La Cour internationale de Justice ordonne à Israël de faciliter l’entrée de l’aide alimentaire à Gaza
La Cour internationale de Justice (CIJ) a annoncé ce jeudi des mesures provisoires supplémentaires, ordonnant à l’unanimité à Israël de « garantir, sans délai » la fourniture de l’aide humanitaire à Gaza, notamment des produits essentiels tels que la nourriture, l’eau et l’électricité.
Israël doit « veiller sans délai » à ce que soit assurée « sans restriction et à grande échelle, la fourniture par toutes les parties intéressées des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence », a déclaré le tribunal international basé à La Haye.
La décision va à l’encontre de l’affirmation d’Israël selon laquelle il ne bloque pas les livraisons d’aide à Gaza et lui ordonne de le faire en augmentant le nombre de points de passage terrestres vers la bande côtière et en les gardant ouverts « aussi longtemps que nécessaire ».
Dans son communiqué du 28 mars, le tribunal écrit que depuis le 26 janvier, date de sa première ordonnance concernant l’actuelle guerre à Gaza, « les conditions de vie catastrophiques des Palestiniens dans la bande de Gaza se sont encore détériorées, en particulier en raison de la privation prolongée et généralisée de nourriture et d’autres produits de première nécessité auxquels sont soumis les Palestiniens dans la bande de Gaza ».
Le communiqué indique que les Palestiniens de Gaza ne sont plus seulement confrontés à un risque de famine, « mais que la famine s’installe ».
Fin janvier, le tribunal avait émis des mesures provisoires qui impliquent qu’Israël prenne toutes les mesures nécessaires pour fournir une aide humanitaire essentielle à Gaza et veille, « avec effet immédiat, à ce que son armée ne commette pas d’actes constituant une violation de l’un quelconque des droits des Palestiniens de Gaza en tant que groupe protégé en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, y compris en empêchant, d’une quelconque façon, la livraison d’aide humanitaire requise de toute urgence ».
Le tribunal demandait en outre à Israël de soumettre un rapport sur toutes les mesures prises pour donner effet à cette ordonnance, dans un délai d’un mois à compter de la date de son émission.
« Une famine provoquée par l’homme »
La décision de ce jeudi intervient deux semaines seulement après que l’Afrique du Sud a demandé à la CIJ d’émettre des mesures provisoires supplémentaires contre Israël à la lumière d’informations faisant état d’une famine généralisée dans la bande assiégée.
Dans un document daté du 6 mars, l’Afrique du Sud demande au tribunal mondial d’indiquer de nouvelles mesures provisoires et/ou de modifier ses mesures provisoires en vue d’« assurer la sûreté et la sécurité de 2,3 millions de Palestiniens à Gaza, dont plus d’un million d’enfants ».
« Les Palestiniens de Gaza ne courent plus ‘’un risque immédiat de mourir de faim’’. Au moins quinze enfants palestiniens – y compris des bébés – à Gaza sont déjà morts de faim au cours de la seule semaine dernière, et les chiffres réels seraient bien plus élevés », a argumenté l’Afrique du Sud.
Le pays a ajouté que des enfants palestiniens mouraient de faim en conséquence directe des « actes et omissions délibérés d’Israël – en violation de la convention sur le génocide et l’ordonnance de la Cour ».
« Cela inclut les tentatives délibérées d’Israël de paralyser l’Office de secours et de travaux des Nations unies (‘’UNRWA’’), dont dépend pour sa survie la grande majorité des hommes, femmes, enfants et nourrissons palestiniens assiégés, déplacés et affamés. »
La semaine dernière, une coalition d’organisations humanitaires a averti que la famine – que l’UNRWA a décrit comme étant « provoquée par l’homme » – était imminente à Gaza.
Le dernier rapport en date sur la sécurité alimentaire élaboré par une initiative soutenue par l’ONU révèle que l’ensemble de la population de Gaza, estimée à environ 2,3 millions d’habitants, souffre d’une insécurité alimentaire « aiguë », tandis que la moitié souffre d’un niveau d’insécurité alimentaire plus élevé, qualifié de « catastrophique ».
L’Integrated Food Security Phase Classification (IPC), une initiative multipartite, conclut que le niveau de faim à Gaza représente « la proportion la plus élevée de personnes confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë que l’initiative IPC ait jamais classifiée pour une région ou un pays donné ».
L’ONU et d’autres agences humanitaires ont averti que Gaza était au bord de la famine parce qu’Israël empêche l’entrée de l’aide vitale par les points de passage terrestres de l’enclave.
Traduit de l’anglais (original).
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