom donné par Israël à la Cisjordanie occupée) a publié un document intitulé « Assaulting and Guarding » (« agression et protection » ), dans lequel les soldats de l’armée israélienne sont appelés à signaler au Sous-comité d’archéologie toute découverte faite au cours des combats à Gaza.
Pillage
Début janvier, le bureau des médias du gouvernement de Gaza a déclaré que l’armée israélienne avait, depuis le 7 octobre, pillé des fonds, de l’or et des objets anciens d’une valeur d’environ 25 millions de dollars.
Le bureau a affirmé détenir des « dizaines de témoignages » apportés par des habitants de la bande de Gaza au sujet de ces vols.
« Ces vols ont été effectués de différentes manières, la première étant aux check-points, notamment dans la rue Salah al-Din, où ils ont volé aux déplacés, qui avaient quitté le nord de la bande de Gaza pour se rendre dans le sud, leurs sacs contenant leurs biens de valeur tels que leur argent, de l’or et des objets d’art », est-il précisé dans un communiqué.
Un autre exemple est celui du pillage de maisons de Palestiniens par des soldats israéliens après les avoir forcés à fuir. Certains de ces pillages ont été documentés par des soldats israéliens eux-mêmes.
Destruction du patrimoine religieux et culturel
Pas moins de 195 sites patrimoniaux de Gaza, dont un ancien port et des monastères chrétiens, ont été détruits ou endommagés depuis le début de la guerre à Gaza, le 7 octobre.
Parmi les autres sites détruits figurent la principale bibliothèque publique de Gaza et l’historique Hammam al-Sammara (les bains des Samaritains). Ce dernier était considéré comme le seul hammam en activité, également appelé bain public, restant à Gaza. Situé dans le quartier de Zaytoun, le hammam arborait une architecture ottomane et était vieux de plus de 1 000 ans.
Deux musées à Gaza, le musée de Rafah et le musée al-Qarara, ont également été réduits en poussière, selon le Conseil international des musées arabes. Le premier abritait une collection de pièces de monnaie, de plaques de cuivre et de bijoux anciens, tandis que le musée al-Qarara, fondé en 2016, présentait une collection de 3 000 artéfacts datant de l’époque cananéenne.
Environ 1 000 mosquées des 1 200 que compte la bande de Gaza ont également été partiellement endommagées ou complétement détruites, parmi lesquelles la mosquée Othman Bin Qashqar, située dans le quartier de Zeitoun à Gaza, qui a été construite en 1220 à l’endroit où l’arrière-grand-père du prophète Mohammed aurait été enterré.
Traduit (partiellement) de l’anglais (original) par Imène Guiza.
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